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Grève générale en Guadeloupe

12 février 2009, 01:22, par F. Kletz

Voici une liste de revendications trouvées sur www.clicanoo.com que le site en question attribue au LKP.

Je salue un mouvement qui a obligé certains politiques et syndicalistes à avoir dû se pencher sur les problèmes quotidiens d’une population à bout d’une exploitation poussée à outrance.

Cependant, derrières de réelles préoccupations sociales qui reflètent assez précisément ce que les travailleurs, femmes, étudiants, jobeurs, chômeurs, sans-logis, mal-logés, etc. endurent au quotidien, beaucoup de ces propositions semblent particulièrement pourries et réformistes.

Ce qui me choque, c’est la différence entre les dites 120 revendications initiales et les 131 revendications du projet d’accord.

Car le PROJET d’ACCORD n’a plus rien à voir avec les propositons intiales.

Évidemment, le média qui balance ces deux listes ne nous dit rien de précis quant à l’histoire de la réécriture et de l’élaboration du projet d’accord.

L’idée d’un SMIC Guadeloupéen des 120 revendications initiales n’est peut-être pas la meilleure qu’on puisse trouver, mais cette idée disparait complètement dans la liste du projet d’accord.

De même, les premières revendications sont complètement absentes : « Un relèvement immédiat et conséquent d’au moins 200 euros des bas salaires, des retraites et des minima sociaux afin de relancer le pouvoir d’achat, de soutenir la consommation des produits guadeloupéens et plus généralement ta demande.

« Le relèvement immédiat du Smic, des salaires du secteur privé, des traitements de la fonction publique, du minimum vieillesse et des minima sociaux. »

Plus rien du relèvement immédiat de 200 euros des bas salaires !

Cela est relégué à la 58e et 59e place. Pour mieux transformer une augmentation mensuelle de 200 euros en un versement unique de 200 euros. Et au lieu du SMIC, on demande le RSA :

58. Versement d’une prime exceptionnelle de 200 euros, dès le mois d’avril, aux 51 000 foyers guadeloupéens qui perçoivent les plus bas revenus. Effort de l’Etat : + 10,2 MEuros.

59. Anticipation de l’application du RSA en Guadeloupe dès 2009, ce qui représente en année pleine une dépense supplémentaire de 66 MEuros de pouvoir d’achat au profit de 25 000 familles aux revenus modestes.

Bref, ce qui devait s’appliquer à tous sera finalement très limité : le projet d’accord prévoit des chiffres précis pour limiter les dépenses et mettre en avant les sommes que l’État devra verser.

Ce ne sont donc plus les profiteurs et les tauliers, patrons, exploiteurs d’entreprise, donc de main d’œuvre à bas salaires qui sont visés, mais l’État Cela sert à détourner les responsabilités de la classe responsable de la situation et les revendications qui lui sont adressées vers son disjoncteur général, l’État, son grand protecteur et les fusibles ministériels dont il dispose en cas de conflit social important ou majeur.

Une lecture de ce projet, -certainement imprécise et devant encore améliorer ma connaissance limitée des conditions de vie des Antilles en général et de la Guadeloupe en particulier-, me fait penser qu’il s’agit là d’une réédition de déjà vu, d’une réitération de détournement de l’expression d’une véritable colère pour mieux l’étouffer et sauver l’État français et le capital.

La vision que je me suis faite de cette plate-forme me fait dire qu’il s’agit de mesurètes pour faire semblant de contenter tout le monde, et principalement les manifestants, pour mieux intégrer à l’État les syndicats guadeloupéens, en demandant des garanties à l’Etat d’appliquer des lois déjà existantes, de renforcer certains dispositifs, etc.

Si on regarde même superficiellement quelques-uns des 131 points de revendications, on constate à quel point certains ne servent à rien d’autre qu’à donner crédit au vieux diction : « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient ! ».

A titre d’exemple, le paragraphe 131 : « 131. Engagement de l’Etat à mettre en œuvre avec volontarisme toutes les mesures du plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes. » D’une part, il reprend d’une façon totalement différente la dernière des 120 revendications initiales formulée comme telle : « Arrêt de toute violence faite aux femmes. »

En fait, selon le projet d’accord, il ne s’agit plus d’un problème de violence faites aux femmes. Le problème réside uniquement dans la volonté du gouvernement, et pas la loi ou ses dispositifs, encore moins dans l’organisation actuelle de la société en classes sociales... c’est ce que dit le texte.

Que celui qui ne connait pas le plan départemental se débrouille pour savoir ce que recouvre cette revendication.

Un texte aussi allusif est une manière de dire : si l’État ne suit pas le département, tant pis si les femmes continuent à subir les violences qui sont les leurs ! Quel cynisme !

Après tout, les élus locaux ont bien travaillé, ils ont rédigé un beau plan : il n’y a plus qu’à le faire entériner par le ministre pour que l’État s’engage à lui donner les moyens que le département ne veut pas donner !

Les vieilles recettes connues dans tous les départements des DOM ou de métropole par la gauche des collectivités locales : les élus locaux sont de bonne volonté, mais le gouvernement ne nous donne pas les moyens de fonctionner, c’est pour cela que nous, élus des conseils municipaux, généraux ou régionaux sommes obligés de vous augmenter les impôts locaux !

Bref, sous couvert de défendre les femmes victimes de violences, cette 131e revendication sert à sauver la face de réformistes pourris élus au conseil général de la Guadeloupe.

Il y aurait encore beaucoup à commenter de ces deux moutures, sans compter les imprécisions dues à l’éloignement, au peu d’informations accessibles dans la presse métropolitaine, au peu de contacts avec les Antilles.
Cependant, il est déjà possible de tirer quelques éléments de conclusion du peu que j’ai discuté ici : Des paroles et des beaux sentiments ! voilà ce que semble être ce projet d’accord, ce tissus de revendications toutes faites, et rédigées surtout pour calmer la population et sauver la tête d’un ministre et de quelques élus locaux.

Camarades Antillais ! En métropole comme chez vous, ce sont les syndicats et partis de gauche qui trahissent les luttes. Défendez et imposez vos propres revendications !

Travailleurs des DOM, de Guadeloupe, de Martinique, de La Réunion, ne laissez pas d’autres que vous défendre un programme pour parlementer avec Jego ! Ne laissez pas un collectif réformiste vous représenter : boycottez-le. Organisez-vous en comités et coordination pour vous représenter vous-même.

Salutations révolutionnaires.

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