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La convergence des gilets jaunes et des salariés des entreprises, ce n’est pas se remettre derrière les bureaucraties syndicales !!!

15 mai 2019, 13:21

Le groupe opportuniste « Révolution permanente » du NPA ou l’attache permanente aux bureaucraties réformistes ?

Une fois de plus, au nom de la soi-disant unité nécessaire au renforcement de la lutte des Gilets jaunes, des organisations nous appellent à converger non pas avec l’ensemble du peuple travailleurs mais avec des appareils réformistes, syndicaux, politiques et associatifs. Leur proposition d’accord au sommet est une nouvelle mouture des intersyndicales ou des unions de la gauche, voire d’une union de la « gauche de la gauche », en somme d’unités au sommet qui ne permettent nullement aux travailleurs de décider eux-mêmes, de contrôler leur propre lutte et qui ne vont pas dans le sens du combat que nous menons qui n’est pas seulement revendicatif mais aussi politique et insurrectionnel, ce qu’aucune de ces organisations réformistes ne soutient. Ils ne soutiennent ainsi rien de ce qui a fait et fait encore la force du mouvement à savoir la question de l’auto-organisation, le fait que nos revendications sont aussi politique et posent, au travers du RIC au travers de l’aspiration du « pouvoir au peuple », la question de savoir qui doit diriger la société : le peuple travailleur ou les grandes fortunes. Et de cela, Révolution permanente pas plus que le reste de l’extrême gauche n’en parle pas. Ils restent sur le terrain de la lutte purement économique sans faire le lien entre la lutte immédiate pour nos conditions de vie et la perspective communiste au sens du programme de transition.

On peut lire, par exemple, dans un article intitulé « 27 avril : pour une convergence Gilets jaunes, Gilets rouges, associatifs et politiques ! », le groupe d’extrême gauche « Révolution permanente » écrit :
« (…) dix structures de la CGT (les fédérations des Industries chimiques et du Commerce et services, les Unions départementales 94, 04, 59, 41, 66, 95, 18 et 13) ont pris l’initiative de lancer un appel à une manifestation nationale le samedi 27 avril à Paris… À quelques semaines du congrès de la confédération, elles ont donc pris la décision de s’adresser aux « organisations syndicales, politiques et associatives et aux militantEs progressistes engagés dans les mobilisations en cours : Gilets jaunes, Gilets roses (des assistantes maternelles qui s’étaient mobilisées autour du 9 mars en convergence avec les collectifs de Femmes Gilets jaunes), climat, logement »…. Les pressions sont importantes, en particulier sur les Gilets jaunes engagés dans l’appel, des pressions amplifiées par le cadre relativement restreint des organisations prêtes à s’engager (ainsi l’absence du secteur associatif ou de syndicats issus de Solidaires ou de Force ouvrière). À peine le texte d’appel a-t-il été publié sur une page dédiée que ces Gilets jaunes signataires ont été fortement interpellés et secoués sur les réseaux sociaux. À tel point que seule Priscillia Ludosky est revenue aux réunions de préparation suivantes, accompagnée de nouveaux et nouvelles Gilets jaunes, notamment Sophie Tissier et le collectif qui déclare les manifs parisiennes depuis deux mois, ainsi que d’autres Gilets jaunes du 94 et du 77. »
Lire ici cet article
Notons que Révolution permanente fait appel à de soi-disant personnalités qui ne représentent nullement les Gilets jaunes puisqu’il n’existe aucune représentation de ce mouvement par des personnalités, et aussi que ce groupe compte sur des négociations entre sommets des organisations comme si les Gilets jaunes avaient accepté d’agir ainsi, ce qui n’est nullement le cas. On constate qu’au cours de ces négociations ne sont abordés que le fait de s’activer en commun sans discuter du fond : des buts, des moyens, des méthodes et des perspectives, ce qui n’est rien pour ces activistes pour lesquels seule compte la déclaration de convergence et pas son contenu !
Des mois après le début de la lutte des Gilets jaunes, ces militants politiques qui se disent parfaitement dans le mouvement n’y ont visiblement pas compris grand-chose et font mine d’ouvrir une perspective de lutte alors qu’ils veulent nous ramener des mois en arrière, quand le mouvement n’avait pas commencé ! Ils nous proposent tout simplement de nous unir à tous les appareils réformistes que nous avons quittés, en rompant avec leurs modes d’action, avec leurs conceptions politiques et sociales et avec leurs perspectives, et de le faire non sur nos propres bases mais sur les leurs !!! Cela s’appelle une « convergence » mais ce n’en est pas une avec les travailleurs, avec les démunis, avec tous ceux qui vivent durement de leur travail, dans les entreprises et en dehors. C’est une convergence avec des syndicats, des partis et des associations qui tous ont déjà convergé dans le passé lors des prétendues « journées d’action » dont la passivité a été démasquée par la seule existence du mouvement des gilets jaunes.
Ce qui a distingué le mouvement des Gilets jaunes de ceux initiés par les appareils syndicaux et le groupe « Révolution permanente » se garde bien de les souligner ou d’exiger quoique ce soit des dirigeants syndicaux qui voudraient « converger » avec les Gilets jaunes :

