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Marseille : la guerre de classes fait rage dans l’immobilier

25 mai 2019, 18:02

A Marseille, la guerre des classes bat son plein.

Un seul exemple. Des employées de la société de sous-traitance Elior Services de Marseille sont installées devant leur hôtel depuis quarante jours pour demander des meilleures conditions de travail. Jeudi, une tentative d’expulsion musclée a mené deux juristes qui les conseillent en garde à vue.

Depuis le 11 avril, les deux jeunes juristes accompagnent dans leur lutte les femmes de chambre en grève de l’hôtel. Ces dernières, employées de la société de sous-traitance Elior Services, se sont installées sur le trottoir devant l’établissement pour afficher leurs revendications : amélioration des conditions de travail, treizième mois, paiement d’heures impayées… Après un peu plus de quarante jours de conflit, malgré quelques avancées, les grévistes n’ont toujours pas réussi à trouver un accord global avec la direction d’Elior, qui se réfugie derrière les accords de branche pour refuser d’augmenter leurs salaires. La situation est d’autant plus bloquée que la direction refuse de négocier avec le syndicat CNT, qu’elle juge non-représentatif.

Face à la détermination des grévistes et de leur soutien, c’est tout un arsenal juridique qui est déployé : assignations pour entrave à l’entrée des employés, convocations au commissariat pour nuisance diurnes, surveillance constante… Encore ce jeudi matin, les deux juristes de la CNT étaient attendues au poste de police pour des dégradations survenues dans l’hôtel la semaine dernière, à laquelle elles affirment ne pas avoir pris part. Mais alors qu’elles étaient entendues au commissariat, « les policiers en ont profité pour expulser les grévistes vers le trottoir d’en face et nous faire croire qu’on n’avait pas le droit d’être là. Ce qui est faux ! » s’indigne Hélène Le Cacheux, militante LFI également engagée aux côtés des femmes de chambre. Le tribunal de grande instance a en effet tranché la question le 29 avril, rendant une ordonnance autorisant les grévistes à rester sur la voie publique tant qu’elles n’obstruent pas les entrées de l’hôtel.

Jeudi, il est midi lorsque les deux juristes, alertées sur la situation par les femmes de chambre, décident de quitter le commissariat pour rejoindre le piquet de grève et empêcher l’évacuation. Sur place, la situation est tendue. « On a cru que c’était la guerre ! Les policiers sont arrivés avec les boucliers et des casques ! » raconte Eliza, femme de chambre au NH. Anna, une militante de la CNT, assiste elle aussi à la scène : « Les policiers ont saisi notre banderole. Camille ne voulait pas la lâcher. Alors ils se sont énervés et l’ont ceinturée ! » Lara Schäfer décide d’intervenir pour venir en aide à sa consœur. Toutes deux sont alors interpellées et ramenées au commissariat.

Elles en sortiront vers 19h30 et feront finalement l’objet d’une composition pénale, une procédure judiciaire concernant des infractions minimes qui permet d’éviter un procès pénal. « Cette suite est plus douce que ce qu’on pouvait redouter. Elles ne risquent pas de prison ferme », se réjouit Clémence Lachkar, l’une des avocates des grévistes. Chez les soutiens des juristes, l’inquiétude était d’autant plus grande que Camille El Mhamdi est enceinte de sept mois et demi. La juriste, qui se plaignait de douleurs au ventre, a d’ailleurs été conduite à l’hôpital à l’issue de sa garde à vue. « Vous croyez vraiment qu’une femme enceinte qui sort de l’hôpital pourra revenir sur le piquet ? enrage un militant CNT. Cet acharnement, c’est fait pour ça, pour mettre fin à la grève… » Désormais, un cordon de sécurité a été installé devant l’hôtel, sur le trottoir, pour repousser les grévistes sur la chaussée. « On est fatiguées…, soupire Eliza. Mais on va aller jusqu’au bout. » Demain, comme depuis quarante jours, elle reviendra sur le piquet de grève.

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