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L’inhibition de l’inhibition

25 mai 2015, 08:07

On a réussi à effectuer une modification remarquable en inhibant une inhibition !!

Désactiver certains gènes transforme en effet le bec des oiseaux en museau de reptiles !

De la cigogne au perroquet, en passant par le pélican, les oiseaux se distinguent par la variété des formes de leur bec. Un attribut apparu chez les ancêtres des actuels reptiles et oiseaux… et que des chercheurs américains ont réussi a faire disparaître chez de jeunes poulets en « éteignant » certains gènes.
Le bec est fort malléable : prenant des formes allongées ou courtes, arquées ou droites, dures ou flexible, il a permis aux oiseaux de s’adapter à toutes sortes d’aliments. Si la poule picore des graines, le pélican avale des poissons et l’ibis aspire mollusques et crustacés enfouis dans la vase.
Au cours de l’évolution, le bec est apparu chez les oiseaux en même temps que leurs ailes, et a ainsi contribué en grande partie à leur succès. Si bien que 10 000 espèces différentes de la classe des oiseaux peuplent aujourd’hui la planète, leur habitat s’étendant des Pôles aux tropiques.

Mais par quel mécanisme le bec, cette structure si unique, s’est-il développé ? C’est la question que se sont posée les biologistes Bhart-Anjan Bhullar et Arhat Abzhanov, de l’université Harvard (Etats-Unis) avec leurs coéquipiers.

Tout d’abord, il faut savoir qu’un seul et même groupe, les Archosaures, regroupe les reptiles et les oiseaux actuels, mais aussi les ptérosaures et les dinosaures sans ailes (éteints il y a 66 millions d’années). Car les paléontologues pensent que les oiseaux que nous voyons autour de nous sont les seuls survivants du groupe des dinosaures !

Ainsi, les chercheurs ont essayé de retracer quels groupes de gènes expliquent la présence d’un bec chez certains de ces Archosaures (les oiseaux) et pas chez les autres (les reptiles). Comme ils l’expliquent dans la revue Evolution, ils ont commencé par identifier les différences entre les os des reptiles et ceux des oiseaux au niveau de la pointe du rostre – l’extrémité avant de la tête – celle qui porte un bec chez les oiseaux.

En analysant des ossements de dinosaures et reptiles fossiles, d’oiseaux actuels et de crocodiliens (alligators, crocodiles…), ils ont établi que la différence se situe dans la conformation des os prémaxillaires. Il s’agit des os les plus en avant de la mâchoire supérieure, ceux qui portent les dents incisives. Et bien, alors que chez les reptiles, ces os sont allongés mais séparés en un gauche et un droit, ils fusionnent chez les oiseaux et s’allongent encore davantage, formant le bec.

Ensuite, les chercheurs ont recherché parmi les groupes de gènes régissant le développement du crâne et de la face. En comparant l’expression de ces gènes dans le développement embryonnaire de la tortue, de l’alligator, du lézard (des reptiles) avec celui de l’émeu (un oiseau australien), ils ont identifié des gènes appelés Fgf8 et Lef1, qui étaient exprimés différemment chez ce dernier. De quoi laisser penser qu’ils régissent la formation du bec chez les oiseaux.

Pour conclure leur recherche, les biologistes ont testé leur hypothèse sur le poulet. Ils ont inhibé l’expression des deux gènes qu’ils avaient identifiés en implantant à l’extrémité de la tête des embryons une bille imbibée d’une substance inhibitrice. Résultat : peu avant l’éclosion, les poussins présentaient un museau très ressemblant à la fois à celui du petit alligator et aux fossiles d’Archosaures : avec les os prémaxillaires plus courts et séparés, ainsi qu’un palais plus primitif.

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