1°) unir dans l’action les retraités, les actifs et les chômeurs, les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, les sans-logis, les sans papiers, les emplois, la défense des salariés et des petits bourgeois ruinés…

2°) unir la défense des salariés du privé et la défense des salariés du public

3°) unir la défense du service public, la défense des aides sociales, la défense des droits sociaux, l’utilisation des fonds publics au service exclusif du public, la défense d’une imposition des classes possédantes

4°) unir la défense des intérêts économiques et sociaux des plus démunis à la défense politique de leurs droits démocratiques

5°) utiliser comme moyen d’action non la supplication, non la négociation mais l’action directe dans laquelle on ne demande ni autorisation ni accord du pouvoir et on ne prévient pas nos adversaires des actions à venir.

6°) ne pas céder aux interdictions de manifester, interdictions de se rassembler, interdictions de se réunir

7°) ne discuter avec aucune institution, administration, autorité

8°) n’être jamais représentés par personne, et décider par eux-mêmes de toutes les orientations de leur lutte, sans dépendre d’aucun parti, d’aucun syndicat, d’aucune association

9°) n’accepter aucune division, catégorielle, corporative, idéologique, ethnique, religieuse, raciale, etc.

10°) ne croire à aucun des baratins des faiseurs de solutions et n’accepter que les solutions qui viendront du peuple travailleur lui-même.

Ces méthodes de lutte des gilets jaunes n’ayant bien sûr pas changé les bureaucraties syndicales, qui ont témoigné d’une capacité solide à continuer à calomnier le mouvement et à le dénigrer, il n’y a pas de raison pour croire en une simple « convergence » entre syndicats et gilets jaunes, même pour les syndicats les plus « à gauche », comme CGT, SUD, FO ou CNT, syndicats qui d’ailleurs convergent plutôt avec les autres appareils syndicaux plutôt qu’avec les gilets jaunes. On a remarqué aussi que les syndicats continuent à être défavorables, dans les entreprises, que les travailleurs s’organisent par eux-mêmes. Si le mouvement de grève des Urgences des hôpitaux parisiens s’est lancé de lui-même, en partant des Urgences de l’hôpital Saint Antoine, organisés de manière indépendante des syndicats, avec le seul soutien du syndicat SUD, et que la CGT et FO, y compris sur Saint Antoine ont continué à agir indépendamment… des salariés organisés, notamment pour négocier avec la direction de l’APHP, ils ont ensuite lancé un mouvement des urgences pour ne pas être débordés, puis un mouvement d’ensemble des personnels de l’APHP en se gardant d’organiser les travailleurs et de les laisser décider eux-mêmes de leur mouvement.

Et ce n’est qu’un exemple montrant que les appareils syndicaux n’ont pas l’intention d’abandonner leurs fondamentaux qui consistent à ne pas contester le pouvoir politique des possédants, à refuser l’intervention politique des exploités, leur action directe comme leur démocratie directe, et la perspective de leur lutte, le pouvoir aux travailleurs.

