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Edito- Ce n’est pas seulement le gouvernement Hollande qui est en panne, ce n’est pas seulement la France, c’est le capitalisme mondial dont le moteur des investissements privés ne fonctionne plus.

25 novembre 2014, 22:12

L’Europe capitaliste sous perfusion :

Le nouveau président de la Commission européenne doit présenter son fameux plan de 300 milliards d’investissement promis pendant sa campagne européenne. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va jongler avec les chiffres.

Selon une source diplomatique européenne, la Commission a miraculeusement trouvé comment injecter 315 milliards d’investissements en trois ans. Cela représente 2 % du PIB européen sur trois ans, soit quasiment trois fois plus que le plan de relance de 120 milliards d’euros vendu par François Hollande en 2012 en échange de la ratification du traité budgétaire européen.

Le coup de baguette magique repose sur un montage financier pour le moins complexe. En tout, l’Union européenne va mobiliser 8 milliards d’euros de fonds européens existants. Objectif constituer des garanties pour un nouveau fonds européen, le Fonds pour les investissements stratégiques. Les experts de la Commission sont formels, cette somme permettra de mobiliser 16 milliards d’euros de garanties. Un total porté à 21 milliards d’euros grâce à la mobilisation de 5 milliards de la Banque européenne d’investissement (BEI), notamment grâce aux profits dégagés par les prêts accordés par cette banque publique européenne pendant la crise.

Avec ce trésor de guerre, le Fonds européen pour les investissements stratégiques, logé à la Banque européenne d’investissement, doit pouvoir lever trois fois plus d’argent, soit 60 milliards d’euros promet la Commission. Ciblés pour prendre en charge la plus grosse partie du risque de grands projets d’investissements, ces 60 milliards doivent en théorie générer 255 milliards d’argent purement privé, aujourd’hui non dépensés par la frilosité des acteurs privés. Le compte est bon : 60 + 255 donnent bien 315 milliards d’euros. Bienvenue dans le monde merveilleux de "l’effet de levier". Au total, un euro d’argent public doit générer 15 euros d’investissement.

Le mécanisme revient en fait à industrialiser la phase expérimentale des "projects bonds", ces obligations de projet qui permettent déjà à la France de financer sur argent privé le déploiement de l’internet très haut débit dans des territoires ruraux. Pour la commission, il est très important que le Fonds ne remplace pas de l’argent privé qui aurait de toute façon été investi mais viennent débloquer des projets utiles mais jugé non rentable jusqu’à présent car trop risqués. "On ne veut pas financer une troisième autoroute entre Lisbonne et Porto, où il y en a déjà deux et où l’une est vide", prévient une source européenne.

La formule, visiblement montée pour parer au plus pressé, a l’avantage immense de ne pas requérir d’argent public additionnel de la part des Etats membres. Ceux-ci pourront bien sûr abonder le Fonds sur une base volontaire, avec l’assurance de ne pas aggraver leur déficit public car ils mettront la main sur un actif en face de l’argent injecté. Mais nul besoin d’attendre leur écot pour commencer à dépenser. Il n’y aura pas non plus besoin de renégocier un quelconque traité, une procédure longue et risquée, ou encore le budget européen, accouché dans la douleur. Il y a urgence : l’économie européenne ne peut plus attendre. Autre avantage, et non des moindres, la fameuse note accordée par les agences de notation à la Banque européenne d’investissement, le précieux AAA auquel tiennent tant les allemands, sera préservée. L’institution de Luxembourg n’aura pas à prendre plus de risque sur toutes ses opérations.

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