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Et maintenant, la guerre commerciale mondiale !

22 mai 2019, 07:33

L’administration Trump a conclu un accord avec le Canada et le Mexique pour la suppression des droits de douane sur l’acier et l’aluminium. Elle a également mis en suspens sa décision d’imposer un tarif de 25 % sur les automobiles et les pièces d’automobiles européennes et japonaises pendant au moins six mois.

Ces décisions, cependant, ne représentent pas un affaiblissement de l’agenda nationaliste de guerre commerciale de Trump, « American First ». Il s’agit plutôt d’une tentative de gagner des alliés en prévision d’une confrontation économique accrue avec la Chine.

Ces annonces répondaient aux critiques de certains secteurs de l’establishment politique américain selon lesquelles, en ciblant les alliés des États-Unis, Trump affaiblissait sa position contre la Chine. Ces mesures ont donc été largement saluées.

Un éditorial du Washington Post intitulé « Un front uni contre la Chine » déclarait que la réduction des tensions commerciales avec l’Europe, l’Asie et l’hémisphère occidental permettrait à l’administration de se concentrer sur la Chine « où elle a le plus fort argument pour jouer dur ». Il pourrait voir les « amis traditionnels des États-Unis » se ranger aux côtés de « Trump dans cette compétition, même à cette date tardive et malgré les affrontements gratuits qu’il a eus avec eux ».

Toutefois, le conflit au sujet des tarifs des automobiles, qui serait invoqué en vertu des dispositions relatives à la sécurité nationale, est loin d’être terminé. Trump a indiqué qu’à la fin de la suspension de six mois, il s’attend à ce que l’Union européenne et le Japon réduisent leurs exportations de voitures vers les États-Unis, éventuellement par le biais de quotas ou d’autres restrictions.

Une telle mesure ne manquera pas de provoquer une opposition.

« Nous rejetons totalement l’idée que nos exportations de voitures constituent une menace pour la sécurité nationale », a tweeté la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmstrom. « L’UE est prête à négocier un accord commercial limité [y compris pour les voitures] », a-t-elle écrit, mais pas « un commerce géré », qui est illégal selon les règlements de l’Organisation mondiale du commerce.

La question des droits de douane sur les véhicules automobiles est une question à part entière, mais elle est également utilisée par l’administration Trump pour faire pression sur l’UE afin qu’elle ouvre ses marchés aux produits agricoles américains. Cependant, Bruxelles n’a cessé d’insister sur le fait que l’agriculture n’est pas sur la table – une position soulignée par la référence de Malmstrom dans son tweet à un accord commercial « limité ».

Pendant ce temps, la guerre économique américaine contre la Chine s’intensifie, surtout sur le front des télécommunications et de la technologie.

La semaine dernière, Trump a signé un décret exécutif qui interdit quasiment au géant chinois des communications Huawei de vendre ses produits aux réseaux américains. Ce qui est encore plus important, c’est la décision simultanée du ministère du Commerce d’imposer des restrictions sur la vente de composants à des entreprises chinoises comme Huawei qui dépendent des puces informatiques américaines pour la fabrication de leurs produits.
Lundi, Google, le monopole des logiciels de recherche sur Internet et des smartphones, a annoncé qu’il empêcherait les téléphones Huawei d’accéder à des parties essentielles du système d’exploitation Android, mettant ainsi fin aux activités de Huawei à l’étranger.

Pour compliquer la situation, les fabricants américains de matériel informatique Qualcomm, Broadcom et Intel ont annoncé qu’ils ne vendraient plus à l’entreprise les composants sans lesquels elle ne peut produire aucune de leur gamme actuelle de smartphones ou systèmes d’infrastructure informatique.

Ces mesures ont été prises après que le ministère américain du commerce a ajouté Huawei à sa Liste d’entités restreintes au motif qu’elle était « engagée dans des activités contraires à la sécurité nationale ou aux intérêts de la politique étrangère américaine ».

Les entreprises se sont conformées à la mesure effrontément protectionniste de Trump, qui a de graves conséquences pour leurs propres intérêts commerciaux, sans la moindre protestation. Quels que soient les dommages que la guerre commerciale de Trump causera à leurs résultats financiers, ils seront plus que compensés en gagnant la faveur de l’État américain et en obtenant un traitement réglementaire préférentiel et des contrats militaires lucratifs à la valeur de milliards de dollars.

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