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Qu’est-ce que l’inhibition ?

8 mars 2010, 06:51, par Olivier Houdé

houdéAu début de la vie, le développement du cerveau passe par des phases de croissance des synapses, suivies d’une diminution de leur nombre après leur mise en réseau : on aura plus de difficultés à apprendre toutes les autres langues du monde lorsqu’on aura été stimulé par une en particulier.
Ces phases apparaissent par vagues aux différents moments du développement de l’enfant selon la spécialisation progressive des synapses, dont la structuration est particulièrement sensible à l’environnement et donc aux situations d’apprentissage rencontrées, pendant très longtemps. Bonne nouvelle, donc : les enseignants ont de quoi faire, et tout n’est pas réglé à deux ans.

Selon Piaget, l’évolution de l’enfant se faisait par successions de stades en escalier sur un mode linéaire (développement conceptuel successif). Les apports de la recherche bousculent ce modèle : ceux d’Olivier Houdé montrent que la résolution de problèmes chez l’enfant fait appel à plusieurs stratégies de réponses possibles, dans un système de développement dynamique non linéaire, comme des vagues qui se succéderaient en décalage au cours du développement, mais parfois se mettant les unes les autres en court-circuit. Confronté à une situation, un enfant va privilégier celle qui est efficace, rapide, heuristique, qui marche très bien, très souvent, mais pas toujours. Prenons pour exemple l’apprentissage du nombre. Une même quantité d’objets disposés différemment va induire chez un jeune enfant une réponse du type : ‘Ils sont plus nombreux, là où les objets sont les plus éloignés ». Il va d’abord privilégier sa perception spatiale avant le dénombrement, alors que ces deux stratégies vont être activées simultanément.
Inhibons, inhibons, il en restera toujours quelque chose...
Apprendre, pour un enfant, consiste à a développer des stratégies d’inhibition, à résister à ce qui remonte « naturellement » en mémoire, à avoir une attitude réflexive par rapport à ce qu’il croit logique. Les expériences d’O. Houdé montrent que les réponses fausses apportées par les enfants ne sont pas le signe d’un déficit de logique mais d’une mauvaise activation des réponses formulées.

Ce fonctionnement lui semble mis en évidence par l’imagerie cérébrale, qui montre que les zones du cerveau activées dans ce processus de dynamique cérébrale de correction d’erreurs ne sont pas les mêmes. Dans le cas de réponses heuristiques, l’activité du cerveau sera située à l’arrière, qui correspond à la zone sensorielle, celle qui analyse les perceptions. Lors de l’inhibition de ces réponses, l’activité du cerveau va se déplacer sur l’avant, dans la zone préfrontale, qui est le siège des activités logico-mathématiques. Ce mouvement opère une reconfiguration neuronale par un changement de réseaux, ce qui montre toute l’importance de l’éducation dans le développement de l’enfant.
Dans le même temps, ce processus va activer de manière concomitante une autre région du cerveau qui correspond au centre émotionnel. Les enfants qui ont pris conscience de leur erreur vont enclencher un ressenti émotionnel, provoquant un plaisir simultané entre la correction apportée à cette erreur et celui d’avoir trouver la solution.
En contrepartie, les enfants qui ne corrigent pas sont ceux qui ne développent pas de réponse émotionnelle par peur de l’erreur et de la prise de risques.

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