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Lutte des classes en Iran et en Irak

12 octobre 2019, 07:49

En l’espace de onze jours, les heurts qui ont opposé des milliers d’Irakiens aux forces de l’ordre ont fait au moins 165 morts et plus de 6 000 blessés.

Fait inédit dans le pays, la contestation n’était issue d’aucun appel de parti ou figure religieuse, ni syndicat, ni association.

Si les réseaux sociaux sont toujours inaccessibles dans les trois quarts de l’Irak —les secteurs où les manifestations ont eu lieu— de plus en plus de photos et de vidéos des violences commencent à émerger.

On y voit des protestataires mortellement touchés par balles au torse ou au ventre, ou d’autres courir pour se mettre à couvert sous des feux nourris, ou des jets de canons à eau brûlante.

Le chômage chez les jeunes et la corruption gouvernementale sont les principales raisons des grandes manifestations qui enflamment l’Irak depuis plusieurs jours.

Pour l’instant, c’est la spontanéité des mouvements de contestation qui prime. On est aussi marqué par la jeunesse des manifestants et par la rage sociale qui émane de leurs rangs, aspect le plus visible de leur désespoir.

En réalité, le mouvement tel qu’il s’exprime actuellement s’avère infiniment méfiant à l’égard de toute tentative de récupération, et semble rejeter le système en bloc tenant tous les partis comme responsables de la situation.

En Irak, comme dans les autres pays de la région qui connaissent une nouvelle étape du mouvement de révoltes initié en 2011, le dégagisme assumé qui, sourd de ces mouvements de revendication, exprime une détermination remarquable. Il n’y a pas de structuration politicienne, associative ou syndicale de ces mouvements.

Aujourd’hui, ces revendications viennent à un moment où une partie de la population n’accepte plus de vivre dans de telles conditions. Cela dépasse le simple enjeu du chômage et de la corruption, mais concerne aussi les services publics minimaux, qui ne sont pas encore fonctionnels. Nous sommes dans une situation où le manque d’État est cruellement ressenti au quotidien. Le gouvernement, qui n’est au pouvoir que depuis moins d’un an, n’est pas capable de répondre positivement aux pressantes attentes d’une très grande partie de la population. Bien que l’on ne puisse pas considérer que le gouvernement en place soit le seul responsable de la dégradation de la situation, il n’en demeure pas moins qu’il est la cible logique des manifestants puisqu’il est censé exercer le pouvoir.

Selon les chiffres officiels, quelque 410 milliards d’euros d’argent public (soit quatre fois le budget annuel de l’Irak !) ont été accaparés par les hommes politiques de tous bords et les chefs de tribus depuis 2004.

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