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L’émergence de l’homme, parmi les hominidés, une conséquence… du communisme des chasseurs-cueilleurs !

30 avril 2014, 17:40, par Robert Paris

« L’ethnologue américain Marshall Sahlins a étudié avec attention l’économie des peuples qui vivent, de nos jours, de la chasse et de la cueillette, comme il y a 20.000 ans. Les Boshimans d’Afrique du sud par exemple, ou les Bushman d’Australie, qui ignorent l’agriculture. Il démontre clairement, dans un livre auquel l’éditeur français a donné un titre provocant : « Âge de pierre, âge d’abondance », que la croyance classique selon laquelle cette économie primitive permettait tout juste de survivre au prix d’un labeur incessant est une idée fausse. Le « sauvage » ne vit ni dans la misère, ni dans la pénurie. Boshimans et Bushmen ne consacrent que trois ou quatre heures chaque jour à la collecte de la nourriture. Sans que, d’ailleurs, l’ensemble du groupe participe à la tâche. Cette démonstration fait sauter le mythe, inspiré par la société industrielle, du « sauvage » condamné à une condition quasi animale par son incapacité à bien exploiter son environnement. Marshall Sahlins démontre au contraire que l’homme primitif vit dans une société d’abondance. La première qui ait existé au monde – et c’est sans doute aussi la dernière. S’il ne constitue pas de stocks, c’est qu’il n’en ressent pas le besoin. Pourquoi chasser et cueillir plus qu’on ne peut consommer, puisque la nature offre perpétuellement ce dont on a besoin ? Les stocks sont là, à portée de main, dans les baies et les fruits qui poussent sur les arbres, les animaux de la forêt et les poissons de la rivière qui forment des proies faciles, renouvelées en permanence. La société de chasseurs est une société sans économie, et même, a-t-on pu dire, « une société contre l’économie », donc sans pauvreté – cette dernière étant une invention de la civilisation. C’est nous qui avons créé la pénurie. Il est possible qui y ait, proportionnellement, d’avantage d’enfants, d’hommes et de femmes qui se couchent aujourd’hui avec la faim au ventre qu’il n’y en avait il y a 20.000 ans…. Pour les chasseurs semi-nomades, la propriété n’avait pas le sens qu’elle peut avoir pour nous. Il n’y avait pas intérêt à posséder beaucoup d’objets, puisqu’ils devaient, de temps à autre, enfermer leurs biens dans des peaux de bêtes pour quitter leur campement et partir vers de nouveaux terrains de chasse et de cueillette. La richesse, dans une telle société, aurait été plus une gène qu’un avantage. Chez certains peuples qui vivent aujourd’hui encore, en dehors de notre civilisation, la légèreté, la petitesse d’un objet sont les vrais critères de sa valeur. Les chasseurs de la préhistoire n’étaient pas pauvres parce qu’ils ne possédaient que l’essentiel : leurs vêtements en fourrure, leurs litières, leurs parures, leurs armes et leurs outils. »

Robert Clarke dans « Naissance de l’homme »

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