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Le matriarcat, ses causes et sa fin sous les coups de la guerre sociale

6 août 2019, 10:20

PETITE RECHERCHE PERSONNELLE QUE J’AI FAITE :

Quelques pistes de traces matrilocales enfouies : en latin (et dans la plupart des langues européennes avec genre), le soleil est de genre masculin et la lune est de genre féminin....mais en allemand le soleil (la soleil) est de genre féminin et la lune (le lune ) est de genre masculin. Idem en Berbère.

Je cite : "Dans la tradition païenne germano-nordique, l’astre solaire était personnifié par une déesse nommée Sunna, ainsi que la désignent les anciennes Formules magiques de Mersebourg, découvertes en Allemagne, ou Sól, telle que la mentionne en Scandinavie le Vafþrúðnismál, troisième poème de l’Edda poétique.

Cette figure mythologique témoigne du fait que le Soleil revêt un caractère féminin et non masculin dans la culture germanique, ce dont on retrouve aujourd’hui encore la trace en langue allemande moderne : le Soleil y est en effet de genre féminin (Die Sonne), tandis que la Lune y est de genre masculin (Der Mond).

"Sonne" conserve en outre la trace étymologique évidente du nom de Sunna, de la même façon que l’anglais "Sun", le néerlandais "zon" etc, tandis que le souvenir de sa variante scandinave Sól se retrouve entre autres dans le norvégien et le suédois modernes "sol"."

Ce qui peut laisser supposer quà une époque lointaine, il y eut une culture où tout ce qui était force de vie était assimilé à des déesses mère.

A Sumer (une cité près de Sumer) aussi, une divinité solaire existait "Shapash" : celle qui voit tout. Chez les hittites, il y avait la déesse solaire d’Arinna, principale déesse de leur panthéon. Les groenlandais pensaient que la lune "était capable d’engrosser les femmes" et les Maori pensaient que "la lune était le mari de toutes les femmes", etc, etc

Je cite : "Au Japon depuis la nuit des temps et encore aujourd’hui la lune est Tsuki-yomi-no-mikoto, frère de la grande déesse Soleil Amaterasu-ô-mi-kami, dont l’Empereur est le descendant. Gengis Kan aussi est connu comme étant le descendant d’une femme rayon de Soleil, nommée Alan Qo’a 2. ".

"L’ancienne Mésopotamie garde les traces du dieu lune Sin (forme akkadienne de Babylone et d’Assyrie) ou Nanna (en sumérien). Du côté de l’Egypte, Isis, « En sauvant de l’anéantissement son époux, puis son fils, celle qui, à l’instar du soleil, dissipe l’obscurité par sa lumière » 3 atteste aussi d’une appartenance solaire. Dans les pays Baltes le soleil était aussi féminin, le mot qui le désigne « saulé » veut dire petite mère. Petite doit être compris comme un terme affectif et respectueux. Elle traversait le ciel dans son char afin de répandre la lumière. Le dieu de la lune était Menesis 4. Le mot soleil, Solncé en russe moderne est neutre, cependant Lise Gruel-Apert établit qu’il remonte à la première partie du mot « soin » dont l’origine slave ѕтЛп’сълнь, est féminine. « Les Baltes connaissent un mythe, très typique, où le soleil (saule, fém.) est soeur et épouse du croissant, masculin. On a des traces de la même légende chez les Slaves (d’après Afanas’ev, citant Saxarov, Тегебсепко) » 5.. Dans la mythologie nordique, les enfants des dieux Mundilfari et Glaur étaient Sol, déesse du Soleil et Máni dieu de la Lune. Dans la langue allemande, le Soleil est encore de nos jours féminin (die sonne) comme il l’était en Celtique et Nordique ancien. "

Tout ceci n’est pas à prendre au pied de la lettre bien sûr, mais est la manifestation en écho, ce qui reste, de conceptions très lointaines du monde, et différentes de notre monde, mais qui n’en n’ont pas moins existé.

Puis le culte de la déesse mère a cédé place au culte du guerrier (celui qui triomple de l’ennemi), et les déesses solaires ont été reléguées, dans les grottes, au fin fond des forêts...

