Accueil > ... > Forum 4492

« Démocraties populaires » : ni communistes, ni socialistes, ni démocratiques, ni populaires

9 juillet 2010, 11:58, par F. Kletz

« En 1945, nul ne voulait la révolution en Hongrie. D’ailleurs, l’Union soviétique n’aurait jamais permis qu’un mouvement révolutionnaire vînt balayer les vestiges surannés du passé. Staline n’aimait pas les révolutionnaires. Ce fut précisément pour cette raison qu’il fit exécuter quelques romantiques combattants de la guerre civile d’Espagne, et, parmi ses alliées, tous ceux qui – comme Trotski et bien d’autres – croyaient à la force cathartique de la révolution. C’était les hommes robots qu’il préférait, les fonctionnaires dociles, les exécutants aveugles. Tous les autres restaient suspects à ses yeux. En 1945, pour tout dire, une révolution sociale hongroise eût été contraire aux intérêts de l’armée russe, laquelle, conformément à une vieille tradition orientale, au lieu de compter sur les ressources de l’Union soviétique, assurait le ravitaillement des combattants – et, plus tard, des occupants – en réquisitionnant (souvent avec des méthodes aussi hypocrites qu’impitoyables) denrées alimentaires, cheptel et pétrole dans les pays mêmes qu’elle avait envahis. Aussi n’aurait-elle guère apprécié que ces biens se dispersent dans le chaos d’une révolution.

Peu de temps après, les communistes voulurent persuader le peuple hongrois qu’ils avaient fait bénéficier de conquêtes révolutionnaires tout en lui épargnant les sanglants sacrifices d’une révolution.

Sándor Márai (1900-1989), » écrivain et journaliste hongrois.
Dans Mémoires de Hongrie (Föld, föld !..., 1972) Albin Michel, 2004

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.