Accueil > ... > Forum 4175

Qu’est-ce que la révolution ?

18 mai 2010, 13:08, par robert

Ces derniers temps, dans de nombreux pays pauvres, la crise des classes dirigeantes et la décomposition de l’Etat ont eu pour conséquence l’apparition de guerres internes dans des zones où on trouve des ressources importantes : mines, pétrole ou gaz et où le partage de ces ressources est contesté par des groupes armés prétendant plus ou moins défendre les intérêts des populations de la zone. Ce type de guérilla n’est en fait pas vraiment nouveau même si actuellement il s’agit plutôt de petites guerres locales sans véritables buts politiques nationaux. On trouve ce type de guerres et bandes armées au Soudan, au Tchad, en Haïti ou en Côte d’Ivoire. Elles s’appuient sur un conteste politique et social injuste, déstabilisé mais n’offrent pas de véritable issue à la crise sociale et politique de la société. Il y a également un cas particulier : les guérilla se revendiquant d’un prétendu anti-occidentalisme ou même d’un anti-impérialisme prétendu au nom de l’Islam. Là encore, c’est la crise des perspectives des classes bourgeoises dans la région qui donne son succès (relatif) à l’entreprise et, plus encore, la politique de l’impérialisme US consistant à faire croire que l’ennemi le plus dangereux pour lui seraient ces « djihad ». Mais nulle part, ces guérillas, quelle que soient les attributs idéologiques dont elles se parent, n’ont « donné le pouvoir au peuple » comme elles le prétendent en général. Elles ont eu pu triompher comme en Somalie ou en Afghanistan mais c’est seulement pour aggraver la dictature sociale et politique. Et cela n’a rien de particulièrement étonnant car la dictature est la base du système en cours dans les armées de guérilla. L’Etat y est déjà en place sans aucun rôle de la population. Et cela se poursuit après la prise du pouvoir. L’idéologie n’est qu’une parure à la domination des classes dirigeantes. Les Talibans, élèves en religion armés, n’ont pas renversé les familles féodales et bourgeoises d’Afghanistan. Les guérillas du Soudan ou de Côte d’Ivoire n’ont fait qu’aggraver le sort des populations civiles. Elles offrent certes une alternative au pouvoir en place, mais c’est un simple changement d’équipe ou de style et pas un véritable changement social et politique permettant aux peuples d’accéder à plus de richesse ou plus de place dans le pouvoir politique et social. Les guérillas ne sont pas un phénomène récent. Elles ont marqué l’époque de la décolonisation, des mouvements nationalistes et staliniens d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique. Mais jamais les armées « de libération nationale » n’ont supprimé la dictature sociale des classes dirigeantes et encore moins « donné le pouvoir au peuple ». Le pouvoir, on ne le dira jamais assez, ne se donne pas : il se prend. Un peuple travailleur a besoin pour aller vers son propre pouvoir de s’organiser en communes, en conseils, en comités, appelez-les comme vous voulez. Et toutes les rébellions du monde se sont toujours refusé à laisser les travailleurs s’organiser de manière indépendante d’un Etat, d’une armée, indépendante des classes dirigeantes, des chefs militaires et religieux.

Plus encore, les rébellions agissent à contrario des révolutions dont elles utilisent la menace sociale pour imposer leur dictature politique et militaire. La révolution, contrairement aux rébellions militaires, c’est d’abord et avant tout une explosion d’auto-organisation des masses opprimée allant jusqu’à la prise du pouvoir non par un groupe politique ou une armée mais par la prise du pouvoir des opprimés. Quand ce type de situation se présente, les classes dirigeantes préfèrent le pouvoir des bandes armées et la guerre interne que la révolution sociale. Ainsi, en Côte d’Ivoire, quand les révoltes populaires ont mis à bas deux régimes : celui de Bédié et celui de Gueye, ils ont laissé le pays se diviser en groupes armés hostiles car c’était moins dangereux que de voir les opprimés du pays s’unir contre les classes dirigeantes.

En Algérie, la classe dirigeante liée au pouvoir militaire a préféré laisser se mettre en place une armée « islamiste » et s’engager une guerre civile plutôt que de laisser la situation d’octobre 1988 avec la révolte de la jeunesse et la grève générale de la classe ouvrière risquer de mener à des situations de révolution sociale.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.