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Hiroshima et Nagasaki : contre la révolution prolétarienne

6 août 2015, 14:14

Dés le lendemain de la bombe, les autorités occupantes alliées bannirent toute mention d’empoisonnement radioactif et insistèrent que les gens avaient été tués ou blessés uniquement par l’explosion. Ce fut le premier grand mensonge. « Aucune radioactivité dans les ruines de Hiroshima » annonça la première page du New York Times, un grand classique de la désinformation et de démission journalistique, que le reporter australien Wilfred Burchett corrigea avec le scoop du siècle. « J’écris ceci comme une mise en garde au monde entier », écrivit Burchett dans le Daily Express. Il fut le premier correspondant à oser le faire, après avoir réussi à entrer dans Hiroshima après un voyage périlleux. Il y décrivit les hôpitaux débordant de victimes qui ne montraient aucun signe de blessures mais qui étaient en train de mourir de ce qu’il appela « une peste atomique ». Pour avoir raconté la vérité, son accréditation de presse lui fut retirée, lui-même fut mis au pilori et calomnié - et ses dires confirmées.

Le bombardement de Hiroshima et Nagasaki fut un acte criminel d’une gravité historique. Ce fut un meurtre en masse avec préméditation inaugurant une arme intrinsèquement criminelle. C’est pour cette raison que ses défenseurs se réfugient dans la mythologie de la « bonne guerre » par excellence, dont la « base étique », comme l’appela Richard Drayton, a permis à l’Occident non seulement d’expier son passé impérialiste sanglant mais aussi de promouvoir 60 ans d’une guerres rapaces, et toujours à l’ombre de La Bombe.

Le mensonge le plus tenace est celui qui prétend que la bombe fut larguée pour mettre fin à la guerre dans le Pacifique et sauver des vies. « Même sans les bombardements atomiques, » conclut une étude intitulée United States Strategic Bombing Survey en 1946, « la suprématie aérienne sur le Japon aurait été suffisante pour les amener à une reddition sans conditions et évité le recours à une invasion. Basé sur une enquête minutieuse de tous les éléments, et confirmé par les témoignages des dirigeants japonais impliqués encore en vie, nous pensons que… le Japon aurait capitulé même si les bombes n’avaient pas été larguées, même si les Russes n’étaient pas entrés en guerre (contre le Japon - ndt) et même si aucun plan d’invasion n’avait été prévu ou envisagé. »

Les Archives Nationales à Washington contiennent des documents officiels du gouvernement US qui indiquent que les Japonais ont fait des propositions de paix dés 1943. Aucune ne fut suivie d’effets. Un télégramme envoyé le 5 mai 1945 par l’ambassadeur de l’Allemagne à Tokyo et qui fut intercepté par les Etats-Unis ne laisse planer aucun doute sur fait que les Japonais cherchaient désespérément la paix, y compris par « une capitulation assortie de conditions sévères. » Le secrétaire d’Etat à la Guerre étatsunien, Henry Stimson, a préféré déclarer au Président Truman qu’il « craignait » que l’aviation US ne bombarde tellement le Japon que la nouvelle arme ne pourrait plus « faire une démonstration de sa puissance ». Plus tard, il a admis qu’ « aucun effort ne fut entrepris, ni même envisagé, pour obtenir une capitulation ne serait-ce que pour ne pas avoir recours à la bombe ». Ses collègues du ministère étaient impatients « d’en mettre plein la vue aux Russes avec une bombe portée ostensiblement en bandoulière ». Le général Leslie Groves, directeur du Manhattan Project qui fabriqua la bombe, témoigna : « je n’ai jamais douté que notre ennemi était la Russie, et que le projet était mené dans cette idée ». Le lendemain de la destruction de Hiroshima, le Président Truman exprima sa satisfaction quant au « succès éclatant » de « cette expérimentation ».

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