Accueil > ... > Forum 6839

Les idées d’Ilya Prigogine

24 avril 2011, 11:07, par Guy

« Loin de l’équilibre apparaissent des nouvelles structures, expliquait Prigogine On dirait que si on pousse un système physique et chimique loin de l’équilibre, il crée des nouvelles méthodes de dissipation. Et pour créer ces dissipations, il crée des structures que nous avons appelé structures dissipatives. Tout le monde connaissait des structures d’équilibre comme le cristal mais les structures dissipatives c’était nouveau. Un être vivant, une ville sont ainsi des structures dissipatives : ils ne vivent que grâce à leur interaction avec le monde extérieur ».

La clé de l’irréversibilité, son facteur déterminant, le grand mystère dans lequel nous sommes tous plongés, est le temps, la fuite irréversible du temps, la flèche du temps.

Avec Prigogine, le temps retrouve tout son sens car il est celui qui permet la créativité, l’éclosion d’organisations plus complexes, celui qui redonne sa liberté à l’homme dans un monde débarrassé du déterminisme. Seul un temps irréversible permet une créativité de la nature et de l’homme et engendre de nouveaux états de la matière. L’univers, selon Prigogine retrouve l’idée de l’histoire où le temps peut enfanter de nouveaux possibles qui dépassent le réel. « La nature, expliquait Prigogine, comporte désormais une dimension narrative alors que la vision scientifique classique de cette nature se fondait sur une certitude, un déterminisme. Le temps est la dimension fondamentale de notre univers, c’est lui l’élément narratif, disait-il. Le temps mesure le changement et la créativité, c’est lui qui explique le chef d’oeuvre de Michel Ange comme les étoiles. Cette flèche du temps est la propriété la plus universelle de notre univers. Entre tous les objets, il n’y a rien de plus commun que d’être tous plongés dans cette ligne du temps. Comme le dit le philosophe chrétien Pichon, toute vie est liée à l’attente et plus dans la vie humaine que dans toute autre forme de vie. C’est croit-il, l’origine de la poésie, de la philosophie, de l’art ».« Alors, explique Radu Balescu, un des grands élèves de Prigogine, que les physiciens et ingénieurs du 19ème et du début du 20 ème iècle avaient tendance à minimiser l’importance de l’irréversibilité considérée comme source d’ennuis (friction, dissipation de chaleur, etc.), Prigogine fut un des premiers à attirer l’attention sur le rôle positif de cette propriété du temps en tant que moteur de la dynamique universelle. Et la quête de la fuite irréparable du temps n’a jamais quitté Prigogine ».

Ilya Prigogine n’a cessé de travailler pour « mathématiser » ses idées sur le temps et l’émergence de structures nouvelles, complexes et essentielles comme l’est la vie. Mais il ne perdait jamais les dimensions artistique et philosophique derrière la réflexion mathématique : « Nous nous trouvons, nous, expliquait-il, devant un univers infini non seulement au sens de la physique mais encore au sens de la communication. Devant ce nouvel univers infini, nous devons trouver la place de l’homme. Comme l’a écrit Albert Camus, nous ne cesserons jamais d’avancer dans la conscience que nous prenons de notre destin. Notre monde, disait-il, arrive à une bifurcation, comme on a connu à l’avènement du néolithique, à un point d’efflorescence où nous pouvons prendre plusieurs directions ». « Je ne suis ni agnostique belliqueux ni croyant, ajoutait-il, je constate simplement que nous sommes dans un monde étonnant et que notre richesse vient de notre attente de l’avenir. La plante ne doit décider du moment de sa floraison, et l’animal que de son hivernage. Si l’homme a plus d’inquiétude pour son avenir, c’est dans cette inquiétude même que se trouvent l’art, la poésie et la religion. Le monde lui-même est comme une oeuvre d’art où tout n’est pas dit ».

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.