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Grève générale en Guadeloupe

12 février 2009, 12:56

Un vent de révolte souffle sur les DOM TOM. Perdus au milieu des océans, ces "petits bouts de République", qui se sentent souvent les laissés pour compte des politiques économiques françaises, ne sont pas épargnés par la crise qui frappe le pays. Mais là-bas, la crise ne fait qu’aggraver des conditions de vie déjà très difficiles. Beaucoup plus difficiles qu’on ne l’imagine en regardant les paysages des cartes postales. Pour les uns, il y a d’alléchants dispositifs d’exonération fiscale. Pour les autres, il y a la misère, la débrouille et la solidarité.

Si les chiffres du chômage en France font bondir les syndicats, ceux de l’outre-mer laissent sans voix. La Guyane compte plus de 20% de chômeurs. En Martinique, ce taux est de 21,2%, en Guadeloupe il atteint 22,7%, et à la Réunion il grimpe à 24%. Pour les jeunes, c’est pire. Près de 40% de chômeurs chez les moins de 30 ans en Guadeloupe, les chiffres étant à peu près identiques pour la Guyane et la Martinique. Et si à la Réunion le taux de chômage des moins de 25 ans, qui s’établit à 49%, est en baisse, c’est parce que, selon l’Insee, les jeunes ont tout simplement quitté l’île face à cette situation catastrophique et ne sont donc plus comptabilisés comme chômeurs.

Quant aux Pays d’outre-mer (POM), la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, on trouve peu de chiffres officiels. La raison en est simple : le chômage n’est pas indemnisé. Pas d’Assedic, ni même de RMI. Rien. Bénéficier des dispositifs de protection sociale est d’ailleurs l’une des raisons qui poussent Mayotte (Collectivité d’Outre-mer-COM, ndr) à demander à la France son classement en tant que département, malgré l’éloignement géographique.

Un coût de la vie exorbitant

Ceux qui n’y ont jamais vécu s’imaginent souvent que, dans ces îles baignées de soleil, on peut vivre d’amour et d’eau fraîche. Grave erreur : dans ces territoires, le coût de la vie est exorbitant. En Polynésie française, le prix des logements est comparable, voire supérieur, aux loyers parisiens : 1000 euros pour un studio à l’entrée de Papeete, près de 1200 euros pour un trois-pièces à 10 km de la capitale, etc. Au point qu’on trouvait encore, il y a à peine deux ans, des familles dont les parents gagnent 2500 euros par mois incapables de se loger correctement ; obligés de vivre dans le bidonville situé près de l’aéroport de l’île, dans des maisons en tôle, sans électricité ni eau courante. Les enfants, eux, jouaient sur les pistes d’atterrissage, entre deux Airbus.

Tout ce qui est nécessaire à la vie courante est plus cher. L’essence, par exemple ; en Guyane, le prix du litre de sans-plomb était à 1,77 euro fin 2008. Au même moment en France, il était à 1,55 euro. Résultat : deux semaines de paralysie totale et de blocage du réseau routier... Pareil pour les produits alimentaires, souvent importés. Leur prix atteint des sommets à cause du coût du transport -par avion pour les produits frais. Et les commerçants en profitent souvent pour appliquer des marges substantielles, voire exorbitantes. Sur les rayonnages des hypermarchés, dans les territoires du Pacifique, on trouve ainsi des yaourts à plus de 15 euros le pack.

Au coût du fret s’ajoutent les taxes douanières, comme "l’octroi de mer" en Guyane, Guadeloupe, Martinique et Réunion. Un impôt qui fait hurler les commerçants, parce qu’il s’applique non pas sur les produits vendus mais sur les stocks de produits importés. Depuis quelques années, et conformément à la législation européenne, cette taxe s’applique aussi sur les produits locaux, grevant un peu plus le portefeuille des habitants.

Sous le paradis fiscal, l’enfer social

Si certains tirent leur épingle du jeu et s’en sortent même très bien financièrement, c’est qu’il existe un véritable traitement à deux vitesses pour les salariés. Il y a ceux qui viennent de France -les "métros" (pour métropole, ndlr)-, et il y a les autres. Les fonctionnaires mutés outre-mer voient ainsi leur salaire augmenter de 35% dès qu’ils atterrissent à la Réunion, de 40% quand ils s’installent en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane, et de plus de 100% dans les îles les plus éloignées de Polynésie française... La plupart du temps, les salaires des Français qui travaillent dans le privé sont alignés sur ceux des fonctionnaires.

De l’autre côté, il y a les travailleurs locaux qui occupent le plus souvent des emplois ingrats et très mal payés. D’autant plus mal payés que le montant du Smic, en Guadeloupe ou en Polynésie, est largement inférieur à celui de métropole. D’après les syndicats, on compterait même en Guadeloupe près de 100 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Ailleurs, ce n’est guère plus brillant... Alors quand les Martiniquais ou les Guyanais crient leur ras-le bol, leur colère résonne jusqu’en métropole...

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