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Syndicats contre luttes de classes révolutionnaires

14 décembre 2016, 08:13

Bernard « Rambo » Gauthier, chef syndical en vue de la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, a pris la tête d’un nouveau parti populiste de droite au Québec, Citoyens au pouvoir, qui combine un discours anti-immigrants à des dénonciations démagogiques de « l’establishment ».

En conférence de presse la semaine dernière, Gauthier s’en est pris aux « nouveaux arrivants » en disant « qu’à un moment donné, ça allait bien, mais c’est rendu qu’on est en train de l’échapper ». Il a assimilé les immigrants à des « envahisseurs » et déclaré que les accommodements raisonnables envers les minorités, « on n’en veut pas nous autres ».

Disant avoir tiré des leçons de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, Gauthier a dénoncé les partis traditionnels et promis de « redonner le pouvoir au peuple ». Faisant référence aux inégalités sociales et à la misère grandissante, il a déclaré : « tout aux plus riches et rien aux plus pauvres, il faut que ça arrête ça, ostie ! » Il a également mis en garde contre le risque d’une « guerre civile ».

Gauthier se décrit comme un souverainiste québécois qui est déçu du Parti québécois. Il est trop tôt pour savoir si son nouveau parti arrivera à s’établir sur la scène politique québécoise. Son apparition reflète néanmoins une tendance internationale qui a vu des partis de droite et d’extrême-droite profiter de la profonde crise économique et sociale causée par le capitalisme en faillite, et du discrédit des partis traditionnels de la classe dirigeante, pour accroître leur popularité en adoptant une posture d’opposition aux coupes sociales et aux mesures d’austérité.

Le facteur décisif dans l’émergence du populisme de droite a été le rôle joué par les syndicats pro-capitalistes, les partis officiels supposément « de gauche » comme le parti travailliste en Angleterre ou le parti socialiste en France, et des éléments de la pseudo-gauche comme Syriza en Grèce, pour imposer l’austérité capitaliste et appuyer le tournant militariste de l’élite dirigeante. Au Québec, le rôle clé a été joué par les syndicats qui subordonnent les travailleurs depuis des décennies au Parti québécois, un parti de la grande entreprise de plus en plus basé sur le chauvinisme québécois.

Tout comme la victoire électorale de Trump a mis à nu la crise terminale du système des deux partis aux États-Unis, et la montée des partis xénophobes en Europe celle de l’Union européenne, l’entrée en scène de Gauthier avec son discours ultra-nationaliste et ouvertement anti-immigration représente une condamnation de toute la classe politique québécoise et canadienne.

Le Parti québécois et le Parti libéral, les deux partis de la grande entreprise ayant exercé le pouvoir en alternance au Québec, ont mené au cours des dernières décennies un assaut dévastateur contre les conditions de vie de la classe ouvrière.

Au nom du « déficit-zéro » ou sous le prétexte qu’ « il n’y a pas d’argent », on réduit drastiquement les salaires, on pille les régimes de retraite et on supprime les avantages sociaux. Les services publics, y compris la santé et l’éducation, sont en sous-financement chronique et une place de plus en plus importante est laissée à l’entreprise privée pour soi-disant « combler le manque ». Au même moment, des sommes toujours plus importantes sont accaparées par une petite minorité au sommet de la pyramide.

Ce programme de guerre de classe a été pleinement appuyé par la bureaucratie syndicale au sein de laquelle Gauthier a fait carrière. Depuis des décennies, à chaque fois qu’une opposition a fait surface parmi les jeunes ou la classe ouvrière, la direction syndicale manœuvre pour étouffer leurs luttes. Cela s’est vu lors de la grève étudiante militante de 2012 lorsque la bureaucratie syndicale a canalisé l’opposition populaire derrière l’élection du Parti québécois. En 2015, une vaste mobilisation des travailleurs du secteur public québécois a été de nouveau sabotée par les chefs syndicaux, qui ont brandi la menace d’une loi spéciale pour forcer leurs membres à accepter des concessions majeures.

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