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Le mythe du bon roi

25 juin 2014, 08:19, par RP

Sur Jehanne d’Arc et Charles VII, un historien affirme que c’était un roi très croyant, s’appuyant sur ces dires :

« Jehanne dit à Charles : « Sire, me promettez-vous de me donner ce que je vous demanderai ? » Le Roi hésite, puis consent. « Sire, donnez-moi votre royaume ». Le Roi, stupéfait, hésite de nouveau ; mais, tenu par sa promesse et subjugué par l’ascendant surnaturel de la jeune fille : « Jehanne, lui répondit-il, je vous donne mon royaume ». Après quoi, voyant celui-ci tout interdit et embarrassé de ce qu’il avait fait : « Voici le plus pauvre chevalier de France : il n’a plus rien ». Cela ne suffit pas : la Pucelle exige qu’un acte notarié en soit solennellement dressé et signé par les quatre secrétaires du Roi.« Notaire, écrivez dit la pucelle inspirée : le 21 juin de l’an de Jésus christ 1429, à 4 heures du soir, Charles VII donne son royaume à Jeanne. Ecrivez encore : Jeanne donne à son tour la France à Jésus-Christ. -Nos Seigneurs dit-elle d’une voix forte, à présent, c’est Jésus-Christ qui parle : « moi, Seigneur éternel je la donne au Roi Charles ». Que signifie cet événement capital ? Que ce Dauphin que l’enseignement républicain nous présente comme un indécis et un demeuré, un indécis, voire le digne fils d’un fou, mais que ses contemporains appellent le « bien-servi » (ce qui signifie qu’il savait juger les hommes), montre en cette occasion une foi extraordinaire en la Sainte Providence. Toute sa vie est d’ailleurs un exemple remarquable de Roi très chrétien.
 »

Charles VII entièrement « roi très chrétien » ? Pensons à la manière dont il a abandonné Jeanne d’Arc ; et ses favorites…quand même !
10 septembre 1419 : le futur Charles VII de Jeanne d’Arc fait traîtreusement assassiner Jean sans Peur.

Le jeune dauphin est déjà là, qui l’attend. La suite des événements est rapportée par Jean Séguinat, secrétaire du duc de Bourgogne : "Mondit seigneur de Bourgogne aperçut le dauphin qui était près de la porte, devers la ville, sur ledit pont, à l’endroit d’un petit retrait fait de baies ; mondit seigneur alla à lui, ôta son amusse (chapeau) qui était de velours noir et s’agenouilla en lui disant : Monseigneur, après Dieu, je ne dois obéir qu’au roi et à vous ; je viens vous offrir ma personne, mes biens et toutes les forces de mes alliés et bienveillants, si on a fait quelque rapport à mon désavantage, je vous prie de n’en rien croire, dis-je bien, Messieurs. Vous dites si bien, répondit le dauphin, qu’on ne peut mieux ; levez-vous, beau cousin, et vous couvrez, en le tenant par la main." C’est alors que Jean sans Peur a un geste malheureux, celui attendu par l’adversaire pour lui tomber dessus : tout en se relevant, il pose la main sur l’épée pour la remettre en place. Aussitôt, le seigneur de Loré l’apostrophe : "Mettez-vous la main à vostre épée en la présence de Monseigneur le dauphin ?" Sans attendre la réponse, messire Tanguy du Châtel abat sur Jean sans Peur une énorme hache en lui disant : "Monsieur de Bourgogne, entrez là-dedans."
Les gens du dauphin se mettent à crier "Tuez, tuez !" en se précipitant sur le duc. Certains de ses vassaux tentent bien de le protéger, mais inutilement. C’est la curée. Un homme s’agenouille auprès de Jean sans Peur pour lui donner le coup de grâce en lui plongeant son épée au travers du corps. Du côté des Armagnacs, c’est du délire. Les assassins se précipitent sur le cadavre pour arracher des morceaux de sa robe en guise de trophée. Les seigneurs accompagnant le duc de Bourgogne ne peuvent rien faire. Douze ans après son assassinat, le duc d’Orléans est enfin vengé. Ils font mettre le corps du duc dans une bière réservée aux pauvres et la font porter à l’église par les individus les plus paillards qu’ils peuvent trouver. Depardieu, qui passe par là, est recruté. Pour justifier leur geste, les Armagnacs prétendent qu’ils ont craint pour la vie du dauphin quand Jean sans Peur a mis la main à l’épée. Le duc s’est fait jouer comme un enfant.
Ce meurtre ne bénéficie ni au camp des Armagnacs ni à la France. C’est même une idiotie diplomatique, car non seulement le futur Charles VII s’est complètement déconsidéré en manquant à sa parole, mais le nouveau duc de Bourgogne, fils du précédent, bascule définitivement dans le camp anglais. Il offre la couronne de France à Henri V d’Angleterre. D’où une prolongation de la guerre dite de Cent Ans, de plusieurs décennies. Charles VII, et après lui son fils Louis XI, finiront par arracher la France aux Anglais, mais à quel prix.

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