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Jenny, la femme de Karl Marx

17 mars 2018, 08:07

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 8 décembre 1857

Cher Friedrich,

Tandis que je t’écrivais ma dernière lettre à l’étage, ma femme, en bas, était assiégée par des loups affamés qui, tous, prenaient prétexte de la dureté des temps (la crise) pour lui extorquer l’argent dont elle était entièrement démunie. Heureusement, quelques jours après, sont arrivées d’Allemagne quinze livres qui ont permis de reculer d’une semaine ou deux le jour du malheur. Bon. Dans de telles conditions, j’avais, en écrivant, l’esprit plutôt confus, mais tout de même pas confus au point de ne pas m’être rappelé, le soir même, après l’envoi de la lettre, la confusion que j’avais faite (dans une analyse de la crise)… J’ai raconté à ma femme la tête que tu allais faire en voyant que je faisais emprunter à des débiteurs de l’argent sur les traites qu’ils ont eux-mêmes à payer, etc. Comme elle est durement éprouvée par la « petite guerre » qu’elle mène contre toute cette gueusaille, je l’ai fait rire tout ce temps par des réflexions sur la manière dont tu m’expliquerais mon erreur de la façon la plus gentille qui soit….

Lettre de Jenny Marx à Conrad Schramm

Londres, le 8 décembre 1857

Cher Monsieur Schramm,

Bien que nous ressentions durement les effets de la crise américaine sur notre portemonnaie, dans la mesure où Karl n’écrit plus qu’une fois par semaine au lieu de deux pour le « Tribune », qui a licencié tous ses correspondants en Europe sauf Bayard Taylor et Karl, vous pouvez néanmoins vous imaginer si le Maure (surnom de Karl Marx) est de bonne humeur (du fait de la crise capitaliste !). Il a retrouvé toute sa capacité de travail et toute son aisance antérieure, ainsi que la fraîcheur et l’allégresse intellectuelles qu’il avait perdues depuis des années, depuis ce grand deuil qu’a été la perte de notre cher petit (Edgar Marx) dont mon cœur ne se consolera jamais. Karl travaille le jour pour gagner le pain quotidien, la nuit pour achever son économie. A présent que cet ouvrage est devenu un besoin de notre époque, une nécessité, on va bien finir par trouver un misérable libraire pour l’éditer…

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 18 décembre 1857

Cher Friedrich,

Je t’écris en toute hâte ces quelques lignes. Je viens de recevoir du misérable collecteur d’impôts le « troisième et dernier avertissement » m’avisant que, si je ne paie pas d’ici lundi, on m’enverra l’huissier à la maison lundi après-midi. C’est pourquoi, si possible, envoie-moi quelques livres avant lundi. Le manque d’argent est, chez moi, actuellement encore plus grand que d’habitude, parce que, depuis environ trois semaines, je suis obligé de tout payer comptant et que toute forme de crédit a cessé, alors que, dans le même temps, les deux tiers de mes rentrées d’argent fichent le camp aussitôt pour couvrir mes dettes flottantes. De plus, les rentrées sont très réduites, puisque, jusqu’à présent, je ne peux pas expédier plus d’un article au « Tribune ». Voilà pour les affaires privées.

J’abats un travail gigantesque – le plus souvent jusqu’à quatre heures du matin. Ce travail est de deux sortes : 1- Elaboration des Traits fondamentaux de l’Economie politique ; 2- La crise actuelle. A ce sujet, en dehors des articles pour le « Tribune », je note simplement tout au jour le jour, mais cela prend un temps considérable. Je pense que, vers le printemps, nous pourrions écrire ensemble un pamphlet sur cette histoire – pour nous signaler de nouveau au public allemand – pour montrer que nous sommes de nouveau et toujours là, et toujours les mêmes…

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