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Luttes de classes en Italie

4 juillet 2017, 07:52

Le Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi a subi dimanche 25 juin une sévère défaite au deuxième tour des élections municipales italiennes. L’alliance électorale entre Forza Italia (Allez l’Italie) de Berlusconi, Lega Nord (Ligue du Nord) de Matteo Salvini et le parti fasciste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) ont tiré profit du revers de Renzi.

La participation a été extrêmement faible en atteignant seulement 46 pour cent au deuxième tour, avec moins d’un électeur sur deux étant allé voter

. Le résultat de l’élection est un énorme vote de défiance envers le Parti démocrate (PD) au pouvoir et l’ensemble du camp dit de centre-gauche.

L’expression « centre-gauche », qui est omniprésente dans les médias, a depuis longtemps perdu toute signification politique. Au cours de ces 25 dernières années, ce furent principalement les organisations ayant pris la relève du Parti communiste italien (PCI) qui ont mené les attaques contre la classe ouvrière, tout récemment avec le Jobs Act de Renzi. Ces organisations se sont déplacées de plus en plus vers la droite ; le PD est le résultat de ce processus.

Au total, plus de mille villes et municipalités ont participé aux élections à deux tours. Un premier tour eut lieu dimanche dans 111 municipalités. Les élections municipales sont le dernier test important avant les élections législatives nationales, qui doivent avoir lieu au plus tard en mai 2018.

Dans les 25 capitales régionales et grandes villes où des élections eurent lieu cette année, le camp gouvernemental a cédé 9 villes sur 15 aux partis de la droite. Il s’agit entre autres de Gênes, La Spezia, Pistoia, Côme, L’Aquila, Asti et Rieti. À Rome, à Turin, à Milan et à Naples, les élections s’étaient déjà déroulées l’année dernière.

Dans la ville portuaire de Gênes, où la fonction de maire a traditionnellement été occupée par le PCI, le Parti socialiste et, plus récemment, le PD, c’est l’entrepreneur sans parti Marco Bucci qui a gagné en se présentant sur la liste de Lega Nord. Il en a été de même de La Spezia, ville traditionnellement considérée à « gauche ». Ici, c’est un ancien fonctionnaire de la CISL chrétienne-démocrate (Confédération italienne des syndicats de travailleurs) qui l’a remporté, également avec le soutien de la Lega Nord.

Le journaliste Roberto di Stefano, 39 ans, s’est imposé dans la banlieue milanaise de Sesto San Giovanni, une ville traditionnellement industrielle et ouvrière. Pour la première fois depuis 1945, c’est-à-dire depuis 72 ans, un candidat soutenu par une alliance de partis de droite y est devenu maire.

Les résultats des élections expriment le quasi-effondrement du camp gouvernemental. Le mécontentement à l’égard du gouvernement PD et des nombreux maires supposés « de gauche », a pris une énorme proportion. Le pays ressemble à une poudrière sociale. Des millions d’Italiens ont boudé les urnes le 11 et de nouveau le 25 juin parce qu’ils ne perçoivent plus la possibilité d’influencer le développement politique au moyen du bulletin de vote.

C’est particulièrement vrai pour la jeune génération. Les jeunes rejettent de plus en plus tous les partis pareillement. C’est ce qu’a révélé une enquête intitulée Rapporto Giovani réalisée auprès de 2000 jeunes âgés de 20 à 34 ans. À la question de savoir quel parti ils préféraient, 34,6 pour cent ont répondu : « Aucun ». L’étude Génération Quoi menée par l’Union européenne de radio-télévision (UER) a révélé qu’en Italie, 65 pour cent des 18-34 ans sont prêts à participer à un mouvement de révolte de grande ampleur, après la Grèce avec 67 pour cent. En France ce pourcentage est de 61 pour cent.

Il y a cinq ans, le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo avait capitalisé sur le mécontentement général. En vociférant des insultes contre la « corruption des politiciens », Grillo était apparu comme une sorte de tribun populaire à l’encontre des partis traditionnels. En réalité, il avait cherché avec une politique nationaliste à inciter les sections en colère de la petite bourgeoisie à s’élever contre les étrangers.

Il y a tout juste un an, le Mouvement 5 étoiles avait conquis les villes de Rome et de Turin. Ceci fut fatal au M5S, après que la maire de Rome, Virginia Raggi, ait été mêlée à une affaire de corruption et ait été accusé d’avoir des liens avec la Mafia.

En conséquence, les candidats de Beppe Grillo ont subi pour la première fois des pertes énormes lors d’élections municipales. Le M5S n’a pu remporter que quelques municipalités au premier tour. Sur un total de 158 municipalités avec plus de 15 000 habitants, le M5S occupe maintenant le poste de maire dans seulement 8 villes. À Parme, la ville de sa première grande victoire il y a cinq ans, Federico Pizzarotti a, après son expulsion de M5S, remporté les élections face à Grillo.

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