Comme l’essentiel de l’extrême gauche française (NPA, LO, POI, Alternative libertaire, CNT), le groupe « Révolution permanente » du NPA est trop lié politiquement, trop allié et mêlé aux organisations syndicales, à la gauche réformiste, aux associations réformistes pour prendre la mesure du changement vers l’auto-organisation que représente le mouvement des Gilets jaunes en France ou le mouvement de révolte en Algérie. L’un et l’autre ont rejeté en masse les anciennes formes d’organisation liées aux institutions et aux classes possédantes, qu’il s’agisse de partis, d’associations ou de syndicats. Ce n’est pas des individus ni des groupes qui les rejettent mais le mouvement de masse lui-même et « Révolution permanente » ne voit pas dans le fait que les exploités veuillent se diriger eux-mêmes de manière permanente comme un signe d’une telle…. révolution permanente.

Pourtant, aux quatre coins du pays, les Gilets jaunes se sont auto-organisés et ont rompu avec des décennies d’obéissances aux bureaucraties réformistes, politiques, associatives et syndicales, celles qui n’ont cessé de nous demander de négocier, de demander des autorisations de manifester, de nous rassembler ou de faire grève, celles qui ont discuté avec le pouvoir tous les reculs sociaux et politiques et les ont ainsi entériné, même en protestant ou en faisant semblant. Les dernières en date des protestations platoniques des appareils syndicaux comme celles des cheminots ou de la loi travail n’ont mené qu’à des défaites complètes alors que, dès le début, le mouvement des Gilets jaunes qui s’est refusé à de telles méthodes des négociations/journées d’action alternés, ont fait plusieurs fois fait reculer sur plusieurs points le pouvoir et sont encore en train de le faire.

Le prétexte que trouvent toutes ces prétendues « extrêmes gauches » pour mettre le mouvement des Gilets jaunes sous la coupe des bureaucraties est la nécessité d’unir dans la lutte gilets jaunes et travailleurs des entreprises, unité qu’elles appellent « unité des gilets jaunes et des gilets rouges » ou « unité des gilets jaunes et des syndicats »…

Certes, dès le début, des militants syndicalistes ont rejoint les rassemblements des ronds-points, les assemblées et les comités de gilets jaunes et leurs manifestations et ils ont été accueillis sans difficulté aucune du moment qu’ils ne prétendaient pas mettre la lutte sous la direction d’un appareil syndical qui, comme dans les journées d’action des appareils syndicaux ou intersyndicales, dirigerait à la place des travailleurs.

On aurait pu s’attendre que des partis ou organisations se réclamant de la révolution sociale et socialiste n’aient pas les mêmes limites que les appareils réformistes, mais c’est compter sans les calculs politiques de leurs dirigeants qui ont pensé pouvoir utiliser les organisations réformistes pour développer leur influence et qui, dans cette intervention, ont été plus influencés par les appareils réformistes qu’ils ne les ont influencé, bien entendu vu le rapport des forces…

Le groupe « Révolution permanente » défend auprès des Gilets jaunes la nécessité de ne pas s’isoler en prenant prétexte de cela pour justifier d’accepter les directions des partis et des syndicats, que ces opportunistes intitulent « gilets rouges ». Ce sont tous les Martinez, secrétaire général de la CGT, et autres Mercier, dirigeant de la CGT et porte-parole de LO qui ont affirmé que son syndicat était celui des « gilets rouges », mais il n’est rouge qu’en paroles ! La couleur de ces bureaucrates, même repeinte en rouge par des faux extrêmes gauches, serait plutôt celle de la trahison des intérêts généraux des travailleurs auxquels ils refusent systématiquement le droit de se diriger eux-mêmes ! Et, en suivant de tels bergers de luttes, les travailleurs, pris pour des moutons, ne peuvent qu’aller… à l’abattoir !!!

Si les travailleurs doivent mener un combat au sein des entreprises pour rejoindre les gilets jaunes, cela consiste d’abord à se donner les moyens de s’organiser de manière indépendante comme viennent de le faire les personnels des urgences de l’hôpital Saint Antoine. Remarquons d’ailleurs qu’en agissant ainsi, ils ont davantage contraints les syndicats à l’action qu’en les rejoignant sans s’auto-organiser !!!

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