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Comment la bourgeoisie apprécie la nouvelle CGT

13 avril 2009, 15:14, par Max

Alors la loi d’Aout 2008 sur la représentativité des syndicats, vient surtout officialiser un nouveau tournant de la CGT.
Dans le détail la loi, rend de plus en plus technique, le fonctionnement des syndicats, leur rôle auprès des salariés, et accroit la dépendance financière et législative auprès de l’Etat.
Un exemple : les dernières éléctions prof. à la SNCF
Cette élection se déroulait dans le cadre des nouvelles règles de représentativité syndicale en application de la loi du 20 août 2008, concoctée par le Medef, la CGT et la CFDT. Ces nouvelles règles stipulent que, pour être reconnu représentatif dans une entreprise et pouvoir siéger à la table des négociations, un syndicat doit obtenir au moins 10 % des suffrages exprimés aux élections au Comité d’établissement. (extrait de lutte ouvrière)

Mais c’est surtout une transformation qualitative des syndicats et c’est véritablement une CGT qui fait table rase du passé :

"La négociation collective doit avoir pour objectif l’amélioration de la situation des salariés, l’encadrement et la compensation de leurs contraintes du travail. Elle doit porter sur leurs revendications et respecter sans dérogation l’ordre public social, la hiérarchie des normes et le principe de faveur" (extrait de proposit° de la CGT)
" De plus les signataires s’engagent au « respect des valeurs républicaines » et au refus de « tout intégrisme » (article 1).

la CGT rappelle par la suite les textes historiques législatifs et notamment :

· l’article 8 du préambule de la Constitution de 1946 stipule que « tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués à la détermination collective de ses conditions de travail » ;

· la loi du 4 mai 2004 affaiblit considérablement le principe de faveur ; en effet, l’accord d’entreprise pourra déroger aux accords de niveau supérieur de manière défavorable au salarié. En résumé, la convention d’entreprise n’est plus automatiquement plus favorable aux salariés que les conventions de branche ou nationales interprofessionnelles ;

· la loi exige la négociation sur des thèmes déterminés et à certaines fréquences : obligation de négocier dans les branches professionnelles et obligation annuelle de négocier dans l’entreprise, incombant à l’employeur.

"Au niveau de la branche
· Négociation annuelle sur les salaires minima garantis ;
· négociation tous les cinq ans sur les classifications, sur les priorités, objectifs et moyens de la formation professionnelle ;
· négociation tous les trois ans sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ;
· etc.
Au niveau de l’entreprise
· Négociation annuelle sur :
la durée effective et l’organisation du temps de travail,
l’épargne salariale,
l’évolution de l’emploi,
· tous les trois ans : l’emploi et la formation des salariés âgés." (toujours extrait de la CGT)

On peut donc voir l’évolution politique : la CGT passe de la collaboration sociale et économique , à la collaboration politique pour s’engager à maintenir l’ordre sociale. Il est bien pour l’Etat et les syndicats de préserver "la hierharchie et l’ordre public social" !

rappelons que le chef de l’Etat a appuyé la nouvelle CGT, depuis fin 2007 ou les cheminots ont été ouvertement trahis par la CGT, concernant leur retraite.

« Je veux rendre hommage aux syndicats, qui ont eu une attitude responsable lors des conflits sociaux récents, même s’ils n’étaient pas d’accord, ce qui est leur rôle »,a assuré Sarkozy lors d’un entretien télévisé en Mai 2008, réitérant l’hommage en question à plusieurs reprises ! Cette déclaration d’amour n’est pas que platonique. C’est Sarkozy lui-même qui avait lancé la discussion entre « partenaires sociaux » sur la « représentativité syndicale », afin de « revivifier la démocratie sociale ». Il s’est d’ailleurs réjoui, dans une tribune du Monde du 18 avril intitulée « Pour des syndicats forts », de la conclusion de la discussion par une « position commune »

Fait notoire et politiquement significatif, excepté l’accord sur la formation professionnelle, c’est le premier accord que la CGT signe depuis… 1970

D’autre part, la bourgeoisie a des perpectives pour les syndicats ! Et la première, chef du MEDEF en tête, Parisot veut que les syndicats contrôlent les salariès et le dit clairement à l’ex candidate aux élections présidentielles pour le PS. : Royale.

