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La question palestinienne et… Israël

19 mars 2015, 07:19

Une fois de plus la peur des Palestiniens sert à cacher la question sociale, pourtant brulante en Israël...

Il n’aura fallu que quelques jours à Benjamin Netanyahu pour déjouer les pronostics de ceux qui donnaient le Likoud battu et faire d’une défaite redoutée une victoire spectaculaire à la faveur d’une stratégie de dernière minute soigneusement calibrée pour élargir sa propre base au détriment de celle de sa droite.

Quatre jours avant le scrutin, Benjamin Netanyahu semblait lui même douter de sa victoire, disant craindre que son éventuelle défaite était un "danger réel" et appelant sa base à se mobiliser contre le risque d’une victoire de la gauche.

Il a toutefois su mettre ces derniers jours de campagne à profit pour inverser la tendance qui le donnait devancé par l’Union sioniste, accordant plus d’interviews en trois jours qu’il ne l’avait fait en plusieurs années et ratissant au plus large pour attirer les voix des plus nationalistes, tout en montrant une sensibilité inhabituelle.

Visitant la colonie de Har Homa en Cisjordanie, dont il avait autorisé l’implantation en 1997 lors de son premier mandat de chef de gouvernement, Benjamin Netanyahu a garanti que la construction de logements juifs en Cisjordanie occupée se poursuivrait et admis que la poursuite de la colonisation avait pour objectif de couper les Palestiniens de Jérusalem.
Il a promis le même jour que jamais il ne permettrait que soit créé un Etat palestinien, contrairement à ses engagements passés, au risque de faire dérailler complètement un processus de paix déjà mal en point.

A chaque fois que l’opportunité s’est présentée, il a redit que le Likoud risquait de perdre et qu’une victoire du centre-gauche favoriserait la propagation de l’islam radical et poserait des risques pour la sécurité d’Israël.

Mardi, alors que les bureaux de vote étaient ouverts, il a multiplié les attaques, accusant des "organisations de gauche" de remplir des bus d’Arabes israéliens pour les inciter à voter et gonfler ainsi l’électorat de la gauche.

Si beaucoup d’Israéliens ont perçu ces déclarations comme étant celles d’un homme aux abois, elles ont fait mouche auprès de la droite et de l’extrême droite, convaincues de devoir faire barrage à la gauche.

"Les sièges sont passés d’un camp à l’autre au sein des blocs de droite et de gauche, mais dans l’ensemble, les lignes n’ont pas bougé", souligne Gideon Rahat, qui enseigne les sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem.

Le détail du vote semble en effet montrer que Benjamin Netanyahu a puisé dans l’électorat sur sa droite, que ce soit au Foyer juif de Naftali Bennett, fervent défenseur de la colonisation ou à la formation de son ancien allié ultra-nationaliste Avigdor Lieberman.
Crédité dans les derniers sondages de 20 à 22 sièges, le Likoud en a finalement remporté une trentaine grâce à cette stratégie habile qui a épargné le centriste Moshé Kahlon et garanti un rôle d’arbitre partial à cet ancien du Likoud.

Tournée vers l’économie et la fracture sociale israélienne, où 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, sa campagne de la gauche unie au centre a séduit son électorat traditionnel et elle a permis aux travaillistes de faire progresser le nombre de leurs sièges à la Knesset.

Il n’a toutefois pas réussi à convaincre en dehors de la gauche et la menace sécuritaire brandie par Benjamin Netanyahu a peut être incité certains centristes indécis à ne pas se lancer dans l’inconnu en risquant de voir une coalition de gauche l’emporter.

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