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Aux sources des philosophies matérialistes

27 août 2013, 05:03, par RP

« Cogniot nous signale que « certains matérialistes de l’Inde ancienne ont admis que toute chose existante se composait de particules hétérogènes de feu, d’eau, d’air et de terre, contenues, dans l’éther, ils croyaient à l’existence de substances originelles, de matières primordiales, d’où procédaient toutes les substances, tous les corps connus. Des penseurs de la Chine antique ont pareillement posé les « éléments primitifs » parmi lesquels ils comptaient, outre l’eau, le feu, la terre, le métal, et le bois ; ils expliquaient par ces « origines » les impressions du goût, salées, douces, amères etc. Dans le Livre de l’harmonie des ténèbres, il est dit que « la conscience naît des choses et meurt aussi dans les choses ». Les matérialistes chinois défendaient également l’idée de particules primitives contraires, positives et négatives existant dans la nature ». (Georges Cogniot, Le matérialisme gréco-romain, ed. Sociales, 1964, p. 15, voir aussi Ai Siqi Matérialisme dialectique, Matérialisme historique, ed, du Centenaire, 1980, pp. 16 - 21).

J. Hebert ajoute pour le cas du Japon « comme la plupart des autres cosmogonies le Shintô en visage le passage de l’incréé au créé comme un développement progressif à la fois de la matérialisation et de la multiplicité, mais il est suivi dans un deuxième stade par une confrontation entre les forces positives et les forces négatives et glisse insensiblement dans un troisième stade, vers l’organisation du monde et la protohistoire de l’humanité ». (J. Hebert, cosmogonie japonaise, Paris, Dervy-livres 1977).

Dans les cosmogonies polynésiennes, on note le principe des « eaux primordiales plongées dans les ténèbres qui se séparaient à l’apparition de la lumière. Alors ciel et terre se forment ». (M. Bucaille, la Bible, le Coran et la Science, Paris, Seghers 1976, p. 150).
On aurait pu continuer la liste en interrogeant d’autres cosmogonies, entre autres celles des religions africaines dites « traditionnelles » ou « animistes ». Cela ne ferait que renforcer notre conviction à savoir l’existence d’un noyau matérialiste dans ces cosmogonies.

Pour certains penseurs de l’Antiquité, l’élaboration ou l’acceptation des théories matérialistes va de pair avec la négation des dieux et d’une vie future, c’est le cas des varhaspatyas ou athées [1] de l’Inde. Ainsi « Vrihaspati le fondateur de l’école des athées, attaqua les vedas et les brahmanes, avança que tout le système hindou était une invention des prêtres, occupés à s’assurer à eux-mêmes des moyens d’existence. L’ Agnihotra, dit-il, les trois vedas, les tridandas, l’usage de se frotter de cendres, n’ont d’autre objet que de former un patrimoine en faveur de ceux qui n’ont ni intelligence ni caractère. On ne peut donner d’autre raison des cérémonies que les brahmanes ont instituées pour les morts que leur envie de se procurer un patrimoine, et encore les trois auteurs vedas étaient des bouffons, des misérables, des pervers ». (J. p. Remusat, Essai sur la cosmographie et la cosmogonie des boudhistes d’après les auteurs chinois, Paris, Impr. Roy. 1843, p. 135).
Tous les penseurs de l’Antiquité n’ont pas eu une attitude aussi radicale que celle de Vrihaspati (ou Brhaspati).

En effet on a pu noter d’une part que dans beaucoup de ces cosmogonies, un rôle pouvait être laissé aux divinités et que d’autre part chez beaucoup de matérialistes la profession de foi matérialiste s’accommodait avec un respect aux dieux.
L’étude du cas égyptien et des systèmes matérialistes gréco-latins pourra nous permettre de mieux illustrer notre propos. »

Boubacar Diop

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