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La Saint-Barthélemy, le massacre des Protestants de France, n’était pas une simple guerre de religion mais une contre-révolution sociale

1er avril 2016, 07:57, par Robert Paris

Le 3 avril 1559, le roi Henri II, sur lequel se fondait Calvin pour que la France bascule pacifiquement dans le protestantisme par le miracle divin, signe l’édit d’Ecouen, véritable acte de guerre contre le protestantisme. Loin de se préparer à une lutte violente, inévitable étant donné qu’il s’agit, derrière la querelle religieuse, de la lutte entre la noblesse et la bourgeoisie alliée au petit peuple, les partisans de Calvin qui sont les dirigeants protestants de France, n’y voient qu’un enjeu divin et s’en remettent à dieu des conséquences, suivant ainsi les préceptes de Calvin.

L’un de ces dirigeants, Jean Macat écrit à Calvin en juin 1558 : « Quant à moi, confiant dans la divine Providence, je me promène tranquille au milieu des loups et je remplis autant que je le puis mon devoir. » Il aurait pu dire : je marche tranquille au massacre, puisque dieu l’aura voulu, et mon devoir consiste à envoyer tout un peuple à la boucherie sans qu’ils en soient conscients…

La politique « pacifiste » de Calvin (qui aura des conséquences tout ce qu’il y a de moins pacifiques) consiste non seulement à faire basculer la royauté par la puissance de la conviction divine, d’en faire autant du plus grand nombre possible de nobles, mais aussi à demander l’intercession des puissances européennes protestantes pour obtenir la suspension des pires exactions contre les protestants. Calvin développe tout un travail diplomatique pour que l’Angleterre, la Suisse, le Danemark ou les princes protestants envoient des suppliques et des ambassades au roi de France. Ce qu’ils font… sans l’ombre d’un effet.

Voilà comment un calviniste décrit l’efficacité de cette politique pacifiste et réformiste dans un courrier du 29 juin 1559 :

« La fureur de nos adversaires croit tous les jours et ils violent tout droit divin et humain depuis qu’ils ont trouvé un prince se prêtant à leur cruauté. »

Le prince dont il est question est bien évidemment Henri II, auquel Calvin prêtait la capacité de devenir lui-même protestant. Et va voir ensuite, après la mort de Henri II, cet aveuglement se tourner vers la personne de Catherine de Médicis, Calvin se fiant à elle comme il se fiait à Henri II avec la même perspective.

Le réformisme ne prend jamais conscience de ses erreurs ou de ses crimes et recommence sans cesse à viser l’accord impossible avec les classes dirigeantes nobles accrochées au catholicisme. Elles ont tenté Henri II et on été amèrement déçues mais sa mort relance leurs faux espoirs. Lorsque le roi Henri II est tué accidentellement dans un tournoi, les protestants imaginent que c’est un acte de la divine providence pour remplacer un roi qui s’oppose à la volonté de dieu !

Après avoir suggéré une intervention divine, François Morel, dirigeant protestant de France, écrit à Calvin :

« Peut-être cet événement va-t-il mettre fin à la cruelle persécution qui a frappé tout ce royaume. »

En réalité, c’est exactement le contraire qui se produit. Le pendule politique bascule du côté des radicaux violemment anti-protestants, de François de Guise et du cardinal Charles de Lorraine et de radicaux que l’on appellerait aujourd’hui l’extrême droite. Avec un roi François II, trop jeune pour gouverner, ce sont ces deux excités de guerre civile interne qui ont le plus de poids sur la reine mère Catherine de Médicis qui va être la véritable instigatrice du massacre de la Saint-Barthélemy.

Dans les mois qui suivent l’avènement de François II, un édit, deux déclarations et plusieurs arrêts aggravent le sort des protestants et alourdit les peines contre les « hérétiques ».

Curieusement, c’est justement sur Catherine de Médicis que les dirigeants réformistes français et Calvin vont compter non seulement pour améliorer le sort des protestants de France et même pour gagner le pays à la religion. Ce n’est pas un simple contresens dramatique. C’est dû au sens profond des objectifs des dirigeants religieux qui sont incapables d’exprimer réellement ce que souhaite le peuple qui rejoint le protestantisme.

Par contre, le réformisme de ces dirigeants ne désarme nullement la contre-révolution violente. Les dirigeants catholiques, eux, comprennent très bien que s’ils n’interviennent pas violemment, la bataille est perdue et le pays basculera au protestantisme qui finira par favoriser la bourgeoisie. La Saint-Barthélemy est une nécessité pour la classe dirigeante et les réformistes comme l’Amiral de Coligny auront beau s’entendre avec la royauté, pactiser avec, ils ne parviendront pas par le pacifisme à désarmer la contre-révolution.

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