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Qui a détruit la Syrie, qui l’a transformée en terrain de tuerie pour des bandes armées ?

1er mai 2018, 09:51

Le discours d’Emmanuel Macron lors d’une session conjointe du Congrès américain mercredi a été l’une des déclarations publiques les plus belligérantes jamais faites par un président français. Saluant les bombardements non provoqués de la Syrie le 14 avril par Washington, Londres et Paris en tant que modèle d’un nouvel ordre mondial au XXIe siècle, Macron a déclaré son soutien aux menaces de guerre américaine contre l’Iran, la Corée du Nord et au-delà.

L’allocution a clôturé la visite d’État de trois jours de Macron à Washington, au milieu de la crise la plus profonde de l’alliance transatlantique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La panique s’enflamme au sein des milieux dirigeants européens à propos des mesures américaines visant à augmenter les tarifs douaniers sur les marchandises européennes et chinoises, menaçant une spirale de représailles et une guerre commerciale mondiale, et des plans annoncés de Washington d’annuler le traité nucléaire iranien Moyen-Orient. Pourtant, Macron n’avait rien à proposer, sauf de plus en plus d’appels à une action militaire agressive, recouverte d’une grandiloquence creuse sur la défense de la démocratie.

« Nos deux nations sont enracinées dans le même sol, enraciné dans les mêmes idéaux des révolutions américaine et française », a déclaré Macron. « La force de nos liens est la source de nos idéaux communs. C’est ce qui nous a unis dans la lutte contre l’impérialisme pendant la Première Guerre mondiale, puis dans la lutte contre le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce qui nous a unis à l’époque de la menace stalinienne, et maintenant nous nous appuyons sur cette force pour lutter contre les groupes terroristes. »

La rhétorique de Macron sur Washington et Paris qui mènent une guerre éternelle pour la démocratie, qui prend la forme à notre époque d’une « guerre contre le terrorisme » contre les groupes islamistes, est un tissu de mensonges. Les rivalités commerciales entre les grandes sociétés américaines et européennes et les conflits entre les États-Unis et l’Europe sur la rupture des liens économiques de l’Europe avec l’Iran et la guerre au Moyen-Orient ne sont pas des conflits pour sauver la démocratie du terrorisme. Ce sont des conflits interimpérialistes enracinés, comme l’ont expliqué les grands marxistes du XXe siècle, dans les intérêts violemment opposés des classes dirigeantes capitalistes rivales qui sont toutes enracinées dans leur État national.

Macron a ensuite contredit sa présentation frauduleuse. Il a appelé Washington à abandonner ses menaces de guerre commerciale et à coordonner ses politiques de guerre plus étroitement avec l’Europe – non pour combattre le terrorisme, mais pour préserver le rôle dominant joué par les puissances impérialistes dans la politique mondiale contre leurs grands rivaux qu’il n’a pas nommés.

Il a dit : « Deux voies s’offrent à nous. Nous pouvons choisir l’isolationnisme, le retrait et le nationalisme. C’est une option. Cela peut être tentant pour nous comme un remède temporaire à nos peurs. Mais fermer la porte au monde n’arrêtera pas l’évolution du monde... D’autres puissances avec une stratégie et une ambition plus fortes rempliraient alors le vide que nous laisserions. D’autres puissances n’hésiteront pas une fois de plus à préconiser leur propre modèle pour façonner l’ordre mondial du XXIe siècle. »

Une meilleure démarche, Macron a affirmé, est de « construire un ordre du monde du XXIe siècle basé sur une nouvelle manière de faire du multilatéralisme ». À titre d’exemple de ceci, il a dit : « En Syrie, nous travaillons très étroitement ensemble. Après que des armes prohibées aient été utilisées contre la population par le régime de Bachar al-Assad il y a deux semaines, les États-Unis et la France, avec le Royaume-Uni, ont détruit les installations chimiques et rétabli la crédibilité de la communauté internationale. Cette action était la preuve de ce multilatéralisme fort. »

Le fait que Macron qualifie le bombardement de la Syrie du 14 avril comme un modèle pour l’avenir constitue un avertissement pour les travailleurs et les jeunes à l’échelle internationale. Derrière la rhétorique vide sur la démocratie et la primauté du droit, les classes dirigeantes des centres impérialistes agissent sans pitié, avec un profond mépris du droit international, pour affirmer et maintenir leur position mondiale dominante contre leurs rivaux géostratégiques telles que la Chine et la Russie.

L’attaque du 14 avril était un crime de guerre. Selon les mensonges de l’OTAN, les forces du régime d’Assad auraient utilisé des armes chimiques dans la ville de Douma. Alors que Moscou présentait la preuve que l’attaque avait été orchestrée par la milice des Casques blancs soutenue par l’OTAN, Washington, Londres et Paris lançaient des frappes de missiles sur les bâtiments publics syriens ainsi rendant caduque l’investigation de l’ONU sur l’attaque chimique prétendue. Les éloges de Macron pour cette attaque soulignent que l’ordre du XXIe siècle qu’il prévoit serait basé sur la violence sans loi et sans fin par les puissances impérialistes.

Sur cette base, Macron a approuvé les menaces américaines contre des cibles à travers l’Eurasie. « La menace terroriste est encore plus dangereuse lorsqu’elle est combinée avec la menace de prolifération nucléaire », a-t-il déclaré. « La France soutient pleinement les États-Unis dans leurs efforts pour forcer Pyongyang, par des sanctions et des négociations, à dénucléariser la péninsule coréenne. Quant à l’Iran, notre objectif est clair : l’Iran ne possédera jamais d’armes nucléaires ; pas maintenant, pas dans 5 ans, pas dans 10 ans, jamais. »

Ayant déjà indiqué hier qu’il accepterait l’annulation du traité nucléaire iranien par Trump, ouvrant la voie à de nouvelles sanctions économiques et à une probable guerre américaine contre l’Iran, Macron a néanmoins émis la condition pathétique suivante : « Mais cette politique ne devrait jamais nous conduire à la guerre au Moyen-Orient. Nous devons assurer la stabilité et respecter la souveraineté des nations, y compris de l’Iran, qui représente une grande civilisation. Ne reproduisons pas les erreurs du passé dans la région. »

L’argument de Macron est une fraude hypocrite. D’une part, il a donné un chèque en blanc à Trump, qui a menacé la Corée du Nord avec « feu et violence comme le monde n’en a jamais vu » et soutient les menaces israéliennes d’une action militaire contre l’Iran ; de l’autre, il a insisté sur le fait qu’il ne soutenait pas la guerre qui découle de telles politiques. Puis il a lancé un appel impuissant pour éviter de répéter les « erreurs du passé », c’est-à-dire les guerres impérialistes et les occupations militaires au Moyen-Orient au cours des 25 dernières années, sans dire ce qu’elles étaient.

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