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Proudhon et la révolution

6 mars 2018, 07:49

C’est pourquoi Marx pouvait, dans le Manifeste communiste, classer Proudhon dans la catégorie du socialisme conservateur ou bourgeois :

« Les socialistes bourgeois veulent les conditions de la société moderne sans les luttes et les dangers qui en découlent nécessairement ; ils veulent la société actuelle après élimination des éléments qui la révolutionnent et la désagrègent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. »

Et sous une farine “ moins systématique et plus pratique ”, ils s’efforcent

« de dégoûter la classe ouvrière de tout mouvement révolutionnaire, en lui démontrant que ce qui peut lui profiter, ce n’est pas tel ou tel changement politique, mais uniquement un changement des conditions matérielles d’existence, des conditions économiques. Mais par changement des conditions matérielles de l’existence, ce socialisme n’entend pas du tout l’abolition des conditions bourgeoises de production, abolition qui n’est réalisable que par la voie révolutionnaire, mais des réformes administratives qui s’accomplissent dans le cadre de ces conditions de production, qui ne modifient donc en rien le rapport du capital et du travail salarié, mais, en mettant les choses au mieux, diminuent pour la bourgeoisie les frais de gouvernement et simplifient la gestion économique. »

Proudhon écrivait à Marx le 17 mai 1846 :

« J’ai aussi à vous faire quelques observations sur ce mot de votre lettre : au moment de l’action. Peut-être, conservez-vous encore l’opinion qu’aucune réforme n’est actuellement possible sans un coup de main, sans ce qu’on appelait jadis une révolution, et qui n’est tout bonnement qu’une secousse. Cette opinion que je conçois, que j’excuse, que je discuterais volontiers, l’ayant moi-même longtemps partagée, je vous avoue que mes dernières études m’en ont fait complètement revenir. Je crois que nous n’avons pas besoin de cela pour réussir ; et qu’en conséquence, nous ne devons point poser l’action révolutionnaire comme moyen de réforme sociale, parce que ce prétendu moyen serait tout simplement un appel à la force, à l’arbitraire, bref une contradiction. Je me pose ainsi le problème : faire rentrer dans la société, par une combinaison économique, les richesses qui sont sorties de la société par une autre combinaison économique... Or, je crois savoir le moyen de résoudre à court délai ce problème. »

Et dans Philosophie de la Misère, Proudhon écrivait :

« Les grèves suivies d’augmentation de salaires aboutissent à un renchérissement général, à une disette même, »

Et il rajoutait :

« La grève des ouvriers est illégale, et ce n’est pas seulement le Code pénal qui dit cela, c’est le système économique, c’est la nécessité de l’ordre établi... Que chaque ouvrier individuellement ait la libre disposition de sa personne et de ses bras, cela peut se tolérer : mais que les ouvriers entreprennent par des coalitions de faire violence au monopole, c’est ce que la société ne peut permettre. »

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