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Quelques notions de physique moderne

16 février 2010, 21:55, par Frédéric Fabre

Je vais vous apporter quelques précisions sur l’approche que j’ai essayé de développer dans l’article "une antinomie de la causalité". Vous verrez que, malgré les apparences, nous ne sommes pas vraiment en désaccord sur le problème de la relation entre continuité et discontinuité en physique, alors que nous le sommes probblement sur la dialectique.

Dans le texte mentionné, je défends l’idée que l’apparence d’opposition entre physique quantique et non quantique relève d’une antinomie, ce qui suggère la nécessité d’une reformulation. La physique quantique décrirait une réalité intrinsèque, et la relativité une réalité phénoménologique, c’est-à-dire le fond perceptif de tout système perceptif (naturel ou artificiel). Le système perceptif lui-même fonctionne sur un mode discontinu, mais (en simplifiant), il ne peut "percevoir" ses propres discontinuités, non simplement pour des raisons techniques (précision des mesures), mais parce que celles-ci constituent pour lui des singularités. La continuité est donc en quelque sorte une "illusion", mais, plus encore qu’une illusion transcendantale (liée à des formes a priori), une illusion phénoménologique, c’est-à-dire caractérisant tout système perceptif, quel qu’il soit. Il y a donc bien, dans la dualité discontinu/continu, physique quantique/physique non quantique, un déséquilibre en faveur du discontinu et de la physique quantique. Pour autant, une physique du continu ne peut être complètement disqualifiée, puisqu’elle reste indispensable à la description des événements, d’une part comme fond perceptif des phénomènes discontinus, d’autre part pour ce qui concerne la description de la réalité à grande échelle.
Supposons que l’on découvre une nouvelle théorie, par exemple une variante de la théorie des cordes, qui réunisse relativité générale et physique quantique. Son "cahier des charges" serait de rendre compte de ces deux théories, tout en assurant leur compatibilité. Donc même la découverte d’une telle théorie ne devrait pas nous dispenser d’essayer de comprendre pourquoi ces deux théories "marchent" ensemble. Et dire que l’une fonctionne à petite échelle et l’autre à grande échelle n’est pas une excuse valable : une théorie mettant en jeu des différentielles ne peut s’accorder de limite dans la petitesse des entités qu’elle est censée décrire. Le transfert de la signification purement mathématique du concept de différentielle à sa signification physique reste problématique. J’ai été amené à utiliser une notion de "correspondance phénoménologique" pour montrer en quoi il est bien légitime de parler de continuité perceptive à propos du fond phénoménologique d’un système perceptif, continuité perceptive qui n’est pas une continuité intrinsèque.

Pour ma part, je ne dirais pas qu’il existe une relation entre la dialectique et la connaissance scientifique, puisque (vous le verrez si vous lisez Emergence et représentation, notamment le chapitre 4) je distingue complètement les deux. Nul doute que cela pourrait donner lieu à de vraies polémiques ! Mais cela ne concerne pas directement l’analyse du rapport entre continuité et discontinuité en physique, sauf peut-être sur des questions très secondaires de terminologie.

Frédéric Fabre

Une antinomie de la causalité

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