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Le matriarcat, ses causes et sa fin sous les coups de la guerre sociale

30 septembre 2013, 18:57, par Robert Paris

Alain Daniélou dans « Histoire de l’Inde » écrit :

« Le régime social des anciennes populations de l’Inde est le matriarcat. C’est la vieille femme qui commande et gouverne. Nous retrouvons ce type d’organisation dans certaines cultures évoluées comme celle du Kerala au sud de l’Inde. La polyandrie, très répandue, découle du système matriarcal ; soit qu’elle prenne la forme d’un libre choix, soit que la femme épouse un homme et ses frères (comme c’est le cas chez les Khasa). Cette forme de polyandrie est commune également au Tibet. Elle est mentionnée dans le grand poème épique, le Mahãbhãrala, dont les principaux héros sont cinq frères, les Pãndavas, et leur épouse commune Draupadi. Bien que les Pãndavas appartiennent probablement à une deuxième couche de civilisation, la civilisation dravidienne, on peut y voir l’influence, comme c’est toujours le cas, de la plus ancienne culture du pays sur les institutions des civilisations ultérieures. Nous pouvons retrouver de telles survivances jusque dans les civilisations les plus modernes de l’Europe et de l’Asie. Ces premiers habitants dont il existe encore des survivants non assimilés dans l’Inde parlaient et parlent encore des langues munda… Ils sont directement apparentés aux plus anciennes couches de la population de la Birmanie, de la Malaisie, de l’Indochine, aux Vãddas de Ceylan, aux Talas des Célèbes, aux Batins de Sumatra, ainsi qu’aux anciennes populations d’Australie. Le groupe des langues munda est le plus largement diffusé sur la terre. On en retrouve la trace, de l’ïle de Pâques, près des côtes de l’Amérique du sud à l’est, jusqu’à Madagascar à l’ouest, et de la Nouvelle Zélande au sud jusqu’au Panjab au nord…. Les groupes ethniques qui, dans l’Inde, ont maintenu les caractères sociaux de ces anciens peuples et les langues munda sont nombreux. Les principaux sont les Santals, qui sont environ aujourd’hui trois millions, puis les Gonds, les Bhils…et les populations de l’Inde centrale, enfin les populations de l’île de Nicobar dans le golfe du Bengale, et les Khasis de l’Assam.

Les langues munda… ne font pas de distinction entre le masculin et le féminin…
Cette civilisation indienne a été suivie de celle des dravidiens (civilisation dite de l’Indus). Les femmes occupaient une place importante dans la société dravidienne et particulièrement activement à la vie littéraire et artistique. Le système matriarcal, où toute la propriété familiale appartient à la femme, et où c’est la fille qui hérite de la mère, reste encore aujourd’hui le système pratiqué au Kerala. Même dans les familles royales, le trône passe de mère en fille, et le roi n’est qu’un consort. Cette pratique est considérée comme la seule manière efficace d’assurer la transmission du sang royal. Selon l’ancien dicton indien, « Quand un père dit, voici mon fils, c’est la foi ; quand une mère le dit, c’est la connaissance. » ; or les institutions sociales doivent reposer sur des réalités et non sur des croyances. »

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