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Que penser de la thèse du "réchauffement global d’origine anthropique" ?

18 février 2010, 09:23, par Robert Paris

A lire sur Libé : le GIEC est accusé

Le Giec un peu trop vague sur les terres inondables des Pays-Bas
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Haro sur le Giec, acte II. Après l’affaire des glaciers de l’Himalaya, voici venues les terres inondables néerlandaises. Hier, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) a admis avoir hâtivement estimé que 55% du territoire des Pays-Bas se trouvaient sous le niveau de la mer, précisant qu’il s’agit en fait des terres « risquant d’être inondées ». Le gouvernement néerlandais avait annoncé le 5 février qu’il allait demander des « éclaircissements » aux experts après que ce chiffre, inexact selon La Haye, avait été révélé. Il figurait dans une phrase du quatrième rapport du groupe, publié en 2007, et qui avait déjà été critiqué pour avoir prévu que les glaciers de l’Himalaya auraient fondu « d’ici 2035, voire avant ». Le Giec avait reconnu sur ce cas « une regrettable erreur ». A propos des Pays-Bas, il refuse néanmoins d’endosser l’erreur, soulignant que ce chiffre de 55% lui a été fourni par un organe gouvernemental, l’Agence néerlandaise d’évaluation environnementale, « que le Giec considère comme une source scientifique digne de confiance ». Selon un porte-parole du ministère de l’Environnement, la rectification de ce chiffre avait été « mise plusieurs fois à l’ordre du jour », mais en vain. Il a aussi regretté « un non-respect de la procédure » par le Giec.

Climat de défiance autour du Giec
Depuis plusieurs mois, l’organisation internationale est régulièrement attaquée par les climatosceptiques. Avec des arguments qui font parfois mouche.

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Par SYLVESTRE HUET, CHRISTIAN LOSSON

Un nuage de fumée au dessus de Paris, le 11 décembre 2009, alors que les Européens tentent de réduire leurs émissions de CO2 (© AFP Joel Saget)

« C’est le déluge. » Ce mot, d’un scientifique, résume le flot de critiques qui s’abat sur le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec). Depuis plusieurs mois, les attaques contre « les réchauffistes » se sont multipliées, se cristallisant, fin novembre, autour du Climategate. Soit la divulgation (via des scientifiques critiques, des services secrets ou des lobbies industriels) de mails piratés. D’où il ressort que des experts auraient voulu forcer la démonstration d’un changement climatique. Après le fiasco de Copenhague en décembre, c’est une erreur sur la datation de la disparition des glaciers de l’Himalaya en janvier qui alimenté la pompe à suspicion. « Depuis, chaque jour ou presque, on charge la barque : la campagne de dénigrement atteint des sommets », déplore un diplomate français.

Il fait froid, un manteau blanc sans précédent recouvre Washington ? Et voilà que les sceptiques (conservateurs, créationnistes, libéraux promarché, voire scientifiques), qui avaient en vain multiplié films et vidéos, surfent sur le « pseudo-réchauffement » rejetant d’un bloc tous les travaux du Giec (lire page 4).

Manipulation. Hier moqués pour leur méconnaissance scientifique, des leaders de la contestation comme Christopher Monckton, ex-conseiller de Margaret Tchatcher, trustent des postes dans des think tanks influents. « Ou alimentent la presse anglaise, qui s’embrase chaque jour », ajoute un expert britannique. « Tout cela est grave, confie Laurence Tubiana, patronne de l’Institut du développement durable et des relations internationales. Cela montre que le Giec s’est mal défendu. Mais cela raconte aussi le malaise des scientifiques, qui sous la pression politique et médiatique, ont dû simplifier leur message plutôt que d’analyser leur incertitude. A l’arrivée, la manipulation et l’exploitation de cette faille risque de plomber vingt ans de travail incomparable du Giec. » Reste que le débat reste très occidental. « Franchement, vu du Sénégal, cela semble plutôt anecdotique, raconte le climatologue Amadou Gaye, de l’université de Dakar. Une sorte d’emballement médiatique sur des points de détail… »

Pendant ce temps, les gouvernements ont envoyé au secrétariat de la Convention climat, des engagements écrits, confirmant les déclarations orales faites à Copenhague. Des objectifs modestes, mais qui n’enterrent pas les négociations. « Cela prouve que la confiance des Etats dans le diagnostic du Giec reste intacte », veut croire un expert.

