Accueil > ... > Forum 40250

La physique qui n’est pas pure mathématique

19 novembre 2017, 09:23

Ce n’est pas parce que nous parvenons à formuler une loi mathématique d’un phénomène que nous le comprenons. Il faut différencier deux temps dans la démarche scientifique : celui de la mesure et de l’écriture mathématique du phénomène et celui de son intelligibilité, de la compréhension de l’ensemble des causes qui le déterminent, de la découverte des lois plus générales qui le gouvernent et le rattachent à la totalité des autres objets existants qui constituent le système du monde.

Si Galilée a affirmé que la nature parle essentiellement le langage de la mathématique, il ne constitue pour autant qu’une première approximation, un mode provisoire d’accès à la vérité scientifique.

Le souci d’objectivité pouvant s’ériger en système de vérités incontestables a constitué, depuis la naissance de la science moderne, une orientation méthodologique inflexible qui, en permettant de circonscrite un domaine de certitudes, en délimitant celui des sciences exactes, en érigeant la mathématique comme une langue universelle, a pu échapper aux incertitudes et confrontations de savoirs divergents et contribuer ainsi pour un temps au progrès de l’esprit.

Mais, cette exigence épistémologique nécessaire a également contribuer à s’éloigner toujours un peu plus des contraintes axiomatiques des lois et principes de bases de la physique, à se détacher du soucis d’avoir à représenter la mécanique et l’être des phénomènes au point que le langage mathématique n’a pas craint d’afficher son autonomie et son intraduisibilité dans l’espace de la raison représentative.

La physique quantique, en séparant les principes applicables à son propre domaine et ceux relevant de la physique classique a ainsi rendu irréductible l’un à l’autre ces deux univers (alors que par essence les objets du monde sont unis), supposant un espace de savoirs autonomes, intraduisibles dans le langage de la sensibilité quotidienne.

Pour cette physique idéaliste et formelle, on peut tolérer plusieurs représentations du phénomène puisque seule importe la vérification expérimentale et la cohérence mathématique. Celle-ci devient la vérité objective qui facilite l’accord de toutes les subjectivités. Le rêve d’un positivisme universel qui échapperait à tout anthropomorphisme constitue l’idéal scientifique par excellence. Dés lors, l’orientation choisie par cette physique formelle sera de se libérer de toutes les représentations pour traduire le monde en un système global d’équations, d’atteindre l’univers platonicien des pures idéalités.

Jean-Jack Micalef, Critiques des fondements de la physique contemporaine

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.