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L’ « unité nationale face au coronavirus aux côtés du gouvernement », un piège dangereux pour les travailleurs et les milieux populaires

4 mars 2020, 07:46, par Olivier

Et que dit Lénine dans son livre L’État et la révolution ?

1 - « L’État est un organisme de domination de classe, un organisme d’oppression d’une classe par une autre. »
2 - Et : « l’État est né du fait que les contradictions de classes sont inconciliables, (...) il est un pouvoir placé au-dessus de la société et qui "lui devient de plus en lus étranger ", [donc] il est clair que l’affranchissement de la classe opprimée est impossible, non seulement sans une révolution violente, mais aussi sans la suppression de l’appareil du pouvoir d’État qui a été créé par la classe dominante et dans lequel est matérialisé ce caractère "étranger". Cette conclusion, théoriquement claire par elle-même, Marx l’a tirée avec une parfaite précision de l’analyse historique concrète des tâches de la révolution. »

Et comme conclusion comme tous les marxistes il défend l’idée de « l’extinction de l’État » dans la société de transition qui connait un État puisqu’il y existe une nouvelle classe dominante : les prolétaires.
Et ce « demi État » (Lénine) du fait de « la prise de possession des moyens de production au nom de la société, - est en même temps son dernier acte propre en tant qu’État. L’intervention d’un pouvoir d’État dans des rapports sociaux devient superflue dans un domaine après l’autre, et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l’administration des choses et à la direction des opérations de production. L’État n’est pas "aboli", il s’éteint. »

Et alors c’est là que se trouve le problème à discuter. Lénine cite la phrase de Marx
"Entre la société capitaliste et la société communiste, poursuit Marx, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat."
Au passage, je constate que Marx fait une distinction entre État et dictature du prolétariat, sans le développer davantage. Mais revenons à notre développement
Lénine poursuit « Cette conclusion repose, chez Marx, sur l’analyse du rôle que joue le prolétariat dans la société capitaliste actuelle, sur les données relatives au développement de cette société et à l’inconciliabilité des intérêts opposés du prolétariat et de la bourgeoisie.
« Autrefois, la question se posait ainsi : le prolétariat doit, pour obtenir son affranchissement, renverser la bourgeoisie, conquérir le pouvoir politique, établir sa dictature révolutionnaire.
« Maintenant, la question se pose un peu autrement : le passage de la société capitaliste, qui évolue vers le communisme, à la société communiste est impossible sans une "période de transition politique" ; et l’État de cette période ne peut être que la dictature révolutionnaire du prolétariat. »
Et il poursuit : « Maintenant seulement nous pouvons apprécier toute la justesse des remarques d’Engels, accablant de ses sarcasmes impitoyables cet absurde accouplement des mots "liberté" et "État". Tant que l’État existe, il n’y a pas de liberté. Quand il y aura la liberté, il n’y aura plus d’État. »

J’attends d’Ephraïm qu’il démontre que je ne défends pas la position marxiste comme il le dit dans son paragraphe 2 (L’essentiel est notre désaccord sur la question marxiste de l’Etat). Soyons sérieux Éphraïm, je ne fais que citer Marx, Engels et Lénine dans les pages qui précédent !

Maintenant que sont posées les prémisses de la discussion, l’on peut traiter de la période de transition, de ce demi-État et de la dictature du prolétariat. C’est une question fondamentale. C’était l’objet du débat. Il n’y a pas lieu à des invectives. J’ai défendu l’idée dans des mails à Robert que, pour moi, il fallait distinguer le semi État de la période de transition de la dictature du prolétariat afin que le prolétariat reste maitre de la politique révolutionnaire et discute à travers de l’État pied à pied avec les autres classes sociales qui ne sont pas encore abolies (la paysannerie, par exemple). C’est une leçon que je tire de la révolution russe où l’État s’est toujours renforcé au détriment de la classe ouvrière et « tant que l’État existe, il n’y a pas de liberté » (Lénine). Il faut éviter ce danger mortel de notre classe. Mon souci est donc de maintenir le pouvoir intact des ouvriers dans ses conseils et de ne pas les dissoudre dans un État qui peut s’autonomiser, se bureaucratiser, etc....

Réponse au paragraphe 3 d’Ephraïm.

« Je ne pense pas que Olivier défende la conception kautskiste de l’État, (…) j’ai au mieux un doute »

Que dit Kautsky ?

« Et comment Kautsky a-t-il procédé dans sa réfutation si minutieuse de cette "bernsteiniade" ?
Il s’est bien gardé d’analyser dans toute sa profondeur la déformation infligée sur ce point au marxisme par les opportunistes. Il a reproduit le passage cité plus haut de la préface d’Engels à La Guerre civile de Marx en affirmant que, d’après Marx, la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’Etat toute prête, mais qu’en général elle peut s’en emparer, et il n’a rien dit de plus. Que Bernstein ait attribué à Marx juste le contraire de sa pensée véritable, et que dès 1852 Marx ait assigné à la révolution prolétarienne la tâche de "briser" la machine d’État - de tout cela Kautsky ne souffle mot. » (Lénine dans l’État et la révolution).

Monsieur Éphraïm est-ce que je dis qu’il ne faut pas « "briser" la machine d’État » ?
Je dis juste l’inverse et même qu’il faut se méfier de ce demi-État subsistant, et qu’il faut qu’il dépérisse le plus vite possible. Qu’est-ce qui s’est passé en Russie ? L’inverse, le renforcement de l’État.... Les révolutionnaires partaient avec tous les principes et même un livre extraordinaire : l’État et la révolution et c’est à un extraordinaire renforcement de l’État auquel nous avons assisté. Cet État s’est bureaucratisé très rapidement, a échappé à Lénine, plusieurs fois il a essayé en vain de mener un combat contre cette situation. Pourquoi cela ? Ces faits ne t’interpellent pas ? Et moi je dis : le seul moyen d’éviter ce désastre serait de conserver le pouvoir des Conseils ouvriers et des comités d’usine qui ont été écartés dès 1918 pour ces derniers dans les usines au profit des « spécialistes ». (voir le texte de Lénine sur le sujet des spécialistes).
Bien évidemment, il y avait aussi l’isolement de la révolution en Russie et l’absence de révolution internationale. Mais dans cette grave situation, les bolcheviks se sont aussi éloignés de la force vive de la classe ouvrière. C’est la double peine ! Pas de révolution internationale et éloignement des bolcheviks de la classe ouvrière.

Olivier, 3 mars 2020

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