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Soixante ans de luttes de classe en France

10 avril 2010, 15:47, par marek

Sur la grève renault 1947
C’est la véritable lutte pour le minimum vital qu’entament les travailleurs de chez Renault
qui décident la grève pour arracher LES 10 FRANCS DE L’HEURE

Les représentants de la C.G.T. ont abandonné toute défense des travailleurs devant l’offensive patronale dirigée contre leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie.

Même les travailleurs dont le salaire a été officiellement reconnu comme "anormalement bas" sont obligés de recourir à l’action directe pour obtenir l’augmentation de quelques francs qui leur a été, en principe, accordée ; c’est ce qui se passe pour les ouvriers blanchisseurs qui ont été obligés de faire grève pour une augmentation de 15% (leur salaire variant de 29,70 frs. à 33 francs).

Mais l’ensemble des travailleurs ayant constaté que la "baisse des prix" n’était qu’une autre duperie pour les détourner de leurs justes revendications, restent prêts à entrer en lutte directe par l’action gréviste qui seule leur permettrait d’arracher la garantie d’un salaire minimum vital sans lequel ils sont réduits à la misère.

Alors que le salaire des ouvriers ne leur permet même pas d’entretenir décemment leur force de travail et que le faible pouvoir d’achat des masses provoque la raréfaction des denrées de consommation (comme la crise du blé), le patronat, fort de la capitulation de la C.G.T. en ce qui concerne le relèvement général des salaires (minimum vital), poursuit, par l’intensification du rendement, son offensive pour l’abaissement des salaires au-dessous de leur niveau actuel. Comme nous l’avons montré dans l’article "IL N’Y A PAS DE TREVE" (dernier numéro de La Lutte), en prenant l’exemple de l’usine Renault.

Mais l’offensive patronale n’est pas restée sans riposte ouvrière. Depuis plusieurs semaines, des grèves partielles éclataient dans l’usine (entretien, modelage-fonderie – une semaine de grève), artillerie (revendications équivalant à la suppression du travail au rendement). Le 23 avril, au département 6, les mille ouvriers environ du secteur Collas ont décidé à l’unanimité moins 36 voix, de se mettre en grève pour LES DIX FRANCS DE L’HEURE, qui correspondent à la revendication mise en avant par la C.G.T. pour le "minimum vital" et abandonnée par elle (le relèvement général des salaires au niveau du minimum vital revendiqué par la C.G.T. se serait traduit par une augmentation de 10 francs de l’heure pour les ouvriers de la métallurgie sur la base du salaire actuel).

L’importance toute particulière de ce mouvement est dans le fait que les travailleurs de ce département, tirant la leçon de l’expérience faite par les autres secteurs, ont donné comme but à leur action une revendication générale et commune à tous les ouvriers, qu’ils sont passés outre à toute revendication particulière à leur propre département, qu’ils ont délibérément désigné leur lutte comme faisant partie de la lutte de l’ensemble de la classe ouvrière pour sa revendication légitime et indispensable du mi-nimum vital.

La deuxième leçon que les travailleurs de ce département ont tirée de l’expérience de l’ensemble de leurs camarades de chez Renault, c’est la nécessité, pour les ouvriers, d’imposer leur volonté. Et cela face à ceux qui se disent leurs dirigeants, même quand ils trahissent la lutte et les intérêts ouvriers, comme le font les dirigeants actuels de la C.G.T. Les travailleurs du secteur Collas, réunis en Assemblée générale de tous les ouvriers pour décider de l’action à entreprendre, ont élu, à cet effet, dans leur sein, un Comité de Grève, c’est-à-dire qu’en fait, ils sont passés par-dessus la tête de la direction syndicale ! Ils ont ainsi prouvé que l’action de classe organisée peut être menée même quand certains dirigeants l’abandonnent. Car, des rangs mêmes de la classe ouvrière, surgissent de nouveaux éléments dévoués, énergiques et intelligents ; de son propre sein, des travailleurs, qui, autrefois, ont mené l’action gréviste et la lutte ouvrière, et que la succession des trahisons des organisations officielles avaient même rejetés hors de la C.G.T., reviennent à la lutte sous l’impulsion de la volonté ouvrière. Il est certain, et les ouvriers du secteur Collas le savent comme nous, qu’une semblable lutte ne peut aboutir dans le cadre d’un mouvement d’un seul secteur même d’une grande usine. Il faut que l’action gréviste décidée par les camarades de chez Renault s’étende aux autres secteurs de l’usine qui ont déjà soutenu récemment des mouvements isolés, et à l’ensemble de l’usine, qui, en raison de son importance, doit donner le départ de l’action ouvrière généralisée. La classe ouvrière sera victorieuse en renouant avec la tradition de juin 1936. Mais que cette généralisation de la lutte se fasse actuellement ou que les efforts de dirigeants pourris réussissent encore à la contrecarrer, les travailleurs du secteur Collas, en entrant en lutte à l’avant-garde pour la défense d’une revendication commune à tous les travailleurs et décidés à la faire aboutir, ont relevé le véritable drapeau de la lutte ouvrière, de l’initiative, du courage et de la solidarité prolétariennes.

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