Tout ceci peut sembler n’être qu’une diversion poétique. Je pense que cela a un impact plus profond sur notre monde, sans pour autant vouloir glorifier un sexe plus qu’un autre, mais simplement déterminer à quel point cela fonde nos cultures, sans que bien souvent nous en soyons conscients.

Les traditions matrilinéaires ont toutefois peut-être posé un problème purement génétique : si les femmes étaient libres de leur sexualité, et que l’accent n’était pas mis sur le distinction de la descendance, cela impliquait que les unions consanguines des enfants de ces femmes pouvaient avoir lieu plus facilement, par ignorance de l’origine paternelle, avec altération subéquente du patrimoine génétique. Du moins, c’est ce qu’on peut logiquement déduire. Sans doute pour cela que dans la tribu Moso, restée matrilinéaire, il est de bon ton, considéré comme valorisant, d’avoir un ou des amants qui viennent du lieu le plus lointain possible (évitement de la consanguinité et brassage génétique). Chez les mosos, qu’importe le nombre d’amants (tout le monde s’en fiche et la vie sexuelle es toujours très discrète) mais par contre, que le patrimoine génétique du père biologique vienne de loin, oui, cela a de l’importance. Quant à la fonction paternelle/masculine, elle est assuré chez les mosos, par le frère, qui éduque les enfants de sa soeur du point de vue masculin (le fameux système avunculaire), lui-même vivant sa sexualité hors de la maison maternelle familiale (c’est à dire la maison de sa soeur) et étant à son tour le géniteur d’enfants, dont il n’assumera pas le rôle de père, celui-çi étant endossé par le ou les frères de ses amantes extérieures (etc, en boucle)..

L’avantage par contre est une grande forme de stabilité dans la transmission du patrimoine, et apparemment, l’évitement de pas mal de guerres. Plus de femmes considérées comme des "trophées de guerre" (puisque libre accès aux femmes consentantes, qui de toute façon en plus sont les gestionnaires et propriétaires des biens). Pas de notion non plus de possession (ou jalousie) d’un être par un autre. A dire vrai, ils ressentent probablement la jalousie, qui est un sentiment très humain, mais ils ont considéré que c’était un sentiment tabou, car c’est une condition sinéquanone pour la continuation de leur culture. Il n’y a pas de mot dans la langue moso pour désigner le concept" guerre".

L’attachement longue durée n’est pas interdit non plus, mais il est très codifié : deux êtres peuvent se fréquenter pendant de nombreuses années, voire même tout la vie pourquoi pas mais ils n’habitent pas tout le temps ensemble. Quant à la séparation (dans le cas d’attachement), il suffit qu’un des deux le veuille, et l’autre partenaire, homme ou femme, n’est pas en droit d’exiger le contraire et cette séparation doit se faire sans acrimonie afin de préserver la paix sociale. Dans les deux cas, l’homme et la femem séparés ne se retrouvent pas sans ressource matérielle, puisque la femme habite la maison de la lignée maternelle (où se cotoient, grand-mère, mère, enfants et oncles) et l’homme la maison de sa mère animée par le même système. L’économie des mosos n’est donc pas basée sur le couple cohabitant en permanence. Ils sont dans l’ensemble, obsédés par le fait de vivre en harmonie les uns avec les autres (pas seulement la famille, mais le village, les voisins plus lointains) ce qui a longtemps prévalu comme valeur sur les biens matériels.

Les mosos considèrent également que l’amour entre un homme et une femme peut-être changeant, instable et qu’on ne peut baser la stabilité d’une société sur cet état de fait, dans la même veine, ils prétendent que leur vie amoureuse est "très pure" dans le sens où elle n’est jamais basée sur les biens matériels du bien aimé ou de la bien aimée, puisque chacun possède autrement et ailleurs. Finalement, tout comme la classe bourgeoise dans un passé récent, les mosos considèrent que l’amour-passion entre un homme et une femme, ne peut pas être le ciment d’une société stable, mais à part qu’ils ont résolu l’équation autrement, et que la clé de voûte, n’est non pas le père, mais la mère et la filiation matrilinéaire.
Par ailleurs quand ils ont une décision importante familiale à prendre, ils provoquent un conseil familial dans lequel tout membre adulte (masculin et féminin) peut s’exprimer et ils débattent jusqu’à ce qu’une solution qui satisfasse l’ensemble du groupe soit prise.

