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Ce que Victor Hugo nous a dit…

15 septembre 2016, 07:08, par Robert Paris

Lafargue se voulait disciple de Marx et Engels mais ces derniers n’estimaient pas qu’ils doivent prendre la responsabilité pleine et entière des idées de Lafargue...

Lafargue entendait le marxisme comme un « déterminisme économique ».

Voir notamment :

Le matérialisme économique de Karl Marx

Le déterminisme économique de Karl Marx, par Lafargue

Les expressions « matérialisme économique » et « déterminisme économique » sont des inventions de Lafargue qui ttémoignent à quel point il défendait un marxisme qu’il s’était lui-même inventé.

Marx et Engels se sont démarqués de ce type de « marxistes ». Voir, par exemple la lettre d’Engels à Borgius du 25 janvier 1894 :

« Par les rapports économiques, que nous considérons comme la base déterminante de l’histoire de la société, nous entendons la façon dont les hommes d’une société donnée produisent leurs moyens d’existence et échangent entre eux les produits (dans la mesure où il y a division du travail). Il faut donc entendre par là l’ensemble de la technique de la production et des moyens de transport. Cette technique détermine aussi, d’après nous, le mode de l’échange, partant de la répartition des produits et aussi, après la dissolution de la société fondée sur la gens, la division en classes, partant les rapports de domination et de sujétion, l’Etat, la politique, le droit, etc. De plus, il faut entendre par rapports économiques la base géographique sur laquelle ceux-ci se passent et les survivances des stades antérieurs du développement économique qui se sont maintenues, souvent uniquement par tradition ou vis inertiæ, naturellement aussi le milieu qui entoure entièrement cette forme de société… Nous considérons les conditions économiques comme conditionnant en dernière instance le développement historique… Le développement politique, juridique, philosophique, religieux, littéraire, artistique, etc., repose sur le développement économique. Ils réagissent tous les uns sur les autres et sur la base économique. Il n’est pas vrai que la situation économique est la seule cause active et que tout le reste n’est qu’un effet passif. Mais il y a une action réciproque sur la base de la nécessité économique qui finit toujours par l’emporter en dernière instance. L’État, par exemple, agit par la protection douanière, par le libre échange, par de bonnes ou de mauvaises finances, et même l’épuisement et l’impuissance mortelle des petits bourgeois allemands qui ressortait de la situation économique misérable de l’Allemagne de 1648 à 1830, qui se traduisit d’abord par le piétisme, puis par un sentimentalisme et par une servilité rampante devant les princes et la noblesse, ne fut pas sans effet économique. Ce fut un des plus grands obstacles au relèvement et il ne fut ébranlé que le jour où les guerres de la Révolution et de Napoléon eurent rendu aiguë la misère chronique. Il n’y a donc pas, comme on arrive parfois à se le figurer, une action automatique de la situation économique ; les hommes font eux-mêmes leur histoire, mais dans un milieu donné qui les conditionne, sur la base de rapports réels préexistants, parmi lesquels les rapports économiques, si influencés qu’ils puissent être par les autres rapports politiques et idéologiques sont en dernière instance les rapports décisifs et forment le fil conducteur qui permet seul de la comprendre. Les hommes font eux-mêmes leur histoire, mais jusqu’ici pas avec une volonté générale suivant un plan d’ensemble, même lorsqu’il s’agit d’une société donnée et tout à fait isolée. Leurs efforts s’entrecroisent et, justement à cause de cela, dans toutes ces sociétés domine la nécessité dont le hasard est le complément et la manifestation. La nécessité qui se fait jour à travers tous les hasards, c’est de nouveau finalement la nécessité économique. Ici il nous faut parler des soi-disant grands hommes. Que tel grand homme et précisément celui-ci apparaît à tel moment, dans tel pays, cela n’est évidemment que pur hasard. Mais supprimons-le, il y a demande pour son remplacement et ce remplacement se fait tant bien que mal, mais il se fait à la longue. Que le Corse Napoléon ait été précisément le dictateur militaire dont la République française épuisée par ses guerres avait besoin, ce fut un hasard ; mais qu’en cas de manque d’un Napoléon un autre eût pris la place, cela est prouvé par ce fait que chaque fois l’homme s’est trouvé, dès qu’il était nécessaire : César, Auguste, Cromwell, etc. Si c’est Marx qui a découvert la conception matérialiste de l’histoire, Thierry, Mignet, Guizot, tous les historiens anglais jusqu’en 1850, prouvent qu’il y avait tendance à ce qu’elle se fasse, et la découverte de cette même conception par Morgan prouve que le temps était mûr pour elle, et qu’elle devait être découverte. Il en est de même pour tous les autres hasards ou prétendus tels de l’histoire. Plus le domaine que nous considérons s’éloigne du domaine économique et se rapproche du domaine idéologique purement abstrait, plus nous trouvons qu’il y a de hasards dans son développement, plus sa courbe présente de zigzags. Mais si vous tracez l’axe moyen de la courbe, vous trouverez que plus large est la période considérée et plus vaste le domaine étudié, d’autant plus cet axe tend à devenir presque parallèle à l’axe du développement économique… Je crois d’ailleurs que le bel exemple donné par Marx dans le 18 Brumaire sera pour vous une réponse suffisante. »

P. Lafargue ayant envoyé à K. Kautsky un article intitulé La théorie de la valeur et de la plus-value de Marx et les économistes bourgeois (paru dans Le Socialiste n° 93 en 1892) pour qu’il soit publié dans la Neue Zeit, Kautsky avait trouvé que l’article, au titre prometteur, était superficiel voire bâclé et demandait à Engels de tirer un peu l’oreille à Lafargue, Engels répond :

« Envoie-moi en recommandé et sous bande, comme manuscrit, l’article de Lafargue : je me charge de régler cette affaire. »

Lafargue ne faisait pas seulement du faux radicalisme philosophique ou politique, comme les faux radicaux, il était parfois aussi sectaire et parfois opportuniste.

Lettre de Engels à P. Lafargue, 22 novembre 1894 :

« En vérité, vous vous êtes laissés entraîner un peu trop loin sur la pente opportuniste. »

Et il rajoute : « Cela est le malheur de tous les partis extrêmes dès que l’heure approche où ils deviennent « possibles ». »

Lafargue se laissa même un temps séduire par le boulangisme, qu’il appelait :« véritable mouvement populaire pouvant revêtir, selon lui, une forme socialiste si on le laisse se développer librement ». dans une lettre du 27 mai 1888, avant de se raviser.

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