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Pandémie, effondrement économique et social, répression... Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?

18 juin 2020, 17:01, par Ephraïm

Cher Lecteur,

Je partage une grande partie de ce commentaire signé "Abolition du salariat".

Je suis pleinement d’accord avec l’idée que l’histoire n’est pas écrite et c’est pour cela que le paragraphe que vous citez se termine sur la question du ralliement des classes moyennes au prolétariat révolutionnaire : comment rallier les classes moyennes au prolétariat révolutionnaire ? En détachant la classe ouvrière de se tourner vers les bureaucraties syndicales ou les opportunistes d’extrême-gauche ou encore les réformistes. Or, vous avez raison de le pointer : elle le fait encore trop, et c’est tout le piège de la situation actuelle.

Je réagis aujourd’hui à une phrase.

Vous écrivez : « Si la classe ouvrière continue a donner sa confiance aux bureaucraties syndicales ou aux partis réformistes (même radicaux comme l’extrême gauche) , alors la petite bourgeoisie n’aura plus aucune raison de se tourner vers elle et une autre perspective que celle de la guerre nationale proposée par l’État de la grande bourgeoisie impérialiste. »

Tout-à-fait d’accord sur le danger que vous pointez. Cependant, votre phrase semble oublier que la classe ouvrière est plurielle. La majeure partie de la classe ouvrière est réformiste et tant que le capitalisme nous permet de vivre ou au moins de survivre, nous restons au quotidien dans la recherche d’une amélioration de nos conditions matérielles et dans notre petite accumulation personnelle : épargne, prévoyance, amélioration de l’habitat, remboursements de crédits éventuels, etc.

Ne serait-ce que regarder ses droits à la retraite, ses points accuulés, ses annuités cotisées, ce que tout salarié fait de temps à autre, cela consiste en une attitude d’adaptation à la société capitaliste, au réformisme de tout un chacun... et cela n’a rien de blâmable, c’est, dirai-je le calcul quotidien pour subvenir à ses besoins et se préoccuper des jours, mois, années à venir.

Bien entendu, ce réformisme quotidien est autre chose que le réformisme politique. Mais ce réformisme politique se base sur l’information des droits, la revendication ou la gestion des dossiers administratifs concernant cette recherche d’amélioration quotidienne des conditions de vie. C’est là que les syndicats réclament que les salariés les consultent, c’est là que les syndicats font valoir une prétendue expertise.

Pourtant, comme vous l’affirmez, le prolétariat a connu les expériences récentes d’affrontement de classe, dans les manifestations de Gilets Jaunes, ou même dans les manifestations syndicales (je pense aux manifestations de 2019 ou 2020 mais aussi celles de 2016 où les étudiants se faisaient matraquer et ouvrir le crâne), ou encore plus récemment, ne serait-ce que cette infirmière tirée par les cheveux par les forces de répression d’État, ou les meurtres racistes en France et dans les autres pays.

C’est ce prolétariat qui est progressivement entré sur scène comme prolétariat révolutionnaire. C’est à ce prolétariat que le paragraphe cité faisait référence. Or, ce prolétariat-là, s’il est descendu dans la rue, en-dehors des appels réformistes, opportunistes, syndicaux ou d’extrême-gauche, c’est précisément parce qu’il s’est détaché, au fil de la décennie écoulée, de ces partis et syndicats opportunistes, réformistes intégrés à l’appareil de l’État.

Certes les salariés et les classes moyennes croient encore beaucoup trop aux institutions surannées, au vieux monde, et trop peu se sont tournées vers le prolétariat révolutionnaire. Ainsi, la classe ouvrière est encore trop à regarder vers les vieilles organisations attachées aux institutions du vieux monde et à leur maintien.

Et c’est en cela que je rejoins votre appréciation : il y a toutes les chances que la petite bourgeoisie se tourne vers le grand capital, dans les conditions où la classe ouvrière resterait prisonnière des bureaucraties, des opportunistes, et réformistes politiques de tout bord. Cependant, comme vous le dites également, l’histoire n’est pas écrite et les réactions très récentes contre le racisme d’État peuvent tout-à-fait devenir un levier pour que la jeune génération révoltée s’empare des idées révolutionnaires.

Les Blacks Panthers des années 1960 ont formé leurs propres milices. C’est ce que nous avons à proposer à la jeunesse révoltée de 2020 : la formation de milices d’auto-défense. Nous devons le proposer aussi aux personnels hospitaliers qui ont été et vont continuer à être postés aux premières lignes des attaques de toutes sortes. Nous devons les proposer également à tout collectif de salarié, qu’ils se sentent menacés dans leur emploi ou qu’il veuillent en découdre avec le vieux monde.

Pour cela, il faudra développer un programme très clair : dissolutions de toutes les armées, polices et gendarmeries, GIGN et autres institutions répressives de l’État. Dissolution de l’assemblée nationale, du sénat, du gouvernement, des tribunaux, des conseils généraux et départementaux.

Cela ne pourra se réaliser qu’en s’appuyant sur les récentes expériences d’auto-organisation, les assemblées de travailleurs, chômeurs, précaires dans les entreprises ou sur les rond-points. C’est de cela qu’a eu peur la bourgeoisie au point de légiférer sur l’interdiction d’envahissement des rond-points en janvier 2019. Mais la classe ouvrière, celle qui est en train d’être licenciée, n’a pas dit sont dernier mot. Et cette perspective d’un prolétariat organisé indépendamment des syndicats, des partis réformistes ou opportunistes, c’est celle-là qui peut décider de se rallier à l’expérience d’auto-organisation que nous avons connu pendant plus d’un an en France, et qui s’est développé en parallèle partout dans le monde. C’est là-dessus que nous devons miser. Bien évidemment la bourgeoisie observe cela et réagit. La bourgeoisie développe le racisme d’État et favorise déjà les nervis racistes depuis des années. C’est pour cela que l’auto-organisation des travailleurs devra très vite se doter de milices ouvrières d’auto-défense.

Rien n’est écrit, cette situation n’est pas encore là, mais si effectivement cette perspective n’est pas affirmée dès maintenant, nous n’avons que de faibles chances de rallier les classes moyennes au prolétariat révolutionnaire. C’est aussi en se montrant fort et organisé que le prolétariat révolutionnaire pourra arracher la crédulité sinon la crédibilité que la classe ouvrière accorde encore aux réformistes politiques, aux opportunistes ou éventuellement aux bureaucraties.

Au plaisir d’échanger de nouveau ensemble.

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