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Révolutions de la Grèce antique

3 juillet 2017, 09:20

La réalité est partout la même : un accaparement de nombreuses et meilleures terres par l’aristocratie et les riches, un accroissement de l’esclavage.

Dans le même temps, artisans et marchands représentent une part de plus en plus importante de la population urbaine. Pour l’exploitation minière comme dans le travail agricole et artisanal, l’emploi d’esclaves pris en Thrace ou en Asie mineure se développe.

A partir du milieu du 7ème siècle, de nombreux mouvements sociaux, de fréquentes révolutions éclatent dans les villes grecques, particulièrement les plus prospères grâce au développement d’une économie marchande. Ceci dit, la base sociale générale de ces luttes, c’est la petite paysannerie libre.

En 658, à Corinthe, la plus riche des polis archaïque, Kypsélos chasse le roi Patrocleidès (membre de l’aristocratie des Bacchiades). Il bénéficie pour cela d’un large soutien populaire parmi les paysans pauvres endettés mais aussi de petits artisans et commerçants.

Il prend le titre de roi mais gouverne en faveur des couches populaires, met en place un embryon d’Etat avec une sorte d’impôt sur le revenu d’environ 10%, crée une monnaie corinthienne et fonde des colonies comptoirs commerciaux dans l’Adriatique (Leucate, Anactorion et Ambracie). Les auteurs anciens tiennent Kypsélos pour des meilleurs et des plus sages dirigeants politiques de la Grèce.

Périandre, son fils qui lui succède en 627, a laissé un souvenir plus contrasté ; s’appuyant sur la plèbe, il casse toute velléité nobiliaire de reprendre le pouvoir et accentue la politique anti-aristocratique ; ses décisions comme l’interdiction d’acquérir un esclave et des mesures contre la prostitution laissent place à bien des supputations. De 658 à 585, Corinthe connaît une période florissante marquée en particulier par le développement de son commerce et de ses colonies.

Sicyone (près de Corinthe, dans une riche vallée) connaît également son apogée durant la période des "tyrans" s’appuyant sur le peuple.

Le premier d’entre eux se nomme Orthagoras, un chef militaire d’origine humble d’après les textes.

Le plus connu de ses dirigeants fut Clisthène de Sycione (au pouvoir de 601 à 570) qui résolut la crise agraire en partageant les terres entre les paysans et adopta une orientation plus favorable au peuple qu’Orthagoras qu’il renversa. Les écrivains grecs nous ont fourni d’autant plus d’informations sur ce Clysthène de Sycione qu’il est le grand-père de Clisthène l’Athénien (initiateur du régime démocratique de cette grande cité) et l’arrière grand père de Périclès, encore plus connu. Il s’est peut-être appuyé sur des populations d’origine locale opprimées par les conquérants doriens. Sa révolution politique s’accompagna d’une révolution culturelle rejetant l’ancienne religion et lui substituant celle d’un dieu maudit : Dyonisos. Il mena par ailleurs une guerre politique, psychologique et parfois militaire contre la ville d’Argos qui avait des prétentions hégémoniques dans ce secteur de la Grèce. Nous savons par Hérodote que les jeunes nobles de toutes les cités "fiers d’eux-mêmes et de leur patrie se présentèrent comme prétendants".

Athènes connaît, comme les autres, de graves problèmes sociaux durant la seconde moitié du VIIème siècle et début du VIème. Ils prennent particulièrement la forme d’une crise agraire car la grande majorité des paysans a un statut de demi-serf, symbolisé par des bornes territoriales et doit remettre une partie importante de la récolte aux mains des puissants de la cité, grands propriétaires. L’esclavage pour dette les guette en permanence.

Les réformes importantes surviennent généralement durant les périodes révolutionnaires car les classes dominantes essaient ainsi d’éviter une confrontation plus dure.

Solon, archonte de la ville et premier dirigeant politique athénien à s’être attaqué aux inégalités du monde agricole, est passé à la postérité. Il supprima l’esclavage pour dettes et fit disparaître toutes les bornes qui concrétisaient l’état de dépendance des agriculteurs vis à vis de leurs maîtres. Ceci dit, il ne peut être classé parmi les tyrans car il ne procéda à aucun partage de terre, ne toucha pas au vote censitaire qui maintenait la propriété du pouvoir politique au sein des classes riches, n’ouvrit même pas les magistratures aux nouvelles classes sociales issues du développement économique (artisans, commerçants...). Il ne fait pas de doute que Solon essaya de trouver un compromis viable mais mécontenta ainsi les riches furieux de perdre des privilèges et les pauvres qui restaient pauvres et marginalisés politiquement.

D’ailleurs, de -582 à -580, Athènes connut une période caractérisée dans les textes contemporains d’anarchiai, période si troublée, si tendue, qu’aucune élection ne put être organisée.

Or, cette paysannerie constitue le coeur de la mutation militaire en cours. La guerre de l’époque archaïque valorisait le noble combattant à cheval ou sur son char. A présent, le soldat type est un hoplite armé d’un bouclier et d’une lance, portant une cuirasse, intégré dans une cohorte. Les nombreux petits paysans armés en hoplite deviennent le facteur décisif des batailles.

Des écrits nous apprennent que fréquemment, des chefs militaires de ces cohortes, avancent des programmes égalitaires pour résoudre la crise agraire puis se font porter au pouvoir à la tête du peuple.

Jacques Serieys

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