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Algérie, Maroc, Egypte, Syrie, Yémen et Tunisie : la révolution n’a connu encore que sa première phase

29 mai 2011, 16:27, par Ahmed

C’est une attaque frontale contre l’employeur que le syndicat de l’entreprise ArcelorMittal, mené par Smaïl Kouadria, le secrétaire général, et le comité de participation, que préside Boudjema Bouraï, ont lancée.
Les propos contenus dans la correspondance où se mêlent interrogations et affirmations sont d’une extrême gravité. Des propos qui interviennent après le retour triomphal d’Alger des représentants des travailleurs après leur entrevue avec le ministre de l’Industrie, de la Promotion des investissements et de la PME. Dans leurs bagages, les syndicalistes avaient ramené l’accord pour la mise en route du plan d’investissement soumis il y a plusieurs mois aux autorités algériennes par Vincent le Gouïc, directeur général ArcelorMittal Annaba. Ils avaient également ramené l’accord de financement de ce même plan d’un montant de 500 millions d’euros par les banques algériennes. Dans leurs déclarations faites à la presse, les syndicalistes étaient très optimistes quand au développement des activités de leur société, notamment en ce qui concerne l’augmentation du niveau de production des installations du complexe sidérurgique d’El-Hadjar. Cet optimisme intervenait quelques jours avant que ne soient entamées les négociations syndicat-employeur sur l’augmentation des salaires. Mais voilà qu’un désaccord a surgi entre les deux parties à la suite de la proposition qualifiée d’humiliante pour les travailleurs avancée par l’employeur. Il s’agissait d’une augmentation des salaires étalée sur 3 années à raison de 8%/an dont 4% conditionnés par l’atteinte des objectifs. A partir de là, et sans que les négociations ne soient rompues, s’est produit la cassure. Moins de 48 heures après, le syndicat très en colère de voir ses propositions d’augmentation de salaires rejetées par la direction générale, malgré la bonne volonté des travailleurs caractérisée par l’augmentation de la production et les bons chiffres d’affaires du mois de mai, a rué dans les brancards comme il ne l’a jamais fait auparavant. C’est à boulets rouges qu’il a tiré sur l’employeur. Sa dénonciation de faits d’ordre social, managérial et futuriste, n’a d’égale que sa déception d’avoir été trompé. C’est en tous les cas l’interprétation à accorder au 1er paragraphe de la correspondance qui précise : « Dès le début du partenariat, les actionnaires étrangers ont eu pour seul et unique leitmotiv business is business alors que la partie algérienne n’a toujours pas fait avancer l’aspect socioéconomique et stratégique qu’elle accorde à cette usine et cette activité. Profitant de cet état de fait, la partie étrangère n’a pas lésiné pour faire toujours avancer des desseins mercantiles au détriment des intérêts algériens, surtout sociaux. » Cette attaque, unique en son genre depuis l’avènement d’ArcelorMittal en Algérie, porte de nombreuses autres accusations contre l’employeur. S’y mêlent la destruction du tissu industriel autour de l’usine, la mise à genoux de la TSS et les obligations de développement de l’activité non respectées malgré les avantages accordés par le gouvernement algérien sur le gaz, électricité, eau, rail et transformation de la ferraille. Mais tout cela n’est rien comparativement aux autres accusations des syndicalistes qui, tout feu tout bois, ont parlé de capitalisme outrancier appliquée en matière de politique de l’emploi et la suppression des postes de travail, l’absence d’intégration nationale dans le processus de fabrication et la baisse préméditée de la production. Les représentants des travailleurs appuient leurs affirmations par des comparaisons de production avec les usines ArcelorMittal implantées en Afrique dont celle du Maroc. « L’Algérie qui était presque le leader africain en termes de production se retrouve dix ans plus tard à la queue du peloton », ont-ils souligné. Il est également question d’engagements d’ArcelorMittal quant à atteindre les 4 à 5 millions de tonnes au bout des 5 premières années de partenariat avec le maintien de tous les ateliers de production. « Que constate-t-on aujourd’hui ? La production est pratiquement à moitié de celle d’avant le partenariat et surtout quelques ateliers ont été définitivement ou presque fermés. En résumé, l’Algérie était dans le peloton de tête en 2001 en production sidérurgique et aspirait à travers ce partenariat à le devenir encore plus dix années après. Elle se retrouve pratiquement la dernière de la classe à causes des desseins mercantiles », argumentent les syndicalistes. Situation financière aléatoire, nullité des dividendes, abandon de nombreuses filières dont celle de l’acier électrique, vente à perte des produits auraient, selon les termes de la correspondances, servi au partenaire étranger à démontrer que le complexe avait besoin d’investissement qu’il veut imposer à la partie algérienne. L’autre dossier dénoncé concerne l’appel aux expatriés qui coûteraient, en termes de salaires et autres prises en charge, excessivement chers pour des responsabilités que les cadres algériens sont en mesure d’assumer. Pour les signataires du document syndical accusateur, après l’incompétence du staff indien, celle du staff français ne laisse planer aucun doute. « Non seulement ces expatriés sont ramenés à Annaba avec à la charge de l’usine leur gîte et leur couvert, le paiement un week-end sur deux d’un séjour en France, y compris le paiement d’une voiture de location, mais il y aussi les salaires. Un expatrié coûte environ 2 millions DA par mois et ne travaille jamais le week-end », est il précisé. C’est dire qu’avec cette violente sortie des syndicalistes, le dossier ArcelorMittal a pris des contours insoupçonnés. Ce qui laisse croire que le bras de fer est déjà engagé et que le 28 mai, date de déclenchement de la grève générale illimitée, s’annonce très chaud. « Ce jour-là, nous aurons d’autres révélations », a affirmé le secrétaire général du syndicat ArcelorMittal pour ponctuer la conférence de presse qu’il a animée hier. A. Djabali

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