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Les dix commandements de l’âne

27 août 2016, 06:26, par salut les ânes !

L’âne et le petit cheval

Un matin d’été,

Réunis dans le même pré,

Il y avait un âne bien sage

Et un fringant petit cheval.

Ils avaient le même âge

Mais, à les surprendre ainsi,

On devinait que leurs destins

Ne seraient jamais semblables.

L’un était gris et docile,

L’autre vif et étincelant.

L’un d’humeur égale,

L’autre plus inconstant.

Le premier pensait :

Je voudrais un maître à servir

Et mon petit pré carré,

Un travail humble et facile

Et une bonne mesure de blé.

Le second rêvait de pompe et de gloire,

Et de ces vastes champs emplis

Du cri vibrant des victoires.

L’un trouva dans une ferme

Sa besogne quotidienne,

Tandis que l’autre eut tôt fait

De se faire remarquer.

Alors que l’âne portait la farine et le bois,

L’alezan mettait en émoi,

De bas en haut des tribunes,

Quelques rondelettes fortunes.

On misait sur sa foulée

Dollars, florins et guinées ;

On osait d’invraisemblables paris,

Tant grande était sa renommée.

C’est ainsi, parmi les clameurs,

Que le petit cheval traversa la vie,

Qu’il connut les honneurs

et les prix prestigieux.

Rien ne lui sera refusé :

Ni le luxe, ni les trophées,

Ni les flirts délicieux

Sous les ombrages du grand pré.

Puis, l’âge venant,

On relégua l’alezan

Au bout du champ.

Plus de faste, plus d’argent,

Vieux cheval, il est temps

Que tu rentres dans le rang !

Finies les pompes de jadis

Et la vanité de paraître.

Voilà qu’hélas se profile

L’heure de la retraite !

Le lendemain, sous bonne escorte,

On le mena à l’abattoir.

Il y connut le même sort

Que ses frères du terroir.

Heureusement un palefrenier,

Se souvenant de son passé,

Avec égard l’enterra

Au fond du pré.

L’âne, qui se trouvait là,

A petits pas s’avança.

Devant la terre retournée,

Il laissa couler une larme.

Grâce à cette larme, sachez

Qu’une tendre fleur poussa.

Elle illumine, de son éclat,

La tombe du petit cheval.

Quant à l’âne, il mourut de vieillesse,

Très, très âgé, dit-on au village.

Lui, tout en broutant confiait

Que, quelques chardons suffisaient…

A le combler.

Armelle BARGUILLET ( extraits de « La ronde des fabliaux )

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