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Aux origines du judaïsme

24 novembre 2009, 15:04, par Robert Paris

Baruch Spinoza dans "Traité théologico-politique" :

"Les Hébreux furent insoumis plus que le reste des mortels. (...) De là de constantes rumeurs, puis la lassitude ressentie par les Hébreux, surtout les années de disette, de nourrir des hommes oiseux et détestés auxquels ne les rattachait même pas des liens du sang. Rien de surprenant donc à ce que dans le repos, quand les miracles manifestes venaient à manquer, qu’il n’y avait pas d’hommes d’une autorité tout à fait rare, l’âme populaire aigrie et attachée aux intérêts matériels perdît d’abord de son ardeur religieuse, puis qu’elle finit par abandonner un culte, divin à la vérité, mais outrageant pour elle et suspect, qu’elle voulut du nouveau. (...) Cela est d’ailleurs confirmé par les récits. Sitôt au désert, le peuple commença à jouir du repos, beaucoup d’hommes (...) saisirent cette occasion de croire que Moïse avait établi toutes ces institutions non pour le commandement de dieu, mais selon son bon plaisir ; il avait en effet choisi sa propre tribu et donné pour l’éternité le pontificat à son frère ; dans leur excitation, ils l’assaillirent en tumulte, criant que tous étaient également saints et que sa propre élévation était contraire au droit. (...) Après un grand carnage (...) la fatigue amena l’apaisement (...) la sédition avait pris fin sans que le concordat régnât. Cela est attesté par l’Ecriture (Deut, chap XXXI) (...) De là de grands changements (...) qui amenèrent la décadence de l’Etat, jusqu’au moment où, plusieurs fois soumis, ils rompirent le pacte avec Dieu dont le droit fut déchu ; ils voulurent avoir des rois mortels, ce qui entraînait que la demeure du pouvoir ne fût plus le temple, mais une cour, et que les hommes de toutes les tribus fussent dorénavant concitoyens non plus en tant que soumis au droit de dieu et au pontificat, mais en tant qu’ayant le même roi. Ce changement fut une cause considérable de séditions nouvelles qui finirent par amener la ruine complète de l’Etat. Quoi de plus insupportable en effet pour les rois que de régner à titre précaire et d’avoir à souffrir un Etat dans l’Etat ? Les premiers qui, simples particuliers, furent élus, se contentèrent du degré de dignité où ils s’étaient haussés, mais quand les fils régnèrent par droit de succession, ils s’appliquèrent par des changement graduels à parvenir enfin à posséder seuls la totalité du droit constituant le pouvoir d’Etat. Ils en étaient privés pour une très grande part aussi longtemps qu’à leurs droits s’opposaient des lois indépendantes d’eux, gardées par le Pontife dans le sanctuaire et interprétées au peuple par lui. (...) Pendant la durée du pouvoir populaire, il y eut une seule guerre civile (...) Par contre, quand le peuple, peu fait aux rois, eut substitué à la première forme de gouvernement, la monarchie, les guerres civiles ne cessèrent pour ainsi dire plus, et l’on se livra des combats dont l’acharnement est sans égal dans la renommée. Dans un seul combat (c’est à peine croyable) quinze cent mille hommes d’Israël furent massacrés par ceux de Juda ; par contre, dans dans un autre, ceux ceux d’Israël font un grand carnage de ceux de Juda (l’Écriture n’en donne pas le nombre), s’emparent du roi, démolissent presque entièrement les murailles de Jérusalem, et, pour qu’on sache que leur colère ne connaît pas de mesure, dépouillent entièrement le Temple, puis lourdement chargés de du butin pris sur leurs frères et rassasiés de sang, ils se font remettre des otages, abandonnent le roi dans son royaume presque dévasté, et déposent les armes, se reposant non sur la foi mais sur la faiblesse de ceux de Juda."

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