"Nous avons parlé de la question de la représentativité des syndicats et nous sommes d’accord aussi sur le fait qu’il faut qu’il y ait des adhésions plus massives aux organisations syndicales. Et que pour cela, la bonne solution consiste à donner un véritable rôle aux partenaires sociaux, organisations syndicales et organisations patronales. " (extrait du site du MEDEF)

Mais aujourd hui on y voit plus clair : la crise est belle et bien là , les fermetures d’entreprise, chômage technique, baisse des salaires, licenciements d’intérimaire
et le journal économique les Echos du 10 avril 2009 titre :

"L’exécutif cherche à associer les syndicats à la gestion de la crise"

"François Fillon revient sur le paritarisme mais aussi « la consolidation de la place de la représentation du personnel dans l’entreprise ». Il reprend également le sujet de la « gouvernance des entreprises », avec une « meilleure association des représentants des salariés en amont des opérations de restructuration et à la stratégie économique ».

LEs directions syndicales sont au chevet du capitalisme avec le gouvernement. A quand un dirigeant syndical comme ministre du travail ?

DAns les faits la loi de 2008, vise et ce n’est pas contradictoire, en même temps à bloquer les petits syndicats qui auraient tendance être plus radicaux pour grossir leur effectifs et être reconnu officiellement ; et en même temps à développer un syndicalisme de masse.

Brice Hortefeux, nouveau ministre du travail, disait le 5mars

"Le Haut Conseil du dialogue social est chargé de veiller à la mise en oeuvre des nouvelles règles de représentativité des organisations syndicales, issues de la loi du 20 août 2008 portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail.
Dans notre pays, nous avons besoin de syndicats forts et, pour cela, il est nécessaire que leur légitimité soit confortée. Nous avons désormais, à notre portée, la possibilité de faire vivre le dialogue social de manière plus efficace, plus fidèle à la représentativité de chacun des acteurs", a conclu Brice Hortefeux.

Il y a 1an, la CGT disait :
Comme le dit M.Donneddu, négociateur CGT : « quoiqu’il en soit, le système mis en place devrait conduire à rendre plus difficile la multiplication des organisations syndicales ».

Et c’est vrai que la CGT a des raisons de se sentir menacées dans son hégémonie, par exemple à la SNCF :

Ainsi, sur la région d e Paris Saint-Lazare, lors de la grève d’un mois des conducteurs de trains en décembre et janvier derniers, la fédération CGT s’était désolidarisée des grévistes de manière publique et répétée, au risque d’apparaître en collusion avec Sarkozy qui avait traité le syndicat Sud d’« irresponsable ». Les cheminots se sont servis de leur bulletin pour désavouer l’attitude de la CGT. Rien que sur le dépôt, Sud-Rail double ses voix et dépasse les 50 %.

Autre exemple, à Paris-Nord, lors de la grève sur les retraites, nombre de militants CGT avaient choisi, contre la volonté de leur appareil, de rester fidèles à l’intérêt du mouvement. Ils ont alors été privés de responsabilités par les dirigeants de la CGT et ont rejoint Sud. Chez les agents de conduite, la liste Sud, qui jusque-là obtenait un score marginal, obtient 23 % sur le secteur et 53 % sur le secteur banlieue. Sud connaît aussi une importante progression chez le personnel sédentaire de la gare. (extrait de lutte ouvrière du 03/04/09)

Ce n’est pas anodin que la bourgeoisie a anticipé des risques de radicalisation des conflits. Et ce n’est pas qu’elle craint plus un syndicat comme SUD que la CGT, car il suffit d’écouter des interviews du secrétaire de SUD pour s’en convaincre.

La bourgeoisie craint une seule chose : que la colère des prolo s’expriment de manière autonome . La lutte répressive de l’Etat contre les militants d’un mouvement est la continuité de la lutte législative pour le renforcement de 1 ou 2 centrales syndicales.
Le message est clair pour les salariés :
rester dans les clous et avec les syndicats reconnus par l’Etat , ou sinon vous serez hors la loi.

Essayer de vous organiser vous même et ce n’est pas un patron d’une entreprise que vous aurez sur le dos, mais tous les patrons de France, tous les ministres et le président, tout l’Etat et sa justice qui seront unis contre vous.

Voilà à mon avis le sens politique de la loi, et tout ceci découle du constat qu’on fait dans le détail des mentalités changeantes des travailleurs, et du contexte explosif lié à la crise.

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