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Demain, tous végans ?

13 mai 2020, 15:36, par sango10

Bonjour,

Je suis végane depuis 6 ans (afin de situer d’où je parle) et en désaccord avec de nombreux points dans cet article sur lequel je suis tombé suite à une recherche sur Rosa Luxembourg.
Voici quelques remarques qui me sont venues à la lecture de l’article :

Les connaissances scientifiques actuelles amènent à penser que si justement, se passer de produits d’origine animale est au minimum sans conséquence sur la santé lorsque cela est fait de façon réfléchie. Voici par exemple la position de l’Académie de Nutrition et de Diététique américaine :

« L’Académie de Nutrition et de Diététique fait valoir que les alimentations végétariennes correctement menées, dont le végétalisme, sont saines, adéquates sur le plan nutritionnel, et peuvent présenter des avantages dans la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien menées sont adaptées à tous les stades de la vie, notamment aux femmes enceintes, aux femmes qui allaitent, aux nourrissons, aux enfants, aux adolescents ainsi qu’aux sportifs. »

La définition du véganisme est plutôt juste. Le fait de parler du « véganisme des végétaliens » qui serait plus extrême que le véganisme des végétariens me semble au minimum manquer de clarté.
Le végétarisme et le végétalisme sont deux régimes alimentaires : le premier amenant à ne pas consommer de viande ni de poisson, le second amenant à ne consommer aucun produit d’origine animale.
Le véganisme consiste à refuser de consommer des produits ayant nécessité d’exploiter, de maltraiter ou de tuer des animaux.
Une personne végane est donc végétalienne et donc végétarienne. L’inverse n’est pas forcément vrai.

Je suis d’accord sur le fait qu’attribuer des citations non sourcées est malhonnête et inutile voire contreproductif. Il est possible que des végétarien.ne.s (attention à ne pas généraliser) le fassent (par exemple avec la citation de Leonard de Vinci, je n’ai pas vérifié) et c’est effectivement idiot.
Néanmoins je trouve plutôt malhonnête de généraliser cette attitude à l’ensemble des végétarien.ne.s. Par ailleurs, cette critique étant tout à fait légitime, je trouve plus que malvenu de procéder de la même façon en affirmant sans aucune vérification : « De sombres crétins ou des brutes sanguinaires auraient aussi été des végétariens, selon les bruits qui courent : Hitler, Pol Pot, le criminel Charles Manson, etc ».
J’ai par exemple lu à de nombreuses reprises et de façon documentée que l’ « argument » selon lequel Hitler aurait été végétarien était tout simplement faux.

Le « catalogue d’arguments » me semble plutôt honnête, la liste n’est pas exhaustive mais reprend en effet une partie des arguments qui peuvent être utilisés par certain.e.s pour inviter à réduire où à stopper la consommation de produits d’origine animale.
A mes yeux, la raison principale pour inviter au véganisme est de cesser d’exploiter, de maltraiter et de tuer les animaux non-humains, qui tout comme nous, ont des émotions, souhaitent continuer à vivre… On parle de sentience.

Je n’ai lu nulle part de la part de militant.e.s véganes ou d’associations comme L214 par exemple que la crise actuelle ne serait pas celle du système capitaliste. Peut-être que certain.e.s véganes ont tenu des propos de ce type mais j’ai l’impression qu’au contraire l’immense majorité des véganes sont opposé.e.s au système capitaliste. On peut difficilement militer contre l’exploitation des animaux non-humains et défendre un système inégalitaire qui exploite, qui tue, au profit d’une minorité d’ultra-riches. Au contraire, il me semble que la plupart des militant.e.s pour le véganisme sont également engagé.e.s dans d’autres luttes de justice sociale (anticapitalisme, féminisme…).
Effectivement, il n’est pas besoin d’être végane pour s’opposer aux violences et tortures subies par les animaux dans l’agro-alimentaire industriel ou dans certains actes ou jeux des humains.
D’ailleurs, il y a fort à parier que la plupart des personnes qui sont véganes aujourd’hui étaient déjà opposé.e.s à toutes ces pratiques avant de devenir véganes. C’est mon cas par exemple.
Nous sommes donc d’accord sur le fait que les véganes ne sont pas les seul.e.s à aimer les animaux.
D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’aimer de manière inconditionnelle les animaux pour s’indigner du sort que ceux-ci subissent dans le monde actuel.

Très peu de véganes prétendent qu’il n’est pas nécessaire de se complémenter en vitamine B12.
Néanmoins, le fait qu’il soit nécessaire de se complémenter en B12 n’est en rien un argument pour continuer de manger des animaux et donc de les exploiter et de les tuer.
Premièrement, il me semble que la plupart des compléments en vitamine B12 sont destinés aux animaux d’élevage. Manger des animaux complémentés ou manger les compléments directement pour éviter de les tuer, le choix me semble évident…
Par ailleurs, même les personnes consommant des produits d’origine animale doivent être complémentées : le taux de français.e.s carencées en vitamine D est par exemple très important.
Il existe de nombreux aliments enrichis pour éviter des carences à la population : la supplémentation en iode l’illustre parfaitement.

