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Jenny, la femme de Karl Marx

24 février 2018, 08:42, par R.P.

Lettre de Marx à Lassale (à Dusseldorf)

Londres le 23 février 1852

Cher Lassalle,

… Depuis ma dernière lettre, mon état de santé s’est de nouveau amélioré, bien que mes yeux me fassent encore beaucoup souffrir. Ma situation sociale, par contre, s’est aggravée. J’ai reçu un refus définitif du libraire pour mon Economie ; mon manuscrit contre Proudhon, qui se promène depuis un an en Allemagne n’a pas trouvé non plus de havre. La crise financière enfin a atteint un niveau qui n’est comparable qu’à celui de la crise commerciale qui se fait sentir actuellement à New York et à Londres. Malheureusement, je n’ai même pas, comme ces messieurs les négociants, la ressource de faire banqueroute…

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 27 février 1852

Cher Engels,

… Depuis une semaine, j’ai atteint le point agréable où, faute de redingote – elles sont toutes au mont-de-piété – je ne sors plus et je ne peux plus manger de viande par maque de crédit chez le boucher. Tout ça, c’est de la merde, mais je crains que ces emmerdements ne se terminent par quelque scandale.

Lettre de Marx à Engels

Londres, le 14 avril 1852

Cher Frédéric,

Je t’écris ces deux lignes pour t’annoncer que notre petite est morte aujourd’hui à 1 heure ¼.

Ton

K.Marx

(La petite Franziska était née un an plus tôt)

Lettre d’Engels

Manchester le 20 avril 1852

Cher Marx,

J’ai vu avec regret que mes craintes au sujet de ta petite fille ne se sont confirmés que trop rapidement. Si seulement il y avait quelque moyen qui te permettait de t’installer avec ta famille dans une région plus saine et une demeure plus spacieuse ! J’aurai tellement aimé t’envoyer quelque argent, mais j’ai dépensé à Londres tellement plus que ce que j’avais escompté, que je suis obligé moi-même de tirer le diable par la queue jusqu’à la fin de ce mois, et le mois prochain je dois débourser 12 livres d’un seul coup pour factures diverses et livres commandés en Allemagne. Je vais cependant voir s’il n’y a pas moyen de t’envoyer quelque chose dès le début de mai. Je regrette de n’avoir pas su plus tôt comment les choses se présentaient à Londres ; j’aurai alors renoncé à ce voyage, au fond tout à fait superflu, et cela m’aurait laissé plus à l’aise…

Toutes mes amitiés à ta femme et donne bientôt de tes nouvelles.

Ton

F. Engels

Lettre de Marx à Adolf Cluss (à Washington)

Londres le 23 avril 1852

… Tu comprendras que la lettre de Weydemeyer a provoqué ici une impression très désagréable, surtout sur ma femme, car elle est arrivée le jour des obsèques de mon dernier-né et ma femme voit maintenant régulièrement depuis deux ans toutes mes entreprises échouer. Ta lettre (arrivée le 19 avril) qui me laisse entrevoir la perspective de recevoir le Bonaparte imprimé n’en fut que plus agréable pour moi, car elle a redonné courage à ma femme, qui a fait preuve de beaucoup de ressort…

(Bonaparte, c’est bien entendu « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte »)

Lettre de Marx à Engels

Londres le 24 avril 1852

Cher Frédéric,

La semaine dernière, j’ai été dans une merde inimaginable. Le jour de l’enterrement les sommes promises ne sont rentrées de nulle part, si bien que je fus contraint de courir chez des Français du voisinage pour pouvoir payer ces crapules de croque-morts anglais. Et, comble de malheur, je reçus la lettre de Weydemeyer, m’indiquant qu’en Amérique aussi toutes les chances semblent perdues. Cluss, dont tu auras la lettre la semaine prochaine, laisse entrevoir maintenant des perspectives meilleures. Quoique de dure complexion, j’ai été sérieusement atteint cette fois-ci par toute cette saloperie…

Envoie-moi quelques timbre, car je dois te faire parvenir un tas de trucs.

Ton

K. Marx

Lettre de Marx (à Manchester) à sa femme Jenny (à Londres)

Manchester, le 11 juin 1852

Mon cœur adoré,

Ta lettre m’a fait plaisir. Du reste, tu n’as pas à hésiter à toujours tout me dire. Puisque tu dois, pauvre petit diable, subir toutes les épreuves d’une réalité amère, il n’est que juste que je prenne au moins en pensée ma part de ton tourment. Je sais du reste que tu as énormément de ressort et que la moindre lueur favorable te fait revivre. J’espère qu’au cours de cette semaine encore, ou au plus tard d’ici lundi, tu auras encore 5 livres…

Embrasse bien de ma part mes petits bonshommes.

Ton

K. Marx

On ne cite pas ici, dans la même lettre, la tonne de demandes à sa gentille femme Jenny pour toutes les productions, éditions, courriers et rédactions… Cela montre à quel point Jenny était engagée dans les travaux, écrits et relations politiques de Karl…

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