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La discontinuité de la vie : de la création d’espèces à la création de l’homme et à la création humaine

22 juillet 2010, 21:12, par Robert Paris

La discontinuité des civilisations
On a souvent prétendu que la civilisation avait suivi un cours régulier depuis les Pharaons d’Egypte à la Grèce et jusqu’aux sociétés occidentales. Une belle bêtise ! Comme s’il y avait une seule civilisation d’Egypte, une seule de Grèce et une continuité entre elles… Parler de civilisation grecque est déjà une ineptie ou encore de civilisation d’Inde ou de Chine. Il n’y a que des traces discontinues de civilisation et non une continuité. Il faudrait au contraire parler des multiples civilisations grecques sans lien entre elles, des multiples civilisations chinoises ou d’Inde, des multiples civilisations d’Amérique latine et même des multiples civilisations du Pérou, sans continuité entre elles, ni sur le plan culturel, ni sur le plan social, ni sur le plan politique, ni sur le plan religieux, etc...
La civilisation grecque minoenne (de Crête) n’est pas celle du continent, à la même époque, qui ne sont encore pas la Grèce mycénienne, ni athénienne ou spartiate, sans parler de l’empire grec… L’inde de la civilisation du l’Indus n’a rien de commun avec la civilisation de l’Inde du gange. Ce n’est pas le même peuple, ni la même société, ni la même époque, ni la même culture, ni rien… Tant pis pour les grands admirateurs de l’Inde éternelle : elle n’existe que dans leur imagination ! L’Inde n’est pas née dans le pays des Aryens et du Veda, du brahmanisme, du bouddhisme. Elle existait bien avant et cette existence ancienne n’a pas influencé l’Inde dont on vient de parler. Mehrgarh a une culture qui date du huitième millénaire avant J.-C. alors que les Aryens n’apparaissent qu’au deuxième millénaire sur une tout autre ère géographique et sans influence réciproque…
En Amérique, il en va de même. Au Pérou, Chavin n’est pas Nazca et Mohica n’est pas Lambayeque, ni Incas. On ne peut pas parler de civilisation indienne, ni d’Amérique centrale, ni même du Pérou.
Parler de civilisation de la Mésopotamie n’a pas davantage de sens. Pourquoi « une » civilisation ? Il y en a de multiples qui ne sont pas du alignées, se succédant de manière continue, ni héritant les unes des autres, dans une progression régulière, ni fusionnant pour donner une nouvelle société. Les civilisations mésopotamiennes sont des tentatives successives, indépendantes, qui ont surtout fini dans l’oubli. Ni la civilisation, ni la culture, ni le mode de vie, ni le mode de production, ni l’artisanat ne sont les mêmes. En termes de civilisation, Sumer n’est pas Akkad, ni Jarmo n’est Samarra, ni Obeid n’est Ourouk. Ces civilisations ne se suivent pas en ligne directe, comme héritiers, ni comme destructeurs. Ce n’est que rarement que la société suivante a détruit la société précédente. Généralement, la civilisation s’est détruite elle-même ayant atteint ses limites et démolie par ses forces contradictoires internes.
La civilisation n’est pas un processus de montée des marches, chaque pas menant au suivant et le marcheur ne quittant que pour passer à l’étape suivante. Elle est segmentée, émergente, discontinue, aussi abrupte dans ses débuts fulgurants que dans ses fins étonnantes et cassantes.

Bien des marxistes ou se prenant pur tels ont compris que le marxisme concevait l’histoire comme une succession de sociétés plus progressistes les unes que les autres du type à la société sans classe et sans Etat a succédé la société avec classes et sans Etat puis la société avec classes et avec Etat. Une société ne disparaissant que pour laisser place à une société de niveau d’organisation sociale et de mode de production supérieure. C’est faux. Marx n’a pas dit cela. Dans les premières lignes du « Manifeste communiste » il écrit :
« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. »
Cela signifie que des sociétés ont parfaitement pu s’écrouler sous le poids de leurs luttes internes sans donner naissance à une société nouvelle. Telle est l’origine des civilisations disparues qui étonnent le monde.

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