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Capitalismexit ? La loi du Capital est-elle une règle du passé ?

14 septembre 2018, 08:46, par Henri Houben

En 2008, une bulle a éclaté. La spéculation sur les crédits hypothécaires des gens a été confrontée au fait que les ménages américains ne pouvaient plus rembourser leurs crédits. Le système bancaire s’est écroulé.

En réalité, il y avait une crise qui était latente, qui a éclaté en 2000-2001. Il y avait une spéculation très forte sur les valeurs technologiques, Internet, etc. Il y a eu une chute des cours boursiers. À ce moment-là, les autorités monétaires américaines ont fortement baissé les taux d’intérêt. Et, comme les patrimoines des ménages sont composés essentiellement de propriétés immobilières (logements, etc.) ou financières (titres, actions, etc.), les ménages ont pu passer cette crise-là : si les actifs financiers baissaient, les actifs immobiliers, eux, ne baissaient pas. Le fait d’avoir baissé les taux d’intérêt a permis de doper le secteur immobilier puisque que les gens pouvaient emprunter très facilement à taux très bas et acheter des maisons et des appartements, ce qu’ils ont fait de manière massive. Cette manière de résoudre la crise de 2001 a permis effectivement de sortir de cette crise conjoncturelle. Mais, en même temps, on a semé les graines de la crise suivante parce que, évidemment, le secteur immobilier et le secteur bancaire qui finançait les achats immobiliers se sont à un moment heurtés au fait que la plupart des gens qui voulaient être propriétaires l’étaient devenus, mais les autres soit ne voulaient pas l’être soit n’avaient pas les moyens de le devenir. C’est à ce moment-là que les fameuses « subprimes » sont arrivées. Elles ont incité les gens qui voulaient être propriétaires mais qui n’en avaient pas les moyens à acheter quand même, avec des prêts particuliers qui faisaient en sorte qu’ils payaient très peu au départ. Mais, plus tard, la somme à rembourser croissait de manière très forte. Au moment du passage aux remboursements d’emprunts très hauts, comme à ce moment-là la valeur des biens immobiliers montait, les gens vendaient leur bien, et avec cet argent ils pouvaient rembourser le prêt et gagner un peu d’argent. Ce mécanisme des subprimes a fini par éclater parce que ce système ne marche que si le prix des biens immobiliers continue à croître. Mais ça n’a pas été le cas. Les gens qui avaient acheté un bien immobilier n’arrivaient plus à le vendre et se retrouvaient avec ce bien dont ils avaient pu payer les charges jusqu’alors, mais ils devaient passer à un niveau beaucoup plus élevé de remboursement et ils ne pouvaient pas vendre puisqu’il n’y avait plus d’acheteurs.

On a traité les symptômes mais pas les éléments fondamentaux : essentiellement l’inadéquation de la production et de la consommation, ce qui entraîne une crise de surproduction, et l’aggravation de l’inégalité des richesses qui fait que des parties de la consommation ne sont plus entretenues et qu’il y a donc un frein à la croissance. On continue à investir dans certains secteurs et ces investissements sont probablement exagérés par rapport à ce que pourrait être la demande à terme.

Nous sommes toujours dans cette crise structurelle, dans des situations de surproduction et on essaie de trouver des voies pour essayer de colmater les brèches. Pour en sortir, il y a deux possibilités fondamentales. Ou bien on sort du système, ce qui est à mon avis la meilleure chose, ou alors la solution du capitalisme pour relancer la machine, c’est la destruction massive des moyens de production. Et le moyen le plus radical, c’est la guerre. Je ne dis pas que des capitalistes se disent « ah oui, il y a trop de capacité de production, il faudrait une petite guerre ». Non, ce n’est pas comme ça que ça marche. Mais une destruction massive est leur moyen pour anéantir autant de moyens de production qui sont en excédent par rapport à la capacité de consommation, et la guerre est une solution – c’est ce qui est arrivé en 1914-1918. Mais, après cette guerre, on a recommencé le même système. En 1940-1945, des paramètres importants du système ont changé. Le rapport de force mondial, notamment grâce à l’influence communiste dans le monde, a rendu possible plusieurs conquêtes sociales. On a mis en place une fiscalité progressive qui permettait que les riches alimentent davantage les pouvoirs publics ; on a institutionnalisé les syndicats ; on a créé la sécurité sociale – même si une version basique existait déjà. Là, on a mis en place en système qui permettait des transferts de richesse des plus riches vers les plus pauvres. C’est par la lutte de classes que l’on a pu faire bouger le système. Et c’est par la lutte des classes que l’on pourra penser un autre modèle de développement qui ne vise pas uniquement les intérêts des grands capitalistes.

Le capitalisme passe par la production et la production de la plus-value créée par les travailleurs, mais le but, c’est d’accumuler du capital et de l’augmenter. Ce qui importe pour les capitalistes, c’est investir et gagner toujours plus – le reste est une étape « intermédiaire ». Et donc, comme pour accumuler il faut du capital, les organes financiers sont devenus les acteurs progressivement dominants dans le système capitaliste, parce qu’ils ont la capacité de donner l’argent ou de ne pas le donner, de l’investir ou pas. Ils concentrent donc le pouvoir. La finance s’accapare le monde.

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