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Histoire des grèves de cheminots en France et dans le monde

11 août 2017, 06:09

Rappelons la grève des cheminots en France en 2001 :

Treize jours après l’appel de tous les syndicats de la SNCF à une journée d’action le 29 mars, la grève tenait ferme encore dans une dizaine de dépôts et la direction n’était pas parvenue à rétablir un trafic normal. Le PDG de l’entreprise ferroviaire, Louis Gallois, avait pourtant bénéficié de l’intervention appuyée du ministre PCF des transports Jean Claude Gayssot, de celle du leader de la CGT Bernard Thibault, sans compter celui de la fédération des cheminots Didier Le Reste, lesquels tous en choeur, avaient appelé à la reprise et crié haro sur les grévistes, fustigeant leur prétendu corporatisme et leur irresponsabilité.
Ces pelés, ces galeux de grévistes, il est vrai essentiellement des roulants, qu’ont-ils donc fait de répréhensible ? Ils se sont contentés de poursuivre la grève au-delà de la journée d’action, sur la base même des mots d’ordres syndicaux, c’est-à-dire sur des revendications générales à tous les cheminots.

Face à l’augmentation du trafic, fret et voyageurs, depuis quelques années maintenant, la SNCF a refusé d’embaucher en conséquence pour absorber la charge de travail supplé mentaire. La mise en oeuvre des 35 heures s’est également faite sans embauches correspondantes. Cela aboutit à une situation folle où la direction ne peut accorder ni les repos dus aux 35 heures, ni même les repos périodiques et les congés annuels de l’année 2000 ! Pour assurer malgré tout des congés, elle ferme des gares, elle supprime des trains... Par ailleurs, le gel des salaires, appliqué depuis des années, a été scellé avec les organisations syndicales signataires (CGT, CFDT) par l’accord 35 heures en 1999.

C’est cette situation faite aux cheminots qui est à l’origine de leur colère. A cela s’ajoute le projet de gestion par activité (" Cap clients "), qui demeure flou pour nombre d’entre eux, mais provoque la crainte d’éventuelles privatisations. En tout cas ce projet a pour objectif de diviser les cheminots et de tenter d’augmenter encore leur charge de travail.
Dans ce contexte, la journée d’action du 29 mars a connu un certain succès. Des centres ont reconduit la grève le lendemain. Le gouvernement et la SNCF inquiets des suites possibles, ont avancé les négociations du 9 au 5 avril.

La CGT et la CFDT, organisations majoritaires à la SNCF, ont adopté une attitude " responsable ", demandant d’attendre le résultat des négociations du 5 avril, sans pour autant appeler à la grève, laissant ainsi l’initiative de l’action aux minoritaires. Mais à la base, les militants de la CGT, pas à l’aise face au mécontentement ambiant, ont souvent suivi le mouvement, d’autant que la politique de collaboration de leur fédération pour la mise en place des 35 heures leur vaut encore des rancoeurs.

Il eut été étonnant dans ces conditions que la direction lors de la négociation du 5 avril ne lâche autre chose que des miettes : 0,7 % en plus sur les salaires pour compenser la hausse annuelle des prix et des sommes ridicules sur quelques primes, et la " suspension " jusqu’à de nouvelles négociations avec les syndicats du projet " Cap clients ". C’était cependant suffisant pour la CGT et la CFDT pour se prononcer pour la reprise d’une grève... à laquelle elles n’avaient pas appelé.

SUD, la FGAAC et FO se sont prononcés pour la continuation de la grève. Mais sans vraiment chercher concrètement à l’étendre là où elle n’était pas effective, c’est-à-dire aux catégories des sédentaires. C’était là pour eux une façon de se donner une image radicale à bon compte. Reste que ni SUD, ni la FGAAC, ni FO ne souhaitaient vraiment entraîner les deux autres syndicats à leurs côtés, leur préoccupation principale étant de marquer des points par rapport à eux, et de faire la preuve de leur " représentativité " auprès de la direction à qui ils reprochent de collaborer pour l’essentiel avec les dirigeants de la CGT et de la CFDT. Quant à la FGAAC, syndicat catégoriel par définition, ce fut pour elle l’occasion de tenter de dévoyer le mouvement sur des revendications purement corporatistes en réclamant une augmentation de 5 % à 10 % pour les seuls conducteurs.

Si ces syndicats, minoritaires aux élections chez les cheminots, ont partiellement réussi à atteindre leurs objectifs, force est de reconnaître que c’est grâce à la politique des dirigeants CGT et accessoirement CFDT. Les deux fédérations majoritaires n’ont même pas appelé à une journée d’action pour le 5 avril : elles avaient précisé qu’elles se contentaient de déposer un préavis pour permettre à ceux qui le souhaitaient de débrayer ce jour-là. Et pire, elles ont au lendemain incité les grévistes à la reprise, plus ou moins ouvertement, avec plus ou moins d’insistance, en fonction du rapport de force local. C’est ainsi par exemple qu’on a pu voir samedi 7 avril la CGT de Marseille, jusque-là encore dans la grève bien que s’étant prononcé pour son arrêt, se retirer du mouvement alors que 95 % des conducteurs du dépôt votent en assemblée générale pour la continuation.

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