Accueil > ... > Forum 2094

Révolte au Mali contre Moussa Traore

5 octobre 2009, 21:48

L’AEEM et la révolte

26 Mars : " Tempête sur Bamako "

Écrit par Toure Sambi

L’avènement du 26 Mars au Mali a été l’œuvre d’une conjugaison de forces militaire et civile qui étaient engagées dans une guerre sans merci contre le régime de l’UDPM du général Moussa Traoré dont le pouvoir a été précisément reversé au soir du 26 Mars 1991.

L’EDIFICE ET LA DERNIERE PIERRE

Dans le feu de l’action, au lendemain même de la chute du régime de l’UDPM, au nom du Comité de Réconciliation Nationale – la composante militaire du Mouvement démocratique -, le général Amadou Toumani Touré, à l’époque lieutenant colonel, reconnaissait publiquement le rôle primordial qui a été celui des syndicats et des associations à caractère politique : les militaires n’ont fait qu’apporter la dernière pierre pour parachever un édifice dont la construction était presque terminée.

Or dans cet hommage appuyé au monde civil, l’Association des Elèves et Etudiants du Mali- AEEM- était logée à la première enseigne d’autant plus qu’elle était la principale force de frappe du Mouvement démocratique au point de s’arroger le sobriquet flatteur d ’" Armée Rouge " du 26 Mars. La mobilisation des troupes et les actions de déstabilisation de l’AEEM étant sans commune mesure avec celles des associations à caractère politique qui, sans démériter pour autant, étaient quelque peu positionnées à l’arrière-plan de la ligne de front comme en attestent les derniers développement marqués par une accélération du cours des événements à partir du 19 mars.

Car, le Bureau de coordination et le Comité directeur avait décidé, dans une écrasante majorité, d’opter pour la solution radicale et violente baptisée " Tempête sur Bamako " jusqu’à la chute du régime le 26 mars, soit sept (7) jours de manifestations sans répit sous la forme de marches avec barricades auxquelles répondaient les forces de sécurité avec la manière la plus forte qui s’est soldée par des morts en certains endroits sensibles.

LE CONTENTIEUX CABRAL

D’ailleurs, il ne pouvait pas en être autrement : l’AEEM avait un contentieux à régler avec le régime du CMLN-UDPM auquel il n’a jamais été pardonné l’assassinat du charismatique leader de l’UNEEM, Abdoul Karim Camara dit Cabral, mort en détention en 1980 après avoir été atrocement torturé. L’occasion était donc rêvée pour les élèves et étudiants de solder leur compte avec Moussa Traoré qu’ils accusaient d’être le premier et principal responsable de la mort de leur aîné et illustre devancier dans la lutte syndicale pour l’amélioration des conditions de vie et d’études dans le milieu scolaire et universitaire.
Cette cause " Cabral " a même été le premier motif de jonction publique entre l’AEEM et les syndicats et associations politiques : cinq (5) journées, du mercredi 13 au dimanche 17 mars, ont été consacrées aux martyrs de la lutte syndicale et politique et dont le point d’orgue a été justement l’anniversaire de la mort de Cabral le 17 mars 1980 qui a été commémorée par une " Marche funèbre " ayant réuni les acteurs politiques et les élèves et étudiants dans un " même combat " pour le rétablissement de la vérité et de la justice. En vérité, les activités sportives et culturelles, qui ont précédé cette marche funèbre, fonctionnaient comme une répétition générale avant le jour " J ", c’est-à-dire le face-à-face GMT et AEEM jusqu’à la victoire finale de l’une sur l’autre.
C’est la raison pour laquelle, l’AEEM n’a pas eu de scrupule à dévier du chemin syndical pour s’abandonner à des revendications à caractère hautement politique : la marche décentralisée et convergente du 4 mars avait deux (2) objectifs majeurs, à savoir l’instauration sans condition du dialogue avec l’AEEM en qualité d’unique et seul représentant des élèves et étudiants et la création d’une commission d’enquête indépendante sur la mort de leurs camarades à Bamako et à Sikasso survenue le 21 janvier 1991, mais également sur celle de Cabral et de Sory Ibrahima Thiocary dans les années 1980. Mais une fois arrivés sur place devant le Ministère de l’éducation nationale, comme lors de la marche du 21 janvier auparavant, les slogans à caractère politique étaient scandés avec plus de véhémence : Démocratie, Liberté et Démission du Ministre de l’Education.

LE SYNDICAT ET LA POLITIQUE

Ayant compris et décodé le message, le gouvernement de l’UDPM a pris la décision de fermer les écoles jusqu’à nouvel ordre, à compter du mardi 22 janvier 1991 : désormais, dans l’entendement des autorités, l’AEEM était séparée des activistes politiques qui devraient se découvrir à présent au lieu de rester tapis derrière les élèves et étudiants qui étaient innocemment poussés au devant de la scène, à l’exception de quelques uns de leurs leaders qui étaient de mèche avec des politiques clandestins contre le régime du CMLN-UDPM.

En réaction, l’AEEM avait programmé une marche " pacifique " pour le 18 février dont l’exigence principale était la réouverture immédiate des classes sans condition préalable, avant d’adresser au Ministre de l’éducation une lettre ouverte dans ce sens, en guise d’avertissement et de menace. Mais cette marche du 18 février a été rendue caduque avec la réouverture qui a été arrachée plus tôt grâce à la médiation d’une commission ad hoc composée de représentants de l’APE ( M. Diarra), du SNEC (M. Dacko), de l’UNFM (Mmes Adja Fily Diallo et Sacko Coumba Diallo), de l’UNJM (MM. Adama Guindo, actuel Secrétaire administratif du MPR et Choguel Maïga, actuel Président du MPR), et de l’AEEM (MM. Oumar Mariko, Oumarou Dicko, Aguibou Koné,

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.