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Le syndicalisme pseudo-lutte de classe de la CGT nous enchaine au capitalisme !

5 juillet 2020, 08:03, par Max

voilà ce qu’écrivait Lutte ouvrière, organisation Trotskyste en France, en 1972 dans sa revue Lutte de classe, dans 1 article titré "que faire dans les syndicats ; l’activité des révolutionnaires à FO ou à la CFDT" :
Sur ce plan-là, son activité sera donc identique à celle qu’il menait auparavant à la CGT : il s’agit de faire en sorte qu’il y ait des réunions syndicales régulières, qu’elles regroupent le plus grand nombre de travailleurs possibles, syndiqués ou non syndiqués, qu’elles soient vivantes et intéressantes, que les décisions y soient prises démocratiquement et les organismes dirigeants démocratiquement élus. Il faut cependant remarquer que si cette activité est généralement plus facile à la CFDT ou à FO qu’à la CGT, à cause du poids plus faible de l’appareil, elle n’y est pas pour autant plus efficace, car il y a finalement plus de travailleurs prêts à se réunir avec la CGT ou en son sein, qu’avec les autres confédérations syndicales.

"Dans cette activité, les militants révolutionnaires visent le fond et non la forme, ils visent à organiser effectivement les travailleurs, et pas seulement à les « syndiquer », et ils doivent donner plus de prix au fait de réunir régulièrement un certain nombre de travailleurs, non syndiqués au besoin, qu’au fait de placer des cartes syndicales à des travailleurs qui ne se réuniront jamais. Les deux choses, réunir les travailleurs, et les syndiqués, ne sont évidemment pas, du moins en général, contradictoires. Mais il est bon de préciser quel est l’aspect de ce travail que les révolutionnaires doivent considérer comme le plus important, de préciser - par rapport à ceux qui se veulent les « meilleurs constructeurs » du syndicat - que les militants révolutionnaires se donnent pour tâche de donner aux travailleurs le goût de l’organisation syndicale, et non de chercher simplement à améliorer les statistiques de telle ou telle section syndicale, en ce qui concerne le nombre de cartes ou de timbres placés, ou le nombre de voix obtenues lors de telle ou telle consultation électorale. Dans leur activité syndicale, les militants révolutionnaires doivent aussi, évidemment, défendre les conceptions qui sont les leurs, dans le domaine de l’activité syndicale proprement dite et de l’activité revendicative. Ils peuvent d’ailleurs généralement le faire plus facilement à la CFDT ou à FO qu’à la CGT, et ils doivent en tous cas le faire la plus ouvertement possible, car si l’importance, et la priorité absolue, que nous accordons au travail au sein de la CGT justifie amplement le fait d’y militer quasi-clandestinement, le fait d’y taire une grande partie de ses opinions et de son programme, pour éviter l’exclusion ou la mise à l’écart, la même attitude serait, à la CFDT ou à FO, dépourvue de sens. Elle n’aurait d’ailleurs d’autre signification que de permettre au militant considéré de progresser dans la hiérarchie syndicale, ce qui présente un intérêt certain quand cette progression correspond à un soutien des travailleurs, mais en est totalement dénuée lorsqu’elle est due à la bienveillance de l’appareil. Militer à la CFDT ou à FO n’a finalement de sens que lorsqu’on peut y défendre ouvertement ses opinions, et c’est d’ailleurs en fonction des possibilités d’expression qu’il aura dans tel ou tel syndicat que le militant révolutionnaire écarté de la CGT devra en particulier choisir dans quelle confédération syndicale il poursuivra dorénavant son activité.

Mais il faut bien comprendre que défendre ses conceptions dans la section syndicale, essayer de les faire partager par celle-ci, ce n’est pas forcément contribuer à « construire » le syndicat, au sens du moins où l’entend l’appareil, car le fait que la section syndicale adopte une ligne de classe peut très bien amener un certain nombre de syndiqués réformistes à la quitter, et ne lui vaudra pas forcément la faveur immédiate des travailleurs.

Les militants révolutionnaires, qui défendent le principe d’une confédération syndicale unique et démocratique, susceptible de regrouper tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions, sans aucune exception, ne sont évidemment pas partisans d’exclure les réformistes du syndicat (ou les staliniens à la CGT), ni de les écarter de l’activité syndicale, quand ils ont conquis la majorité au sein du syndicat. La défense de la démocratie ouvrière et syndicale est pour les révolutionnaires une position de principe, et non une astuce tactique, et une telle attitude serait une violation honteuse de leurs propres principes. Mais il peut arriver que ce soient les réformistes (ou même, encore plus exceptionnellement les staliniens au sein de la CGT) qui prennent l’initiative de la rupture, et que la présence de militants révolutionnaires dans le syndicat, ou à sa direction, se traduise finalement par une diminution des effectifs.

De la même manière, la défense par une section syndicale de positions de classe peut très bien amener une diminution de son influence électorale, dans la mesure où cela peut l’amener à se heurter aux préjugés d’un nombre non négligeable de travailleurs. Présenter par exemple sur les listes de candidats aux élections de délégués du personnel des travailleurs immigrés peut très bien amener un certain nombre de travailleurs français racistes à refuser leurs suffrages à cette liste. Plus généralement, il convient de ne pas oublier que si les militants révolutionnaires défendent toujours, en toutes circonstances, les intérêts généraux des travailleurs, l’ensemble des travailleurs ne se reconnaît pas toujours dans l’organisation syndicale qui défend ses intérêts. Pour ces raisons, faire des résultats électoraux d’une section syndicale, ou du nombre de cartes qu’elle a placé, le seul critère permettant de juger la qualité de l’activité de sa direction est donc loin d’être juste, d’un point de vue révolutionnaire, et c’est évidemment encore bien plus faux quand c’est l’appareil que l’on fait juge de cette activité.

Dans le domaine de l’activité syndicale comme en tout autre, le seul critère qui doit déterminer l’attitude des révolutionnaires, c’est le but final qu’ils poursuivent, et la politique qu’ils doivent défendre n’est donc pas forcément, par voie de conséquence, celle qui est la plus susceptible de plaire dans l’immédiat au maximum de travailleurs, mais celle qui sera la plus capable d’élever le niveau de conscience de la grande masse des travailleurs."

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