Cette grande ouverture sexuelle des Mosos a eu quand même tendance à se restreindre ces dernières années, puisque maintenant, il est conseillé aux jeunes de toujours terminer une relation avant d’en commencer une autre et d’éviter d’en cumuler en même temps. Le père biologique n’est pas interdit de voir ses enfants, mais il n’en n’a pas en charge la part matérielle et éducationnelle. de fait, les frères, qui éduquent considèrent que les enfants de leurs soeurs sont plus important que leur progéniture biologique car c’est là qu’ils s’investissent.

Ce qui n’empêche que les Mosos ont toutefois une distribution très genrée des tâches : aux hommes le commerce avec l’extérieur et les travaux difficiles aux champs, aux femmes, les petits travaux des champs et la gestion de la maison.

Inutile de dire que ce mode de vie est en train de s’évanouir lentement mais sûrement, menacé d’une part par le tourisme, par le fait que de plus en plus, les enfants veulent aller travailler en ville, pour gagner plus d’argent qu’à la campagne avec moins de travaux pénibles physiquement, et d’autre part par les chinois qui demandent instamment aux Mosos de rentrer dans le rang, sous peine de leur sucrer toutes allocs, si les pères biologiques des enfants ne sont pas nommés officiellement et estampillés administration chinoise.

Il est intéressant de constater que, par le biais de la technique avancée en biologie, nous sommes confrontés de nouveau à une problématique matrilinéaire/patrilinéaire. En effet, la génération des enfants qui est née d’une insémination artificielle (donc le père biologique, n’est pas le père éducateur) est maintenant adulte, et beaucoup d’entre eux (c’était à prévoir, en particulier quand tout leur environnement culturel est basé sur la connaissance des deux branches ascendantes), ne vivent pas bien du tout, le fait d’avoir toute une partie de leur arbre généalogique "aveugle". Pas mal d’entre eux se sont constitués en groupes solidaires afin de retrouver leurs pères biologiques, non pour leur demander d’assumer une fonction paternelle, mais pour mettre un nom, un visage, une région... sur cette branche masculine...bref, constituer un arbre généalogique, somme toutes. Ils utilisent aussi les tests adn type my heritage, dans ce sens . Donc notre société actuelle, pourtant à dominante patriarcale, a recrée les conditions d’une forme de statut matrilinéaire biologique pour ceux-là.

A noter que les suédois et les norvégiens, eux, n’empêchent pas l’accès aux données informationnelles des géniteurs masculins, aux enfants nés par insémination artificielle.

Probablement que les sociétés du néolithique avaient des points communs dans le mode de vie avec les mosos...ainsi le fait qu’on puisse confier les affaires familiales aussi bien à la fille aînée qu’au fils âiné, depuis toujours, au pays basque (indifféremment) serait une résurgence très lointaine de cette époque là, c’est à dire une époque où la société n’était pas encore structurée de façon patriarcale. Chez les Mosos, par exemple, c’est la fille aînée qui devient la matriarche de la maison, et le fils aînée (son frère) qui devient également l’homme qui a en charge une partie de l’éducation des enfants et des affaires falmiliales extérieures.

Dans les faits, les femmes mosos, parce qu’ayant beaucoup de responsabilités (en particulier les matriarches) travaillent beaucoup et dur. Les hommes sont sensés travailler tout autant. Mais comme le disait une femme Moso "quand il y a beaucoup de femmes dans une famille, les hommes ont tendance à travailler moins".

Les Mosos ont probablement été protégés des conquêtes, parce qu’ils vivent dans une région reculée, relativement en altitude, mais on peut imaginer ce que peut donner un schéma où une société basée sur l’harmonie relationnelle rencontre une autre société basée sur la conquête... Aujourd’hui la menace qui pèse sur la culture moso, n’est plus guerrière au sens littéral, mais économique et mondiale.

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