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Où va l’Amérique de Trump ?

31 janvier 2017, 09:42

Sans aucun vote au Congrès, sans aucune procédure judiciaire ou jugement reconnaissant leur culpabilité pour un crime, plus de 100 personnes ont été retenues par les douanes fédérales et les agents de l’immigration et dans certains cas déportées. Les victimes incluent des personnes âgées, de jeunes enfants, des femmes qui allaient rejoindre leurs maris et des personnes qui ont vécu légalement aux États-Unis pendant de nombreuses années, voire des décennies. Des centaines d’autres ont été empêchés d’embarquer sur des vols vers les États-Unis. Et ce n’est que le bilan du premier week-end. Les victimes potentielles de ces mesures se comptent par milliers, voire par millions.

Plusieurs juges fédéraux ont émis des ordonnances judiciaires interdisant les déportations, estimant qu’il est très probable que ceux qui contestent les mesures ordonnées par Trump auront gain de cause une fois que leurs affaires auront été jugées en bonne et due forme. Si certaines personnes ont été libérées de la rétention, les fonctionnaires fédéraux affirment que l’ordre de la Maison Blanche est toujours en vigueur et sera exécuté.

Les actions du gouvernement dans ses dix premiers jours rendent encore plus sinistre le rôle central joué par le « stratège en chef » de Trump, Stephen K. Bannon. Les médias ont en grande partie minimisé le fait que Trump a nommé Bannon, ancien patron de Breitbart News, une caisse de résonance pour les suprématistes blancs, les antisémites et les néo-nazis de l’alt-right, à un poste à la Maison Blanche d’une importance égale à celle du chef de cabinet Reince Priebus.

C’était manifestement la voix de Bannon qui retentit dans l’allocution inaugurale de Trump, avec son adhésion ouverte au slogan « l’Amérique d’abord », déjà popularisé par le sympathisant nazi Charles Lindbergh dans les premiers jours de la Seconde Guerre mondiale. Son discours a suivi le modèle fasciste en exploitant de véritables doléances sociales, le déclin dévastateur des emplois et des niveaux de vie dans de nombreuses régions industrielles, tout en détournant la colère populaire contre l’élite capitaliste américaine vers un bouc émissaire politiquement utile, en l’occurrence la Chine, le Mexique et d’autres pays étrangers.

Bannon, ancien cadre chez Goldman Sachs, producteur d’Hollywood et magnat des médias d’extrême droite sans expérience de la sécurité nationale, est un fervent partisan de la position raciste et anti-immigrants exprimée par Trump dans une série de déclarations et de décrets la semaine dernière, de l’ordre à construire un mur à la frontière américano-mexicaine, à la demande de sévir contre les « villes-sanctuaires » [villes où les autorités municipales ont décidé officiellement ou en pratique de ne pas poursuivre les immigrés sans papiers, ndt], en passant par cette interdiction vendredi contre les voyageurs et les réfugiés aux États-Unis.

Trump a souligné la position clé de Bannon dans sa Maison Blanche avec un ordre exécutif samedi restructurant le Conseil national de sécurité (NSC), le principal instrument de la Maison Blanche pour diriger la politique étrangère et militaire. L’ordre a rajouté « l’adjoint au président et stratège en chef », à savoir Bannon, à la liste des hauts fonctionnaires ayant le droit d’assister à chaque réunion du Comité directeur, un sous-comité du NSC qui joue un rôle essentiel dans la préparation des décisions du président, et comprend le conseiller de sécurité nationale, le secrétaire d’État et le secrétaire à la défense.

Le même ordre exécutif a écarté du Comité directeur le président de la Conférence des chefs d’état-major interarmées et le directeur du renseignement national.

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