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La révolte du monde arabe est-elle une révolution démocratique bourgeoise ?

16 décembre 2016, 08:03

Alors que presque tous les intellectuels d’Orient ou d’Occident ont accueilli avec bonne humeur les «  révoltes arabes  », une bonne part des intellectuels et universitaires algériens ont eu un hochement de tête dubitatif, qualifiant cette saison historique de printemps «  gris  » ou de «  pseudo printemps  », et les révoltes arabes de «  pseudo révolutions  », de révolutions «  douteuses  » ou «  minuscules  ». Cet avis, dont on ne saurait dire s’il est majoritaire ou minoritaire dans le sens commun algérien, est néanmoins partagé par de larges couches sociales, en particulier celle des lettrés et plus généralement par la classe moyenne, émergée au début des années 2000 grâce à l’envolée des prix des hydrocarbures. Beaucoup ont mis cela sur le compte de la guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie, une décennie durant, après l’arrêt du processus électoral des législatives remportées par le parti du Front islamique du Salut (FIS) en janvier 1992. En effet, entre 1992 et 2002, plusieurs intellectuels, universitaires, journalistes algériens, âgés pour la plupart d’une cinquantaine d’années, furent assassinés, chez eux ou dans leur quartier. Les sociologues furent parmi ceux qui payèrent l’un des plus lourds tributs au terrorisme. Nombreux furent ceux contraint à l’exil, en France notamment, où ils reçurent accueil et soutien. Le sens commun algérien, bien que feignant de condamner «  les violences d’où qu’elles viennent  », du pouvoir ou de l’opposition islamiste, semblent avoir été plus réceptifs aux partisans de la plate-forme de Rome6 qui, en coulisse, attribuaient à l’armée algérienne l’essentiel des actes terroristes commis contre les civils. Ajoutons à cela que les États voisins de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie en particulier, ont vécu le drame algérien dans un mélange de crainte et de soulagement : crainte de voir le brasier algérien sauter les frontières, mais soulagement de constater que l’épisode démocratique qui risquait de déstabiliser ces pays, se clôturait dans le sang. À part le célèbre romancier Rachid Mimouni, on ne connaît pas d’autres noms d’universitaires ou d’intellectuels algériens réfugiés au Maroc, et selon quelques témoignages de sociologues algériens, la Tunisie n’était pas spécialement une terre d’accueil.

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