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Luttes de classe au Tchad

10 décembre 2014, 21:36

C’est le comble ! Un pays pétrolier qui produit du pétrole à profusion connaît une pénurie depuis des mois, faisant doubler voire tripler le prix du litre de l’essence (il est passé de 500 francs CFA à 1.500 CFA voire plus), c’est inconcevable ! C’est intolérable ! Et les populations ont réagi par des manifestations pour montrer leur colère.

Il y a de quoi être en effet en colère car cette augmentation de l’essence se répercute sur tous les prix, en particulier sur les moyens de transports privés (le transport public n’existant pas). Même les petites gens qui ne possèdent pas de voiture sont concernées parce qu’ils se déplacent en « taxi-moto » (Motos utilisées en villes pour transporter les gens).

Tout a commencé le 11 novembre dernier dans la ville à Sarh, au sud du pays. A l’appel de la section locale du syndicat des enseignants qui étaient en grève pour revendiquer le paiement de leurs salaires et contre le prix trop élevé du litre d’essence, des habitants sont descendus dans la rue dès 4 heures du matin, pour organiser une opération « tintamarre », en frappant sur tout ce qu’ils pouvaient trouver, notamment des casseroles, pour faire le plus de bruit possible. La ville s’est réveillée au son de cette musique improvisée. Il y a eu des affrontements avec les forces de l’ordre. Deux jeunes ont été blessés par balles. Dans l’après-midi, le calme est revenu dans la ville après que les autorités ont annoncé le versement des salaires des enseignants.

Le même jour, à Moundou, autre ville du Sud, des jeunes ont attaqué des citernes de carburant et une essencerie (station d’essence). Des forces de l’ordre ont tiré sur eux pour les disperser ; il y a eu deux morts.

A N’Djamena la capitale, ce jour-là, de jeunes manifestants ont mis le feu aux véhicules administratifs aux environs des lycées, de l’avenue Mobutu, de la Rue des 30 mètres et de la Rue des 40 mètres.

Les autorités qui ont pris peur face à l’ampleur des mouvements de contestation et de mécontentement dans les trois villes, ont dépêché leur ministre des Finances pour annoncer le paiement des salaires des enseignants. Les manifestations ont cessé, un calme précaire est revenu dans le pays mais le problème de la hausse du prix de l’essence n’est toujours pas résolu.

Deby tente de rassurer les populations. Il assure que des mesures ont été prises, pour supprimer les intermédiaires et acheminer le carburant tchadien directement dans les stations-service du pays. Mais c’est du vent !

Un dirigeant d’un parti de l’opposition a affirmé : « Le monopole de la distribution de carburant a été octroyé par le pouvoir à des commerçants qui sont presque tous proches du président de la République. Forts de ce monopole, ils font ce qui leur plaît », avant d’ajouter : « Quand les citernes sortent de N’Djamena, on dit sur les papiers qu’elles vont à Moundou, à Sarh, à Abéché. Mais souvent, celles qui sont destinées à Moundou vont servir les commerçants du Cameroun, celles qui arrivent à Sarh continuent en fait leur chemin jusqu’en Centrafrique, et certaines destinées au nord traversent la frontière pour aller en Libye ou au Nigeria ».

C’est donc une sorte de mafia, un système de vol bien organisé par Deby et son entourage pour s’enrichir de façon illicite. Les populations ont raison de manifester leur colère face à des dirigeants qui ne s’occupent que de leurs intérêts personnels.

Seule la lutte paie !

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