Effectivement, nous vivons dans une société capitaliste et il n’est pas étonnant que de grandes entreprises capitalistes s’emparent du marché.
Le fait de dire que « les aliments végans font même justement partie des produits transformés » est à nouveau malhonnête. Il n’est pas nécessaire de manger des aliments transformés pour manger de façon végane : fruits, légumes, céréales, légumineuses, oléagineux sont autant d’aliments véganes puisque non issus de l’exploitation animale.
Par contre il est vrai que le nombre de produits transformés véganes est en expansion.

Non, le véganisme n’est pas seulement l’opposition contre les maltraitances faites aux animaux dans les élevages intensifs mais c’est le refus de tuer des animaux pour notre seul plaisir gustatif (ou vestimentaire…). Il est donc nécessaire de lutter contre le système capitaliste mais la revendication essentielle est de cesser de tuer les animaux avec lesquels nous partageons la planète : ne pas les maltraiter davantage est un moindre mal.

Pour le premier point, ce n’est pas parce qu’il est parfois nécessaire de tuer certains animaux afin de se protéger pour éviter de mourir que cela devient légitime de les exploiter et les tuer pour notre petit plaisir.
Ce raisonnement est encore fallacieux. C’est comme si il était dit pour justifier le fait de faire la guerre et de tuer des millions de gens : essayons de raisonner du point de vue d’un pacifiste. En cas d’attaque et même en danger de mort, pas question de se défendre, le pacifiste reste là à se faire tuer.

Pour le deuxième point, les animaux carnivores ont besoin de manger d’autres animaux pour leur survie, ce n’est pas notre cas.
Vous avez dit être opposé à la maltraitance des animaux. Quelqu’un pourrait vous tenir le même discours : « la nature étant mal faite puisqu’elle a produit aussi des animaux carnivores, on se demande ce qu’il va falloir faire d’eux. Si on empêche les humains de faire souffrir les animaux, ne faudrait-il pas empêcher tous les animaux de faire souffrir des animaux ?!!!! »
Ce raisonnement me semble à nouveau fallacieux.
Ce n’est pas parce qu’il n’est pas possible de faire en sorte qu’il n’y ait plus aucune victime que cela justifie le fait d’en faire davantage, en exploitant et en tuant d’autres animaux.

Pour le troisième point, nous faisons face à une sixième extinction de masse, la biodiversité est déjà en train d’être grandement réduite, et ce en raison du système capitaliste et de l’élevage animal.
Par ailleurs, rien n’empêche d’envisager de sauver le maximum d’animaux possibles et de créer des refuges pour bœufs, veaux, porcs… Pourquoi ne pas envisager que nous puissions vivre avec les autres animaux sans envisager un rapport de domination et d’exploitation ?

Pour le quatrième point, vous l’avez pourtant dit dans le fameux « catalogue d’arguments », il faut beaucoup de plantes pour nourrir les animaux qui sont ensuite mangés.
Une alimentation exclusivement végétale permettrait de réduire grandement la consommation de plantes, contrairement à ce que vous avancez.
Le reste est une blague : « que vont se dire les plantes du fait qu’elles soient devenues seules à nourrir le monde »… Une variante du bien connu « cri de la carotte ». Vous n’êtes pas sérieux et j’imagine que vous faîtes vous-même la distinction entre un cochon et une carotte. La sentience (capacité à éprouver des choses subjectivement) est établie pour l’immense majorité des animaux que nous exploitons. Au contraire, les plantes ne possèdent pas de système nerveux.
Quand bien même vous vous inquiétez du nombre de plantes victimes de notre consommation, le véganisme permettrait d’en réduire le nombre.

Pour le cinquième point, quelle est la source ? Quel est le risque encouru ?
Les conséquences sur la vie des animaux que l’on mange sont elles connues : leur vie leur est enlevée…

Pour le sixième point, on peut espérer qu’une société qui se préoccupe des besoins de l’ensemble des individus avec lesquels on partage la planète cessera de participer à un système néfaste pour l’ensemble de ces mêmes individus (humains et non humains). Encore une fois je pense que la majorité des véganes sont opposé.e.s à ce système.
Néanmoins lutter contre l’exploitation des animaux ne suffira effectivement pas à mettre à mal le système capitaliste et il serait bien de se réunir plutôt que d’opposer les différentes luttes.

J’avais plutôt le sentiment que les gilets jaunes s’étaient retrouvés face à des CRS et non face à des « militants écolo végans ». Pourquoi encore une fois vouloir opposer des luttes qui sont toutes légitimes plutôt que d’unir nos forces ???

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