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La série des dix « hasards » de la crise du Covid-19 alliée à l’effondrement capitaliste, cela fait-il une preuve ?

7 avril 2020, 07:39, par Florent

Rappelons aussi ce fait troublant de l’origine du Covid 19. On parle de chauve-souris, de chien ou de pangolin mais on oublie tout de même qu’à Wuhan existe un laboratoire P4. « La classification P4 d’un laboratoire signifie « pathogène de classe 4 » et le rend susceptible d’abriter des micro-organismes très pathogènes. Dans le monde, les laboratoires de ce type sont également nommés « BSL 4 », de l’anglais : biosafety level 4. Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d’infection), l’absence de vaccin protecteur, l’absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4) » (source Wikipédia). Pourquoi ne pas parler de l’hypothèse d’une erreur de manipulation ? Pourquoi ne pas parler de l’implication de la France dans ce laboratoire ?

Après l’épidémie de SRAS, en 2003, la France avait livré à la Chine un laboratoire très décrié de haute sécurité biologique. A l’heure où la Chine est frappée par un nouveau coronavirus, Antoine Izambard, à l’origine d’une enquête sur les relations entre les deux pays, revient sur ce projet sensible face à un défi sanitaire majeur.

Voilà maintenant plusieurs semaines que l’épidémie de coronavirus 2019-nCoV agite la planète. Une situation, qui n’est pas sans rappeler la propagation du syndrome respiratoire aigu sévère, plus communément nommé SRAS en 2003. Cette épidémie, qui avait fait plus de 800 morts, avait mis en alerte Pékin. Les autorités chinoises avaient demandé l’aide de la France —reconnue experte en la matière– dans la construction d’un laboratoire de haute sécurité biologique, appelé P4 et destiné à maîtriser et lutter contre une série de virus mortels tels qu’Ebola ou le virus H5N1.

Antoine Izambard, journaliste au magazine Challenges, a suivi les péripéties qui ont accompagné la concrétisation de ce projet stratégique jugé sensible. A travers son livre intitulé "France-Chine, Les liaisons dangereuses", le journaliste spécialiste des questions internationales met en lumière les enjeux, les craintes et les freins qui ont entouré la réalisation de ce laboratoire de pointe, dans un contexte sanitaire alarmant. Entretien.

Marianne : En pleine épidémie de SRAS, la Chine demande en 2003 l’aide de la France pour la construction d’un laboratoire de haute sécurité biologique afin de maîtriser et lutter contre les virus mortels. Comment la France s’est-elle retrouvée à coopérer avec la Chine face à ce défi sanitaire majeur ?

Antoine Izambard : Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a eu tout un scandale autour de cette épidémie à l’époque. La communauté internationale et même les Chinois ont accusé leur gouvernement d’avoir mis du temps à réagir face à ce problème et leur ont reproché un manque d’efficacité. Et pour cause : la Chine avait caché pendant plusieurs semaines l’existence du SRAS. L’OMS avait même accusé Pékin de ne pas avoir joué son rôle dans cette crise. La pression tant internationale qu’à l’intérieur du pays a été tellement importante qu’une conclusion a été unanimement tirée : la Chine devait se doter de moyens pour être plus efficace dans la détection et le traitement des virus mortels. Seuls quelques pays dans le monde dont les Etats-Unis –qui avait refusé l’aide demandée par la Chine– disposaient de laboratoires de haute sécurité biologique capables de traiter des virus tels qu’Ebola ou le virus H5N1, appelés P4. La France en faisait également partie. À l’époque, le président Chirac et son premier ministre Raffarin avaient de très bonnes relations avec la Chine, et étaient donc disposés à discuter avec elle pour l’aider à acquérir cette technologie. Un accord a été signé en 2004, incluant en plus de ce fameux P4 une coopération scientifique entre les deux pays, une formation des chercheurs chinois et un accroissement de la sécurité biologique.

"Nous ne savons pas véritablement ce que les Chinois ont fait de ce laboratoire une fois livré en 2017."

Vous parlez dans votre livre au sujet de ce projet faramineux, d’une "entreprise légitime mais explosive"… La France a-t-elle bien fait de se lancer dans un tel projet avec la Chine malgré les craintes de détournement de ce laboratoire à des fins militaires soulevées par les services de renseignement français ?

En tout cas, cela aurait été difficile de refuser. On parlait à l’époque d’une épidémie mondiale, de 800 morts, de milliers de personnes atteintes… Je pense qu’au final la France a fait ce qu’il fallait. Le ministère de la Défense a pris énormément de précautions avec cet accord en imposant des conditions draconiennes à la Chine : en insistant sur une coopération, sur une formation des chercheurs chinois par des chercheurs français. Le contrôle était là, c’est certain. Le problème se posant avec la Chine est que tout est piloté par le parti unique. Ce qui inquiétait nos services de renseignement était antérieur à la structure financée par la France : ils ont fini par découvrir que la Chine avait caché aux Français l’existence de laboratoires P4 et P3 déjà existants ou en construction (laboratoires traitants des agents pathogènes moins dangereux que ceux des P4, ndlr). Les laboratoires (trois civils et un militaire) étaient tous contrôlés par l’armée chinoise. Cela était en totale contradiction avec la parole de Pékin, qui affirmait ne vouloir qu’un seul laboratoire et n’en posséder aucun autre. Malgré un cadrage important de l’administration française autour de ce projet, il est quand même clair qu’au final la créature nous a un peu échappé.

