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Encore sur les révolutions dans l’Inde antique

23 juillet 2010, 21:11, par Robert

Le politique et le religieux
Si les fouilles du Proche-Orient nous ont livré de grands monuments à la gloire des dieux et des hommes, de très nombreux éléments d’iconographie religieuse, ainsi que de riches tombes, aucun bâtiment ne peut être identifié comme un temple ou un palais et aucun mobilier funéraire n’est suffisamment riche pour indiquer l’existence d’élites. A ce jour, les sites harappéens n’ont guère fourni d’éléments qui puissent nous renseigner sur l’organisation politique. Certains auteurs interprètent l’uniformité et le haut niveau technique des produits de l’artisanat comme le signe d’un pouvoir autoritaire et centralisateur, mais cette conception est aujourd’hui battue en brèche par les données de l’archéologie.

L’écriture
Plus que les scellements en argile, les plaques de cuivre, les amulettes en terre cuite ou en faïence, les baguettes en ivoire ou en os, ce sont les sceaux-cachets qui fournissent l’essentiel des inscriptions de l’Indus. On compte près de 2’200 sceaux épigraphiés provenant de Mohenjo-Daro, de Harappa, de Lothal, de Kalibangan, de Chanhu-Daro et d’autres sites du Proche-Orient. Ces brèves inscriptions (comprenant en moyenne 5 caractères) ont permis d’inventorier plus de 400 signes. Ce nombre exclut a priori la possibilité d’une écriture alphabétique, ou même syllabique. Malgré des tentatives répétées de déchiffrement, l’écriture de l’Indus demeure énigmatique et on ignore même à quelle langue la rattacher.

L’hypothèse la faisant dériver de l’écriture sumérienne primitive et celle qui lui reconnaissait des affinités avec le dravidien du sud de l’Inde semblent aujourd’hui rejetées par la majorité des spécialistes. Les récentes tentatives pour rattacher cette écriture à des marques peintes ou incisées sur des céramiques du Baloutchistan et de l’Indus, au IV e millénaire et dans la première moitié du III e millénaire, sont elles aussi restées infructueuses.

L’artisanat
Bien qu’importante, l’uniformité de la culture matérielle harappéenne n’empêcha pas le développement de traits locaux. Les récentes recherches font en effet apparaître des éléments de diversité aussi bien dans la production céramique que dans les pratiques funéraires. Celles-ci, par exemple, ne sont pas les mêmes à Kalibangan qu’à Harappa. D’autre part, Mohenjo-Daro a livré des milliers de figurines humaines en terre cuite alors que Lothal en est totalement dépourvu.

Des mesures communes
Artisans et commerçants de l’Indus usaient d’étalons communs. Les poids sont le plus souvent des cubes, mais il en existe qui sont sphériques, cylindriques ou coniques. Ils sont taillés et polis dans des pierres diverses, silex - pour les plus précis -, stéatite, calcaire, calcédoine. La gamme des poids allie système binaire et système décimal. L’unité de poids de 13,625 g est divisée en une série de sous-multiples (1/2, 1/4, 1/6, 1/8 et 1/16) ; la série des multiples est obtenue par des multiplicateurs pairs (allant de 2 à 800, en passant par 4, 10, 20, 40, 100...). Pour les longueurs, les Harappéens utilisèrent simultanément le pied (entre 33,02 et 33,52 cm) et la coudée (51,56 à 52,83 cm).

Spécialisation des artisans
La large diffusion des techniques et des styles sur un vaste territoire témoigne simplement de l’existence d’une standardisation et d’une spécialisation de l’artisanat. Les représentations de la statuaire, qui, en Mésopotamie, fournissent des renseignements de nature religieuse, sont ici d’interprétation délicate ; ainsi, une petite statuette en stéatite blanche représentant un personnage barbu, la tête ceinte d’un bandeau et une épaule couverte d’un « châle », a été nommée le « roi prêtre » de Mohenjo-Daro, mais rien ne peut attester qu’il s’agisse effectivement d’un tel personnage. Malgré tout, quelques objets taillés dans la pierre offrent un caractère religieux. Parmi eux, un personnage portant une coiffure cornue et assis dans la position de méditation des yogi évoque des traits que l’on retrouvera chez Çiva, l’un des dieux de la trinité hindoue ; d’autres, mettant en scène des animaux, tel le remarquable unicorne, semblent être de nature mythologique.

La céramique
Parmi les produits de la culture matérielle harappéenne, la céramique est celui qui a laissé le plus de traces. Dans la multitude de récipients utilitaires et le plus souvent sans décor, trois types peuvent être considérés comme des classiques harappéens : le « support d’offrandes », la « faisselle » et le « gobelet de l’Indus ». Le premier est un plat sur pied, de hauteur et d’épaisseur variables, que les archéologues appellent offering stand, ou compotier. Le deuxième est un récipient approximativement cylindrique, légèrement renflé à la base ; celle-ci est plate et percée en son centre. Les parois, à l’exception de la partie supérieure proche de l’ouverture, portent des perforations. Cet objet - jadis considéré comme un brûleur d’encens ou comme un brasero - pourrait, selon certains archéologues, être une faisselle. Enfin, le « gobelet », qui paraît d’usage aussi incertain ; c’est un vase ovoïde à panse pointue qu’on trouve surtout dans les niveaux moyens et tardifs des sites harappéens classiques.

Outre ces poteries communes, les artisans de l’Indus produisaient une céramique peinte, remarquable par la qualité de son ornementation. Sa pâte rosée est recouverte d’un engobe rouge lustré sur lequel s’inscrivent des motifs peints en noir. La décoration, généralement dense, disposée en zones, allie les motifs géométriques (rectangles, damiers, triangles, cercles sécants) et figuratifs (arbres, tel le pipal dont seule la feuille est représentée, oiseaux, quadrupèdes, poissons, crocodiles). Il existe également quelques spécimens à décor polychrome combinant le noir, le rouge, le vert et le jaune sur fond clair.

Autres matériaux
Le cuivre et le bronze furent utilisés pour la fabrication d’armes (lames et haches sans collet d’emmanchement) et d’objets aussi divers que des miroirs, des rasoirs, des pots à fard, des récipients et de petites figurines, dont la gracile Danseuse de Mohenjo-Daro. L’or, l’ivoire et les pierres semi-précieuses furent employés pour les parures. Les Harappéens réalisèrent, par exemple, des perles de cornaline qu’ils décoraient par trempage dans des solutions alcalines.

Les parures
Les Harappéens accordaient une grande importance à la parure. Les nombreuses statuettes féminines de Mohenjo-Daro et de Harappa étaient généralement parées de colliers, de pendentifs, de bagues et de bracelets. Les bijoux harappéens sont faits dans des matières diverses (céramique, pierres semi-précieuses, or, argent, cuivre, coquillages marins, stéatite et faïence). Dans ce domaine, l’artisanat harappéen repose sur une tradition remontant au néolithique. Le travail du coquillage marin, celui des pierres semi-précieuses (lapis-lazuli et turquoises) sont attestés à Mehrgarh dès le VII e millénaire. Au chalcolithique, à Mehrgarh, en même temps que fut utilisée la stéatite et qu’apparut le travail de l’or, les lapidaires perfectionnèrent les techniques de taille des pierres en employant de nouveaux outils (petits forets en jaspe vert, phtanite - et tour à archet). A ces techniques, les Harappéens en ajoutèrent de nouvelles - faïence, glaçures et décoration des perles par solution alcaline -, ce qui permit la création de bijoux combinant de façon originale des éléments divers. MEMO

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