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Qu’étaient les procès de Moscou de 1935 à 1938 ?

7 juin 2019, 07:36

« Faux Passeports » de Charles Plisnier :

« Que signifie ce nouveau procès ?

Veut-on faire croire au monde que tous ces chefs bolchévistes, échappés aux prisons du tzar et à ses potences, qui, autour de Lénine, faisant face à la guerre civile, à la guerre étrangère, ont construit l’U.R.S.S., se sont assemblés pour la trahir ?

Veut-on faire croire au monde que ces Partisans qui, pour leur Parti, ont souffert la prison, la déportation, la faim et la calomnie, se sont assemblés pour le vendre et le détruire ? Veut-on faire croire au monde que ces stratèges et ces tacticiens de la révolution, ont résolu de faire assassiner Staline, au moment précis où leur pouvoir devient si fort et leur étoile si proche, qu’il faut, pour les réduire, arrêter dans toutes les Républiques, leurs compagnons de lutte, par milliers et dizaines de milliers ?

Non. Non. J’ai connu ces Zinoviev, ces Smirnov : c’est par la réforme du Parti qu’ils veulent sauver la Russie et la Révolution…

Le procès de Moscou envahit les journaux. Comment l’opinion du monde ne se soulève-t-elle pas ? Qu’est devenue cette conscience ouvrière, qui laisse déshonorer par des fonctionnaires les survivants de sa première révolution ? (…)

Ces hommes, l’un après l’autre, renoncent à se défendre contre les accusations les plus outrageantes, celles de trahison et d’assassinat. L’un après l’autre, celui-ci, celui qui fut le Chef-du-Premier-Soviet-de-la-Première-Révolution, celui-là qui fut l’Organisateur-de-la-Victoire-d’Asie, ceux-là, tous, reconnaissent leurs crimes.

 Accusé, cette déposition apporte la preuve que vous avez commis un grand crime. Vous avouez-vous coupable ?

 Oui.

 Vous confirmez par conséquent qu’il existait chez vous un plan si monstrueux ?

 Oui.

 Alors, vous avez tous assassiné Stavrov ?

 Oui.

 Alors, vous tous, vous avez organisé l’assassinat ?

 Oui.

 Et vous vouliez assassiner aussi Staline, Sauveur et Père de la Révolution ?

 Oui.

 Comment apprécier les articles et les déclarations que vous écrivîtes en 1933, et dans lesquels vous exprimez votre dévouement au Parti ? Un mensonge ?

 Pire.

 Une perfidie ?

 Pire.

 Pire que le mensonge. Pire que la perfidie. Dites le mot vous-mêmes : une trahison ?

 Vous l’avez trouvé.

 Trahison, perfidie, duplicité !

 Oui. »

Je vis dans un cauchemar….

Non. Non. Non. Cela ne se peut.

Cette farce tragique recommencera donc indéfiniment jusqu’au jour où la Russie n’aura plus une goutte de sang pur, un souffle d’âme héroïque ?

Tous les hommes d’Octobre, ceux des sommets et ceux du rang, vont donc se laisser assassiner l’un après l’autre ; ils vont donc, l’un après l’autre, tendre la gorge, supplier le coup de grâce ? A quel dieu malade et dément ce sacrifice est-il donc fait ?...

Nadédja Constantinova Kroupskaïa, la veuve de Lénine, écrivit au Chef pour le supplier de laisser vivre les hommes d’Octobre. Staline répondit qu’il ne pouvait rien, qu’il n’était rien….

Les monarchistes du journal Vorodjénié imprimèrent ce chant de grâce :

« Sois remercié Staline !

Seize gredins,

Seize bourreaux de la patrie

Sont repartis chez les aïeux.

Le ciel nous paraît bleu aujourd’hui.

Tu nous as payés de la peine de tant d’années ! »

(…)

Au cours de ce hideux procès où comparaissaient devant un Tribunal de théâtre et aux yeux d’un public d’amateurs et de policiers, quelques-uns des plus grands parmi les hommes d’Octobre, mêlés par raffinement de l’outrage, à des aventuriers professionnels et à des agents provocateurs, le Procureur Général, traquant le plus haut de ces martyrs et, par une sorte de sorcellerie magnétique, dressant autour de lui tous ses compagnons pour l’accuser, lui dit enfin, avec la tranquillité orgueilleuse de l’acrobate qui a réussi son tour : « Ivan Nikititich Smirnov, le cercle s’est refermé. »

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