Malgré les précautions prises par les autorités françaises et les engagements déroulés par Pékin depuis, des soupçons d’éventuelles dérives pour fabriquer des armes bactériologiques persistent toujours…

C’est effectivement une inquiétude qu’ont encore les services de renseignement français. Comme dans beaucoup d’autres secteurs en Chine, un flou réside sur les intentions des autorités. Nous ne savons pas véritablement ce qu’ils ont fait de ce laboratoire une fois livré en 2017. Malgré cela, j’ai eu l’occasion de le visiter et je peux dire qu’il y a moins de soupçons que dans les années 2000, où la Chine était encore plus opaque qu’aujourd’hui. Après avoir dit ça, les inquiétudes persistent quand même. J’évoque dans mon livre un exemple qui en témoigne : en 2005, des chercheurs pakistanais qui s’étaient rendu dans ce laboratoire, travaillaient sur des armes bactériologiques au Pakistan. La France s’était donc légitimement interrogée sur la bonne foi de la Chine. Aujourd’hui, l’Académie des sciences chinoise affirme qu’ils souhaitent combattre les épidémies mondiales. Mais à côté de ça, nous avons découvert qu’ils invitent des chercheurs développant un programme offensif - une arme bactériologique - dans leur pays. C’est assez inquiétant. Une des craintes qui persistent toujours également, c’est l’exportation de cette technologie par la Chine aux pays riverains. Là aussi il peut y avoir une interrogation sur les intentions des pays qui se verraient livrer ce type de laboratoires.

"Il est clair que côté français, il y a toujours un sentiment de gâchis qui prédomine quant à ce P4 et à son utilisation"

Plus de deux ans après sa mise en service, quel bilan peut-on faire de ce laboratoire basé à Wuhan ? Quelle est la nature de son utilisation actuelle ? La France joue-t-elle encore un rôle dans son fonctionnement ?

Nous avons encore un Français qui achève sa mission cette année. Il s’agit de René Courcol, microbiologiste passé par le CHU de Lille. Des formations entre chercheurs chinois et français ont lieu régulièrement, des Chinois se sont même rendus à l’institut Mérieux à Lyon. Je sais également que dans ce laboratoire, des recherches sur les animaux se font. Le P4 a été par ailleurs accrédité par les autorités chinoises pour effectuer des recherches sur les virus Ebola, la fièvre hémorragique de Congo-Crimée (CCHF) et le Nipah (NiV) mais toujours pas pour le SRAS ou les coronavirus. La prise au sérieux de ce laboratoire interviendra quand l’OMS le considérera comme un laboratoire partenaire, ce qui n’est toujours pas le cas. Dix-huit ans après le SRAS, le laboratoire français qui devait permettre de l’éradiquer n’est toujours pas pleinement opérationnel, et encore moins pour traiter le coronavirus actuel. Il est clair que côté français, il y a toujours un sentiment de gâchis qui prédomine quant à ce P4 et à son utilisation. Pourtant, côté chinois, on reste très ambitieux. Juste à côté de ce P4, un bâtiment toujours en construction doit accueillir 250 chercheurs qui vont eux, travailler pour l’institut de virologie de Wuhan. Cet endroit va donc devenir un grand pôle de recherche et d’investigation contre les virus mortels en Chine. C’est vraiment un lieu stratégique. Mais il y a encore du retard dans le parachèvement de ce site, les Chinois ont perdu beaucoup de temps.

A travers votre livre, on perçoit que cette coopération sensible a évolué au gré des affinités politiques et de la qualité des relations diplomatiques. Vous évoquez les années chaotiques sous Sarkozy… Qu’en est-il depuis François Hollande et maintenant Emmanuel Macron ?

Il est clair qu’au départ, sous Chirac, les relations étaient bonnes. Sous la mandature de Nicolas Sarkozy, la crise au Tibet en 2008 est venue détériorer les relations entre les deux pays. François Hollande a tout de même souhaité jouer la carte de l’attractivité, de rapprocher la France de la Chine. Il a eu un discours beaucoup plus conciliant, beaucoup plus ouvert. Emmanuel Macron, quant à lui, est beaucoup moins naïf à l’égard de la Chine. Il est au contraire, dans la même dynamique que la Commission européenne qui avait déclaré l’an dernier que la Chine était un rival systémique. Je pense qu’il a conscience que ce type de partenariats sensibles, telle qu’une coopération sur le traitement des virus mortels, demandent un certain nombre de précautions à prendre. On le voit encore aujourd’hui avec la 5G et Huawei.
Le dernier coronavirus 2019-nCoV a également trouvé naissance en Chine. Qu’est-ce qui a changé dans la méthode chinoise pour appréhender l’épidémie ? Dans quelle mesure la France peut-elle encore jouer un rôle pour lutter efficacement contre ce virus ?

Contrairement à l’épidémie du SRAS en 2003, les autorités chinoises ont été cette fois-ci beaucoup plus transparentes en communiquant très vite les informations en leur possession sur ce coronavirus à l’OMS. Une transparence qui a permis aux chercheurs du monde entier de pouvoir travailler de leur côté et de faire des recherches. La France peut elle aussi en faire sereinement de son côté, mais il n’y a pas de nécessité d’envoyer une équipe française sur place. Si nous restons en pointe sur la sécurité biologique —on l’a encore vu avec le virus Ebola–, la Chine aussi est montée en gamme depuis. Aujourd’hui, ce qui compte c’est de pouvoir analyser, comprendre ce virus et effectuer un certain nombre de tests. Et justement grâce à cette transparence de Pékin, et malgré les pressions effectuées sur l’OMS pour qu’elle n’élève pas son niveau d’alerte international, les recherches peuvent s’effectuer sereinement. Les Chinois n’ont sans doute plus besoin de la France à l’heure actuelle.

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