Par SYLVESTRE HUET

De quoi le Giec est-il accusé ?

D’avoir commis une série d’erreurs factuelles dans son dernier rapport, publié en 2007, la plupart dans l’un de ses douze textes, celui du groupe 2, consacré aux impacts du changement climatique. Un pourcentage erroné sur le territoire des Pays-Bas situé sous le niveau de la mer (55 % a lieu de 26 %). Les glaciers de l’Himalaya, promis à une « disparition » dès 2035, alors que rien dans la littérature scientifique n’appuie une telle idée. Pas moins de 14 références à des publications d’ONG, comme Greenpeace ou le WWF, dans ce même texte - celui qui traite des conséquences du changement climatique - alors qu’on attend un rapport fondé sur la science. L’équipe de Phil Jones (université d’East Anglia en Grande-Bretagne) est accusée de ne pas vouloir rendre publique ses données météo brutes. Les rapports seraient alarmistes de manière infondée comme cette phrase « Dans certains pays [d’Afrique], le rendement de l’agriculture pluviale pourrait chuter de 50 % d’ici 2020. » Les scientifiques qui rédigent les rapports du Giec ne seraient pas représentatifs de la diversité d’opinion, voire politisés. A ces accusations ponctuelles s’ajoute le discours déjà ancien déniant aux modèles climatiques la capacité à prévoir l’évolution du climat sur un siècle.

Que répondent les responsables du Giec ?

Ils ne nient pas ces erreurs et se mordent les doigts de ne pas avoir été aussi sévères dans leur processus d’écriture des rapports sur les conséquences du changement climatique que dans celui consacré à la physique du climat, pour l’instant indemne. Mais ils soulignent, comme son président indien Rajendra Pachaury, que ces erreurs limitées « ne mettent pas en cause l’essentiel des rapports » - plus de 3 000 pages très denses pour ceux de 2007.

« Il est vrai que les résumés pour décideurs sont adoptés en séance plénière par les délégations gouvernementales, mais elles ne peuvent pas modifier les chiffres ou le texte en profondeur, souligne Amadou Thierno Gaye qui dirige le laboratoire de physique de l’atmosphère et des océans de l’université de Dakar. De plus, expliquez-moi pourquoi les gouvernements n’osent plus mettre en doute notre travail alors que nous les confrontons à leurs contradictions. La Conférence de Copenhague à bien montré qu’ils ne sont pas prêts à agir. »

Que sait-on vraiment du climat actuel et futur ?

Au regard de l’évolution des sciences du climat depuis 1990 - le premier rapport du Giec - cette soudaine offensive semble étrange. Les moyens à la disposition des scientifiques se sont en effet considérablement améliorés. L’observation satellitaire continue du Soleil date de 1978, celle des températures de 1979, celle du niveau marin de 1992. Les simulations informatiques du climat ont suivi les progrès des ordinateurs, dont les capacités ont explosé, les modèles prennent en compte de manière beaucoup plus détaillée et réaliste le relief terrestre, la biosphère, la chimie de l’atmosphère. En outre, les équipes capables de réaliser ces simulations sont plus nombreuses.

La connaissance des relations passées entre climat et effet de serre s’est étendue sur 800 000 ans, contre 150 000 ans en 1990, confirmant que les niveaux actuels de gaz carbonique n’ont pas de précédent depuis près d’un million d’années… Bref, le dossier scientifique est bien plus solide qu’en 1992, quand fut signée la Convention climat de l’ONU.

En outre, depuis 1990, le climat comme les émissions de gaz à effet de serre ont suivi les prévisions. La décennie 2000-2009 est la plus chaude jamais enregistrée par des thermomètres. Le niveau marin grimpe à 3,3 mm par an, soit le triple de ce qui était observé durant la première moitié du XXe siècle. La stratosphère s’est refroidie alors que la basse atmosphère se réchauffe, signe clair du renforcement de l’effet de serre qui est directement observé par satellite.

Ces évolutions n’interdisent pas au débat scientifique de se poursuivre. La querelle sur l’étendue de l’épisode chaud médiéval « n’est pas close », souligne Phil Jones. L’épineuse question de la représentation des nuages dans les modèles climatiques - responsables de la moitié de l’incertitude sur la réponse du climat au renforcement de l’effet de serre - n’est toujours pas résolue.

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